La “fin de l’Histoire” ? Non, “du libéralisme”

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La “fin de l’Histoire” ? Non, “du libéralisme”

• Encore quelques mots de Fukuyama, sur un ton navré. • Pour lui, non seulement Trump attaque à mort le néolibéralisme et le libéralisme Woke, mais « il représente également une menace sérieuse pour le libéralisme classique lui-même. » • Un texte de Laurent Duggan.

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Pendant que Biden n’en finit pas de finir son mandat, et les pays européen de paniquer grandement en criant à la Guerre Mondiale (la troisième) qu’ils ont tant appelée de leurs vœux, ici grâce à l’aide de leurs alliés US qui ont aimablement fourni des missiles ATACM à l’Ukraine pour permettre une démonstration de défense antiaérienne à la Russie, – pendant ce temps, le ‘gourou’ de la fin de la Guerre Froide et de la victoire éternelle de la démocratie ultra-libérale n’en finit pas, lui, de découvrir et de décrire avec attention et presque une sorte de tristesse attendrie ses revers et ses défaites. L’on parle ici, à part Biden-président et ses divers acolytes européens, de Francis Fukuyama, déjà récemment rappelé au service au hasard d’une de nos pages.

Cette fois, Fukuyama annonce que la victoire éclatante de Donald Trump annonce une défaite tout aussi éclatante, non pas seulement du néolibéralisme et libéralisme-Woke, mais peut-être même du libéralisme tout court, dit aussi “libéralisme classique”. 

« Donald Trump ne veut pas seulement faire reculer le néolibéralisme et le libéralisme woke, il représente également une menace sérieuse pour le libéralisme classique lui-même. »

Fukuyama continue à glorifier le libéralisme total qu’il glorifiait en 1989, le chargeant de l’accomplissement d’avantages divers et parfois étranges comme lorsqu’il précise dans une phrase, en quelques mots, ce qu’est pour lui la “prospérité” apportée par ce système, – à la fois une prospérité grandissante “pour les riches” et une “destruction contrôlée” par tous les moyens pour la classe ouvrière qu’il (le libéralisme) semblait pourtant avoir séduite selon Fukuyama et ses pairs... D’où cette surprise bien compréhensible de voir la susdite “classe ouvrière” effectivement, et à l’instigation notamment de Trump pour la période, se détourner du libéralisme.

« Depuis les années 1980, selon l'article de Fukuyama, l'économie de marché a conduit à la prospérité, en particulier pour les riches, tout en sapant la position de la classe ouvrière et en renforçant les puissances industrielles en dehors de l'Occident. Pendant ce temps, les politiciens de gauche ont remplacé leur traditionnelle préoccupation pour la classe ouvrière par un intérêt accentué sur “un éventail plus étroit de groupes marginalisés : minorités raciales, immigrés, minorités sexuelles et autres”. »

Il est étonnant de voir comment et combien ceux qui ont tout fait pour créer une sorte de Frankenstein de la vie courante pour écraser et ‘canceler’ le commun des gens courants, des braves jusqu’aux imbéciles, par des moyens divers et extrêmement identifiables, s’étonnent de voir, sans avoir rien vu venir, tous ces moyens “extrêmement identifiables” détruits par ces mêmes “gens courants”. On observe les effets catastrophiques de ce qu’on a institué et on découvre que ceux qui les subissent n’en veulent pas et finissent par se révolter, par les repousser sinon par les détruire par tous les moyens jusqu’aux plus radicaux.

Il y a une espèce de petite musique attristée et comme saisie par l’incompréhension, dans les propos que Fukuyama continue à vouloir dérouler sur un ton très objectif. Tout se passe comme si le “spectateur objectif”, – l’inverse du “spectateur engagé” à la Raymond Aron, – s’interrogeait gravement quoiqu’avec le plus grand calme : “Comme cela se peut-il ? C’était une mécanique parfaite destinée à détruire leurs conditions malheureuses, et eux avec s’ils ne suivaient pas, et les voilà qui rechignent jusqu’à nous refaire juillet 1789 sans qu’on ne leur ait rien demandé, ni surtout rien autorisé dans ce sens”.

Donc, rien de nouveau dans cette sortie extrêmement contrôlée de Fukuyama, avec cette gravité policée qui accompagne les grands enterrements solennels, sinon la confirmation de la marche des choses poussée par des forces extra-humaines qui nous dépassent bien heureusement. Dans ce cas, et cela dit hors de toute passion, Fukuyama représente parfaitement l’attitudes des élites-Système découvrant et contemplant le monstre qu’elles ont elles-mêmes créé, découpé en mille morceaux par une foule cherchant des matériaux divers pour pouvoir le lapider dans les formes, – lui, le monstre et ses restes.

 D’où ce texte de Laurent Duggan, venu de ‘telegra.ph’ et présenté par ‘euro-synergies.hautefort.com’. Le titre original se lit ainsi :

« Francis Fukuyama: la victoire de Trump marque un «rejet décisif» du libéralisme. »

dde.org

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Pour Fukuyama, Trump est décisif

Selon Francis Fukuyama, spécialiste des relations internationales, la victoire de Donald Trump, cette semaine, montre que le libéralisme classique est en déclin.

Cette élection « représente un rejet décisif par les électeurs américains du libéralisme et de la manière particulière dont la notion de “société libre” a évolué depuis les années 1980 », écrit le politologue dans le Financial Times d'il y a quelques jours. « Donald Trump ne veut pas seulement faire reculer le néolibéralisme et le libéralisme woke, il représente également une menace sérieuse pour le libéralisme classique lui-même. »

Fukuyama est surtout connu pour son ouvrage de 1992 intitulé « La fin de l'histoire et le dernier homme », dans lequel il affirme que la victoire de la démocratie libérale sur le communisme a mis fin aux conflits sur les modèles de civilisation et que le libéralisme occidental sera la dernière forme de gouvernement dans le monde. Les attentats du 11 septembre et les guerres qui ont suivi au Moyen-Orient ont suscité de nouvelles critiques à l'égard des idées de Fukuyama, tout comme la montée du populisme en Occident au cours de la dernière décennie.

L'intellectuel bien connu est un critique de longue date de Trump et, en 2016, il a averti que les États-Unis traversaient « l'une des crises politiques les plus graves que j'ai connues dans ma vie », citant la volonté de Trump d'enfreindre les règles institutionnelles. La première victoire électorale de Trump en 2016 semblait être « une aberration par rapport à la norme » et cette impression semblait avoir été confirmée par sa défaite en 2020, selon le nouvel essai de Fukuyama. Toutefois, le fait que le peuple américain ait de nouveau voté pour lui, « pleinement conscient de qui était Trump et de ce qu'il représentait », a montré que le cours de l'histoire était de nouveau en train de changer, affirme-t-il.

Dans un article pour le FT, Fukuyama a suggéré que l'ancien statu quo cédait la place à « une nouvelle ère dans la politique américaine et peut-être dans le monde en général ». Fukuyama attribue ce phénomène principalement à la réaction négative de la classe ouvrière face aux politiques néolibérales.

Depuis les années 1980, selon l'article de Fukuyama, l'économie de marché a conduit à la prospérité, en particulier pour les riches, tout en sapant la position de la classe ouvrière et en renforçant les puissances industrielles en dehors de l'Occident. Pendant ce temps, les politiciens de gauche ont remplacé leur traditionnelle préoccupation pour la classe ouvrière par un intérêt accentué sur « un éventail plus étroit de groupes marginalisés : minorités raciales, immigrés, minorités sexuelles et autres ».

L'abandon du libéralisme a déjà un impact sur les deux grands partis américains. Les bons résultats de Trump parmi la classe ouvrière, y compris les électeurs masculins non blancs qui avaient historiquement favorisé les démocrates, ont fait réfléchir le parti de centre-gauche qui, selon des critiques internes, doit se concentrer sur le populisme économique et s'éloigner du progressisme social. Même au cours des derniers mois de la campagne, Kamala Harris et Joe Biden ont pris leurs distances par rapport aux questions du transgendérisme et de la politique identitaire, alors même que les démocrates n'ont pas réussi à remporter un seul vote compétitif. Les deux partis ont également commencé à rejeter les politiques libérales en matière d'immigration, alors que les électeurs américains penchent de plus en plus pour la fermeture des frontières et les déportations de grande ampleur.

Trump lui-même a joué sur la méfiance croissante du public à l'égard des marchés libres et des institutions gouvernementales, en promettant de vastes tarifs douaniers et une révision du pouvoir exécutif. ‘La victoire massive des Républicains”, affirme aujourd'hui Fukuyama, “sera interprétée comme un mandat politique fort qui valide ces idées et permet à Trump d'agir à sa guise”.

Laurent Duggan