La démocratie mise à nu par ses Représentants

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La démocratie mise à nu par ses Représentants

Ils ne se paient pas de mots.

La formule est frappante, frappée au coin du bon sens.

Elle est crue, cruelle, à croire.

Elle est énoncée comme suit :

Pay to play.

Le parti démocrate étasunien avait porté à la connaissance de ses membres élus au Congrès la nouvelle grille de 2008 des cotisations et tarifs applicables selon le poste obtenu au sein du Congrès.

L’élu de base cotise à hauteur de 125 000 $ rehaussés de 75 000 supplémentaires.

Selon le type de commission à laquelle les congressistes siègent, les sommes dues vont de 150 000 $ avec obligation de collecter 100 000 $ de plus jusqu’à 800 000$ + 25 millions pour Nancy Pelosi qui préside la Chambre des Représentants. Rahm Emmanuel de son côté a contribué pour 800 000 $ rehaussés de 2,5 millions de dollars.

L’ordre de grandeur de ces contributions implique tout simplement que les Représentants consacrent leur temps à colliger ces sommes colossales.

En janvier 2010, la Cour Suprême des US(a) a autorisé les financements directs des campagnes électorales par des firmes privées de façon illimitée et anonyme. Avec l’aplomb de contrebandiers écoulant une marchandise frelatée, les 5 juges conservateurs prétendaient en faveur de leur décision était motivée par la primauté de la liberté d’opinion et qu’elle n’aggraverait pas le risque de corruption. De la sorte, les donateurs élaborent les textes législatifs qui leur conviennent à l’abri d’une institution politique qui ne représente que leurs intérêts.

Une étude menée au sein de l’École polytechnique de Zurich a cherché à modéliser le type relations des firmes transnationales qu’elles entretiennent entre elles. Ont été évaluées les parts détenues par chacune d’entre elles dans les toutes autres ? Elles constituent un réseau en nœud de papillon, avec une aile d’entrants dont les vecteurs sont orientés vers le noyau, le noyau lieu d’interconnections et une aile de vecteurs sortants. Les auteurs sont parvenus à mettre en évidence qu’un aussi petit nombre que 147 firmes par un ensemble de relations complexes forme une entité quasi-autonome qui contrôle les 4/10 de l’économie mondiale.

Ce niveau d’interdépendance et de connections des transnationales fragilise l’économie mondiale puisque la moindre défaillance d’un de ses éléments se trouve multipliée et répercutée dans son ensemble. Il est le reflet de l’extrême concentration des richesses entre un nombre très réduit de mains à laquelle est parvenu le Système.

La machinerie issue de l’évolution impulsée au capitalisme ces quarante dernières années animée de sa tendance à se perpétuer ne peut que laisser peu de place à l’expression du démos configuré pour consentir à convoiter et/ou absorber la marchandise qu’elle ne cesse de vouloir produire. La seule subjectivité reconnue à ce peuple est celle du consommateur à jamais insatisfait, travaillé par le prochain objet qu’il n’a pas encore, assujetti à l’esclavage de la dette.

Jusqu’ici, l’humanité est entièrement investie par cette hydre à moins de mille têtes et les petits rituels de convocation électorale là où ils ont lieu sont clairement dépourvus de toute vertu même expiatrice .Les petites et les moins petites querelles impériales auxquelles se livrent les fractions locales de la même machine servent le même principe de relaxation toute provisoire de tensions entre parties intimement liées entre elles.

La petite circulation qui expose le sang vicié chargé de CO2 aux alvéoles pour s’oxygéner butte sur le rétrécissement des ressources énergétiques limitées et inconsidérément réduites.

La grande circulation chargée d’acheminer nutriments et respiration rencontre les embols et les thromboses de l’empilement des dettes dont il devient de plus en plus évident qu’elles ne seront pas acquittées.

Il ne reste plus qu’aux 99% de constituer la Grande Diastole dans des termes qui interdiront la possibilité de toute oligarchie, celle des donateurs sont les donneurs d’ordre et les seuls rédacteurs de la Loi.

Badia Benjelloun