Israël, dangereux électron libre

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Israël, dangereux électron libre

Le Moyen-Orient est devenu ces derniers mois le plus tragique révélateur du déclin de l’hyper-puissance US. Mais c’est surtout l’arrogance israélienne vis-à-vis de ce protecteur agonisant qui nous donne la plus terrible mesure de sa faiblesse. Avec, en fin de compte, une question lancinante : qui, aujourd’hui, peut encore prétendre brider une entité sioniste à laquelle 60 ans de massacres ont fait perdre tous ses repères moraux, et dont les extrémistes au pouvoir, libérés de toutes contraintes internationales, peuvent aligner 200 ogives nucléaires ?

La chute

Cantonné à une opération de Damage Control par un Printemps arabe qui a pris de cours ses centaines de milliers d’agents et ses méga-systèmes high-tech de renseignement, Washington a montré qu’il avait définitivement perdu l’initiative dans cette région.

Ce cuisant fiasco, ajouté aux bourbiers irakien et afghan, de même qu’au ratage iranien bref, aux revers permanents essuyés par sa politique étrangère au Moyen-Orient, a dès lors achevé de dévoiler la faiblesse de l’Empire et de lui faire perdre toute crédibilité en tant qu’acteur dans cette région.

Cette crédibilité perdue s’ajoute, elle-même, a tous les autres signaux d’effondrements de la puissance américaine, qu’ils soient économiques ou politiques bien connus des lecteurs de dedefensa.

L’émancipation

Or, comme on dit, la nature a horreur du vide. Résultat : la petite entité sioniste a immédiatement pris l’ascendant sur son “protecteur”, multipliant les gestes d’arrogance et de dédain les plus effarants pour ce parrain agonisant. Au point que l’extrémiste en chef israélien a même eu droit à une série de standing ovations lors d’un discours où, devant le Congrès US, il crachait pourtant au visage de BHO-Glamour-Potus.

C’est que face à la faiblesse d’un CEO américain qui a besoin du vote juif pour prétendre à un deuxième mandat en 2012, Netanyahou joue désormais sur du velours. La corruption étant légale aux Etats-Unis en matière de politique, il sait qu’il peut s’appuyer en toute confiance sur l’efficacité des lobbies israéliens.

Et puis la faiblesse de BHO-Glamour-Potus se double fort heureusement pour lui d’une maladresse politique qui confine parfois à la bêtise. Ainsi, au lieu de laisser planer la menace d’un éventuel appui au projet palestinien de reconnaissance de leur Etat devant l’ONU en septembre prochain, notre brillant Obama s’est empressé de dire qu’il y mettrait son veto pour faire oublier son évocation d’un retour aux frontières de 1967. Ce faisant, il s’est tiré une formidable balle dans le pied en perdant son seul et unique moyen de pression contre Netanyahou. Il fallait le faire tout de même.

La menace

Aujourd’hui, l’entité sioniste est donc toute puissance, laissée la bride sur le coup par un parrain agonisant et une Europe comme toujours aux abonnés absents dans le meilleur des cas, complice dans le plus probable (jamais en effet les accords économiques entre l’UE et l’entité sioniste n’ont été plus florissants).

Alors cette question lancinante se pose donc: qui, aujourd’hui, peut encore prétendre brider une entité sioniste à laquelle 60 ans de massacres ont fait perdre tous ses repères moraux, et dont les extrémistes au pouvoir peuvent aligner 200 ogives nucléaires ? Comment, un tel pays à la fois minuscule et construit sur l’appartenance religieuse ; doté de satellites et d’une force de projection nucléaire grâce à ses sous-marins ; comment donc un tel pays a-t-il pu accéder à ce statut d’électron nucléaire absolument libre, bafouant toutes les résolutions de l’ONU en toute impunité, n’ayant finalement de compte s à rendre à personne, c'est-à-dire placé dans une position totalement inédite dans toute l’histoire des relations internationales ?

Et puis, finalement, à l’heure où l’un des buts cachés de la guerre en Afghanistan est de prendre le contrôle de la bombe pakistanaise ; à l’heure où la fameuse “communauté internationale” gesticule autour d’une bombe iranienne qui n’existe même pas : qui donc aujourd’hui peut prétendre contrôler la bombe israélienne ?

Certes, il peut paraître à certains excessif de poser la question en ces termes. C’est que la narrative du Système américano-occidentaliste, dont Israël est une excroissance, attribue à l’entité sioniste les vertus supposées de l’Occident justement, à savoir le caractère réfléchi, civilisé, moral pour faire court, dont elle serait intrinsèquement dotée. Et le vernis occidentalisé de son organisation politique renforce cette croyance. Or rien n’est plus faux. D’une part parce-que l’Occident lui-même n’est pas doté a priori de telles vertus, comme en témoignent les théâtres afghans et irakiens. Ensuite, parce que tous ceux qui ont vu l’armée israélienne en action ou, à tout le moins, ont fait la queue avec les Palestiniens à l’un ou l’autre des check-points israéliens ont été frappé d’une évidence avec la même stupéfaction : le mépris israélien pour la vie arabe est complet, total, et rend dès lors l’hypothèse de l’usage de l’arme atomique parfaitement plausible en fonction des circonstances. Donc oui, la question se pose : qui contrôle la bombe israélienne ?

L’urgence

En septembre prochain, devant l’impasse d’un processus de paix devenu grotesque, les Palestiniens n’auront donc sans doute pas d’autres choix que de soumettre la reconnaissance de leur Etat à l’ONU. Sans doute, les Etasuniens n’auront d’autres choix que d’y opposer leur éternel veto. Sans doute, une troisième intifada explosera alors, et peut-être dans une dimension inconnue à ce jour à la faveur d’un Printemps arabe qui ne demande qu’à embraser la Palestine.

A moins que, pour une fois, le roi ayant capitulé, l’Europe ne prenne ses responsabilités. Et décrète un embargo commercial total sur l’entité sioniste, embargo qui, en deux semaines, contraindrait Israël à réintégrer le concert des nations.

Oui, je sais, on peut toujours rêver.

Pierre Vaudan

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