Humour “antisémite”? Antisémitisme mâtiné d’“humour”?

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Humour “antisémite”? Antisémitisme mâtiné d’“humour”?

C’est reparti !… après le mariage des homos qui ne faisait rire personne, la réformette scolaire qui fait rire jaune les concernés, le PSG qui fêtant sa victoire sur les Champs Elysées n’a pas du tout fait rire les commerçants de la belle avenue, Leonarda qui en direct se rit de notre président poire, après les pleurnicheries comiques adressées à l’Onu pour intervenir en centre Afrique par le même président qui le lendemain manie avec humour le sabre saoudien, voici, pour pimenter le pèlerinage à la Mecque dudit président, qu’un ministre halluciné menace un humoriste nègre (il s’appelle lui-même ainsi) des foudres de la loi à cause d’une “quenelle” qui serait un salut hitlérien inversé et donc antisémite. Alors, pour calmer les excités et surtout l’excité en chef rappelons lui ce qu’est l’humour et précisément l’humour juif : «Un antisémite est quelqu’un qui hait les Juifs plus que ce qui est strictement nécessaire». La phrase est d’Isaiah Berlin, Juif qui-en-plus-est-allemand. Elle devrait réjouir tout le monde: ceux qui ne sont pas antisémites, ceux qui croient ne pas l’être, ceux qui le sont et qui s’en culpabilisent et ceux qui le sont sans complexe. Haïr les Juifs donc, n'est pas interdit, n’est même pas “antisémite”, pas plus qu’haïr les Apaches n’est antiapache. On est antisémite que si on dépasse la «stricte nécessité». En voilà une de bonne nouvelle ! Pour découvrir un vrai antisémite, il faut donc aller dans l’excès, prendre le risque de la démesure. Que faire ensuite de cet excessif? Lui interdire sa haine? Qui le pourrait? La loi? La loi n'interdit pas la haine de qui que ce soit contre qui que ce soit, elle ne remet pas en question le droit qu'a toute personne d'exprimer publiquement cette haine. Elle y met juste une condition qui ressemble à l’obscure clarté de Corneille : que l’expression de ladite haine n’incite pas à la haine et ne trouble pas l’ordre public. Dans les pays démocratiques, on est libre de former et exprimer des pensées haineuses. Ce que la loi réprouve c’est l’incitation, car elle peut provoquer des troubles. C'est le cœur de notre conception de la liberté démocratique: chacun a le droit de penser et d’exprimer ce qu'il veut. Cependant, si chacun use de cette liberté, tout le monde ne va pas pour autant crier ses opinions sur les toits, ameuter la foule pour des idées. Cette retenue s´expliquant d´ailleurs plus par la conviction que c´est du temps perdu que par la peur de la loi. Celui pourtant qui veut amener les autres à ses raisons, sait qu’il prend le risque de tomber sous le coup de la loi, qu’il risque d’être considéré comme incitateur par les pouvoirs dit pour cette raison publics: juges, police, préfets, réprimant les fauteurs de troubles souvent avec une violence plus forte que celle qui serait strictement nécessaire. Le préfet Papon par exemple en septembre 1961. Or les hommes qui sont convaincus que leurs idées sont justes, brûlent la plupart du temps de les faire partager, incitent les autres à les adopter, prennent le risque de troubler l’ordre, de défier la loi. Mais défier la loi n’est-ce pas tout autant humain qu’éprouver de la haine? Que serait une liberté dont serait défendue la manifestation? Mais qu’est-ce qu’une liberté qui en remet une autre en question? Une qui trouve contraire à la liberté qu’on incite les hommes à changer d’idées en exprimant publiquement et humoristiquement les siennes? Ça devient compliqué. Le débat on le voit est biaisé. Chacun voit midi à sa porte, chacun conteste ce qui lui déplait et ce depuis toujours selon le bon vieil adage: “pas de liberté pour les ennemis de la liberté”.

Haïr pourtant est humain. Isaiah Berlin en revendique le droit pour chaque homme, mais de façon dosée, raisonnable, stricte. Ce qui est anormal, c'est de franchir la limite, haïr plus que nécessaire. Si donc haïr est humain, aucune loi, aucune interdiction ne fera s´évanouir la haine. Ça serait plutôt le contraire. Est-ce le but de monsieur Valls? Aucune loi n’a jamais eu la prétention d’éradiquer la haine pour la simple raison que la tâche est impossible et surtout contre-productive. Le législateur ne part pas en guerre contre l’envie ou contre la soif. Par contre, quelque chose peut la faire diminuer cette haine, en montrer le caractère superflu, dément, ridicule, absurde ou pervers. Cela n’est pas dit mais suggéré par la petite merveille du mot “strictement”. Mot qui ne change rien au message global sauf l’excès qu’il produit sur lui-même. L’excès négatif de la haine se trouve comme métamorphosé par l’excès positif de la rhétorique. Haïssez mes frères, mais soyez strict sur la quantité!... Ce que donc on présente généralement comme l´antidote de la haine, eh bien ça ne sera pas l’amour, mais l’humour. L’humour qui ressort de ce qui n’est pas dit tout en étant dit très fort. Le dit du non-dit. Un humour qui fait de la nécessité vertu, un qui s’amuse à accorder à la haine une valeur positive alors que les moralistes professionnels eux, pousseraient de hauts cris à cette idée. L´humour est le seul antidote véritable à la haine. La haine que les autres ont de vous, comme celle que, peut-être, vous avez d’eux. Riez mes frères, riez de vous, riez des autres, faites-les rire et vous les gagnez à la cause. Ce que fait Dieudonné avec des mots et Hollande avec de “petites phrases” ou des sabres, celui qui figure (Hollande le sait-il ?) sur le drapeau saoudien

Pourtant, savoir que le rire est le propre de l´homme, n’implique pas que l’on sache ce qu’est l’humour. L’humour ne serait de l'humour que pour ceux qui croient que “ne pas faire d’humour” serait être sérieux? “Ah, ah!… je vois que vous avez de l'humour, cher ami”… rions un bon coup et passons aux “choses sérieuses”. Pourtant l´humour va plus loin que tous les sérieux. Il reconnaît par exemple qu'il est normal d’haïr les Juifs mais qu'il ne faut pas en faire un plat. De même qu´il est normal pour certains noirs de France d’haïr les nègres français qui n´aiment pas le manioc. Alors que le sérieux prétend qu'il ne le faut pas les haïr, que c'est mal, et que finalement c'est interdit, ou que ça devrait l’être. D’où toutes les confusions, les haines recuites, les excès entretenus au sujet de l’antisémitisme et de l’anti-antisémitisme qui prétend lutter contre lui. Deux sérieux se haïssent, ne peuvent que se haïr. Ils n’apporteront jamais la paix. Pour qui sait voir, la conséquence de cet “anti-antisémitisme sérieux” engendre une recrudescence de la haine portée aux Juifs et sans doute aussi de celle qu’eux-mêmes portent à ceux qui ne le sont pas. Allez expliquer ça à un professeur humaniste empli d’une haine plus que strictement nécessaire des maghrébins, des blacks, des beurs, ou à un Israélien moyen qui, depuis le dernier sondage du Jérusalem Post de 1961 sur l´humour juif, dispose d’une culture générale très amaigrie et a coupé les racines qui plongeaient au dévastateur humour berlinesque!

Cet humour laisse entendre encore autre chose par celui qui en a: “Allez, avouez que vous nous haïssez, ça ne nous dérange pas, vous savez, nous sommes habitués”. Et il pourrait ajouter: “Savez-vous seulement pourquoi vous nous haïssez?” A cette question le premier quidam venu hésite à répondre. Celui par contre qui s’intéresse à la chose, le “spécialiste” en quelque sorte, n’aura que l’embarras du choix. Il donnera sans doute d’abord l’explication ontologique que les Juifs de la rue d’Ulm dictent aux médias depuis trente ans: “L’antisémitisme monsieur, est cosmique, antédiluvien, géologique, granitique, primaire, éternel, unique, inexplicable et condamnable. Mais sachez aussi qu´il est chrétien, donc à la fois historique et a-historique”. Les deux explications rivalisant de finesse dans la pensée des penseurs juifs et de ceux qui essayent en vain de ne pas l´être. Est-ce que les deux mille ans de christianisme sont responsables de l’antisémitisme? Plusieurs en doute puisque : “Regardez-moi ces Arabo-musulmans-rabiques-bronzés qui peuvent pas nous blairer” s’écrie le Tel-Avivien choqué par une pluie estivale de roquettes (expression homouristique), s’insurge le bobo parisien habitant le 4e arrondissement après le passage de la tribu Kemi, éructe le pauvre Falacha oublié dans sa noire misère à Addis Abeba. L´hypothèse que les Juifs se seraient assimilés, auraient vécu en bonne intelligence en Chine comme en Andalousie aux 8e, 9e, 10e, 11e siècles après Jésus Christ, n’est pas qu’une hypothèse d´école. L’hypothèse inverse n´est pas absurde non plus. Ce qui parait inassimilable de nos jours ce ne sont plus les Juifs en tant que tels, Iahvé merci, ce sont les Juifs sous la forme d’un état juif qui, à l’intérieur de ses frontières et de plus en plus à l’extérieur, déteste plus que ce qui est strictement nécessaire, ceux qui ne le sont pas. Allez demander aux Libanais combien ils aiment Israël. Trouvez honteux que la si curieusement dite communauté“internationale” rembourse les dégâts causés au Liban par le joujou aérien juif en 2006. Réprouvez le talion lévitique en cours aujourd’hui selon lequel un mort juif vaut dix gazaouis! Un immeuble, tout un quartier? Et vous entendrez alors de Sarkosi-sur-Seine à San Francisco, d’Osnabrück à Oswiencim, de Grenade à Göteborg, d’Ancone à Ankara, les hurlements indignés du lobby! Un état d’Israël en Argentine aurait-il mieux réussi qu´en Palestine? La haine que les Arabes vouent actuellement aux Juifs eût-elle épargné les Argentins si là-bas se fut créé un Israël? C´est-à-dire, concrètement, si on eût expulsé quelques centaines de milliers d’Espagnols métissés d´Indiens et que ces gentils Sémites Sionistes ou Sémites Ashkénazes de notre bonne et vieille Europe se fussent installés à leur place ? On peut en douter. De même que les Juifs rue d’Ulm – qu'ils s'appellent Beni, Bernard ou Herbe à Pinson (1), – considèrent l´antisémitisme comme inexplicable, cosmique et unique dans les annales de l´humanité, de même, l’antisémite sans complexe considère la façon d’être des Juifs, disons de la majorité, comme insupportable, inconcevable, arrogante. Le fond du problème est donc que pour lui, le pauvre antisémite, ils sont peu nombreux mais “ils sont partout”, noyautent tout, tirent la couverture à eux, emmerdent le monde. Et, qu´évidemment, le monde le leur rend bien. Mais est-ce qu’ils emmerdent parce qu´ils sont juifs les Juifs, ou parce que les goyim, sont trop bêtes pour ne pas s´apercevoir que cette pincée de judaïté fait leur bonheur? Que sans eux, sans ce subtil ferment judéo dans leur petit christianisme nouveau né, ils prendraient le risque de revenir à l´âge du cochon, ou pire de la pierre? Autrement dit, on les repousse, on les accule, on les ghettoïse, ou ils se ghettoïsent eux-mêmes? Eh bien, il ne faut pas le dire, mais le Juif Berlin le suggère: parce qu´ils ont de l´humour, qu‘ils sont peut-être même l´humour incarné. Seul celui qui a de l´humour est “supérieur”, est une race à part. Seul celui qui peut accepter calmement ce que la plupart refusent, qui peut comprendre ce que la plupart ne comprennent pas, qui peut rire du tragique, pleurer du bonheur, qui s’est élu lui-même du haut de son mur de béton de huit mètres serpentant parmi les eucalyptus parfumés et les orangers en fleurs cisjordaniens, du sommet de sa tour d´ivoire new-yorkaise ou du lointain de son ghetto vénitien doré, peut, avec un sourire léger, tolérer l´intolérable… Intolérable très relatif puisque comme il est admis maintenant, la haine étant consubstantielle à l´humain, il est humain d’haïr.

Conclusion: Le problème se résume alors, pour les Juifs comme pour les Humoristes, à ne pas être au mauvais endroit au mauvais moment car les gens plus intelligents, plus doués, plus beaux, plus forts, plus tout ce que vous voulez, eh bien, on adore les raccourcir, les brûler, les pendre, les étrangler, les supplicier, qu’ils soient juifs, iroquois ou hottentots. Avec la réserve que ceux de normale-sup-rue d’Ulm qui sont en principe intelligents mais de moins en moins, ne seraient pas, dans ce cas, dignes d´être pendus. Voilà! Voilà l´explication du “strictement nécessaire” de toute haine. Dans quelques millénaires ce strictement nécessaire mutera sans doute en strictement superflu (le fameux optimisme juif). Nous serons tous des juifs berlinesques allemands. Personne ne fera plus de jeux de mots sur Durafour/dur-à-cuire. Un genre de Messie sera passé par là. Ce qui ne veut pas dire qu´il n´y en pas déjà eu Un (ne rallumons surtout pas la vieille querelle du peuple déicide!), ça veut dire simplement que les humains sont longs à la détente, qu´il leur en faut plusieurs de différentes sortes, de Messies. De peur de faire de la peine au Dalaï-lama si bon, si souriant, personne aujourd´hui parmi les journalistes cultivés (il y en a), ne conteste ouvertement le Maitreya Bouddha qui se pointera d’après lui vers l’an 3000. Alors pourquoi disputer du Messie juif avec des Juifs imbus de la haine de Celui qui le fut déjà, sous prétexte que Jésus était Juif de Nazareth, que maintes katiouchkas hezbollahi-islamo-barbudo-iraniennes sont tombées près de leurs maisons et qu’en représailles plusieurs Phantoms sont venus rôtir une petite dizaine d’enfants palestiniens au phosphore blanc? Schalom arshav tout de suite mes frères ! Vous êtes bien placés pour savoir qu’un antisémite c'est quelqu’un qui hait les Juifs plus que ce qui est strictement nécessaire. Vous êtes bien placés pour savoir aussi que l’humour au second (ou au troisième) degré n’est pas si répandu que ça, et qu’il serait pourtant aujourd’hui très nécessaire…

Marc Gébelin

Note

(1) “Finkiel-kraut” dans un sous dialecte germanique de Basse Pologne.