Hariri s’en revient-au-pays...

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Hariri s’en revient-au-pays...

Le premier ministre libanais est rentré dans son pays après une “libération“ d’Arabie Saoudite et un sas de décompression d’un séjour de quelques jours à Paris, pour bien marquer l’intervention du président français Macron dans le processus. Officiellement démissionnaire sous les auspices de MbS, le tout-nouveau jeune homme fort d’Arabie, le Premier ministre libanais rentré à Beyrouth a annoncé qu’il suspendait sa “démission”... Ouf de soulagement, qui renforce plutôt qu’il ne disperse la perception d’une tragédie-bouffe, – d’ailleurs principalement due à certains aspects des insurrections, “coups” et révolution de palais parmi les mille-et-un princes de Ryad.

Nous ne nous risquerons pas une seconde à échaffauder notre propre analyse d’une situation labyrinthique à partir de l’imbroglio saoudien, mais nous rappellerons simplement que deux thèses s’affrontent autour de l’équipée pittoresque de Hariri, citoyen à la fois libanais et saoudien, Premier ministre libanais et courroie de transmission de la politique saoudienne. L’esprit de la chose consiste à penser que l’Arabie ayant raté son coup en Syrie, entend transporter sa pandémie déstructurante au Liban, toujours avec les mêmes adversaires en tête. Il est en général admis que Hariri est chargé par l’Arabie d’agir contre le Hezbollah et l’Iran ; une thèse dit que cette mission sera couronnée de succès, sinon achevée par une attaque concertée israélo-saoudienne ; une autre dit que toute la manœuvre est vouée à l’échec et que cette attaque n’aura pas lieu parce que le prix à payer est beaucoup trop élevé.

Nous donnons ci-dessous une analyse du commentateur Elijah J. Magnier, connu pour ses très bons contacts et ses sources dans les directions syrienne, irakienne et du Hezbollah. C’est évidemment ici la qualité de la source (des sources) qui nous intéresse, beaucoup plus que les détails de la situation qui sont exposés.

Les sources de Magnier sont très mesurées. Il n’est pour l’instant question, selon elles, que de faciliter l’établissement et le renforcement de relations entre l’Arabie et Israël. Hariri, quant à lui, est chargé simplement d’« apporter sur un plateau la tête du Hezbollah et celle de l’Iran ». C’est là, sans aucun doute, que la tragédie a un aspect bouffe, entre les capacités et les moyens du personnage, et l’ampleur considérable de la tâche qui lui est confiée, à laquelle se sont déjà attelés, sans le moindre succès, Israël, les USA et bien entendu l’Arabie qui poursuit son rêve tout nouveau d'hégémonie belliciste.

Quant à la possibilité d’une guerre et rien que cela, les sources de Magnier la situent au constat de l’échec annoncé d’Hariri dans sa mission contre le Hezbollah et l’Iran. Dans ce cas, le conflit possible, qui impliquerait d’un côté Israël et les USA, conduirait non seulement à un nouveau conflit régional, mais beaucoup plus sûrement au risque d’un conflit mondial. Selon l’évaluation des sources citées, il apparaît absolument improbable que les acteurs impliqués soient partisans d’« une telle guerre où les inconvénients l’emportent considérablement sur les avantages ».

Le texte ci-dessous est donc de Elijah J. Magnier, sur son site elijahjm.wordpress.com, le 21 novembre 2017.

dde.org

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Préliminaire pour des relations Arabie-Israël

« Ce n'est pas une question de guerre contre le Hezbollah, l'Iran ou le Liban, c'est une préparation préliminaire pour une relation ouverte entre l'Arabie saoudite et Israël ». C'est ce qu'a déclaré un décideur lié à la lutte israélo-arabe-iranienne.

Au Yémen, le Hezbollah n'a jamais été présent en grand nombre : quelques dizaines de conseillers étaient dans le pays pour offrir une formation et partager leur longue expérience acquise pendant de nombreuses années de guerre contre Israël et en Syrie. Ceux qui ont formé les forces spéciales du Hezbollah étaient présents au Yémen pour enseigner à Zaydi Houthi comment se défendre contre la coalition dirigée par les États-Unis et l'agression continue saoudienne. C'est le devoir des musulmans de défendre les opprimés (Mustad'afeen) de la même manière que l'imam Khomeiny a soutenu les Libanais pendant l'invasion israélienne de 1982. Le devoir religieux de l'Iran a dicté son obligation de soutenir l'Irak contre les forces d'occupation en 2003 et a également soutenu la résistance afghane. « Aujourd'hui, on est en train de massacrer les Yéménites et le monde regarde, impuissant et engourdi, permettant à l'Arabie saoudite de détruire le pays et de tuer ».

Cependant, aujourd'hui, il n’y a plus de besoin de l’expertise du Hezbollah au Yémen. La résistance a acquis assez d'expérience et de formation, se battant dans un environnement différent de celui du Liban, de la Syrie ou de l'Irak. Le Hezbollah n'a pas besoin de rester au Yémen ou en Irak où le groupe “État islamique” (ISIS) a été vaincu et expulsé de toutes les villes irakiennes. Aujourd'hui, les Irakiens disposent de suffisamment d'hommes, d'équipements avancés et d'une grande expérience pour faire face à tout danger. Par conséquent, il n'y a plus de nécessité pour l'Iran ou le Hezbollah, ou même pour les forces américaines, de rester en Mésopotamie.

Quant à la Syrie, la source estime que « le Hezbollah est au Levant à la demande du président syrien Bachar al-Assad pour combattre le réformateur Takfiri et le terrorisme. Avec la ville d'Albu Kamal sous contrôle de l'armée syrienne, l'EI a perdu la dernière ville de Syrieà l’Ouest de l’Euphrate ; il est encore déployé à l’Est de l’Euphrate, à al-Badiya (steppe syrienne) et dans quelques poches sur les frontières méridionales syriennes. Il y a encore des milliers de combattants d’Al-Qaïda à Idlib et autour d'al-Hajar al-Aswad, et dans le sud de la Syrie. Par conséquent, ce n'est que sur la demande directe du président syrien que le Hezbollah peut rester ou quitter le pays. Peu importe à quel point les États-Unis, les Israéliens et les Arabes protestent à grands cris, la présence du Hezbollah en Syrie est liée au gouvernement syrien et à personne d'autre. »

Pour ce qui concerne le Liban, le Premier ministre Saad Hariri a été libéré de sa prison dorée en Arabie saoudite et [il vient de rentrer au Liban après son détour parisien]. Selon la source « il n'y a pas de guerre arabe contre l'Iran dans la région ni de guerre israélienne contre le Liban. Cela ne signifie pas que le Hezbollah puisse rentrer chez lui et cesser toute préparation à une éventuelle guerre future.

» Le retour de Hariri est évidemment lié à un agenda saoudien selon lequel il demandera au Hezbollah de se retirer de la Syrie, du Yémen et de l'Irak et de déposer ses armes. Il convient de noter que le Hezbollah a soutenu la demande de libération de Hariri parce qu'il a été illégalement détenu par l'Arabie saoudite et parce qu'il est le Premier ministre du Liban. L'Arabie Saoudite ne peut pas être autorisée à traiter le Liban comme s'il s'agissait d'une province saoudienne. Pour ce qui est d’Hariri, il est illusoire de croire qu'il puisse revenir au Liban en héros pour dicter la politique saoudienne, qu’il puisse appliquer les souhaits de l’Arabie saoudite et qu’il puisse réaliser ce que les Etats-Unis, Israël et l'Arabie Saoudite n’ont pas réussi à obtenir. Si en effet il insiste pour appliquer le programme saoudien, il pourra retourner en Arabie Saoudite, cette fois en tant qu’ancien Premier ministre défait de ses fonctions. La vision de l'Arabie Saoudite sur le Moyen-Orient ne s'applique tout simplement pas à la multiethnicité et la convivialité au Liban entre toutes les religions et les différents groupes politiques et leurs représentations. »

Il ne s'agit donc pas de l'Iran ou des réserves d'armes du Hezbollah ou de son intervention militaire régionale. La guerre en Syrie a été remportée par “l'Axe de la Résistance” et l'autre parti (États-Unis, UE, Qatar, Jordanie, Turquie et Arabie Saoudite) n'a pas réussi à changer le régime, à détruire la culture multiethnique en Syrie, et rassembler entre eux les extrémistes. Il s'agit simplement de la question de l'Arabie saoudite préparant une relation plus large et ouverte avec Israël.

L'Arabie Saoudite agit comme si elle avait besoin de ce scénario pour camoufler ses relations futures avec Israël. Chaque jour, nous voyons des universitaires, des écrivains et même des officiels saoudiens utiliser l'excuse « combattre l'Iran, l'ennemi commun » pour justifier la prochaine relation avec Israël. En fait, l'opinion publique israélienne est prête à accueillir l’Arabie Saoudite et vice versa.

Ce nouveau projet saoudien est clair et ne trompera pas les populations arabes. Les pays arabes ont promis d'établir une relation officielle avec Israël en échange des têtes du Hezbollah et de l’Iran servies sur un plateau. En retour, les États-Unis et Israël ont promis de s'engager positivement dans le conflit israélo-arabe.

Cela ne représente en aucun cas une solution pour le conflit israélo-arabe, et Trump ne peut certainement pas tenir ses promesses. Israël n'abandonnera pas aux Arabes ce qu'il reçoit gratuitement (la relation avec les pays du Golfe). Ceux qui tentent d'établir des liens avec Tel Aviv viennent de leur plein gré pour utiliser Israël comme un pont de liaison vers les États-Unis. D'un autre côté, même la nouvelle alliance américano-saoudienne-israélienne sera incapable de livrer ces têtes de l'Iran et du Hezbollah sans engloutir la région dans une guerre mondiale. Ces pays sont-ils prêts pour une telle guerre où les inconvénients l’emportent considérablement sur les avantages ?

Elijah J. Magnier