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6528Nous introduisons également, dans notre Glossaire.dde, un aspect du travail portant sur des questions spécifiques, notamment de lecteurs, elles-mêmes portant sur un aspect ou l’autre de notre “arsenal sémantique” qui est finalement l’objet de ce glossaire. D’une façon générale, cette sorte de question ne porterait pas sur un terme spécifique mais sur un aspect de ce terme, ou bien un rapport entre deux termes du glossaire, etc.
Nous pensons que c’est le cas de cette remarque (question) d’un lecteur, Mr. Jean-Jacques Hector, le 28 novembre 2012, remarque sous le titre “Question”…
«Je ne comprends pas la distinction que fait dedefensa entre système de la technologie et système de la communication.
»En effet, la technologie, dans ses avancées les plus pointues est au coeur du système de la communication, internet, réseaux, GPS, mobiles etc... Je comprendrais mieux une nuance qui s'appuierait sur une distinction hard/soft power technologique.
»Le déchaînement du matérialisme étant quant à lui évident.»
D’une façon générale, et cela est conforme à l’idée d’un glossaire, nous interprétons les phénomènes et artefacts désignés par les mots et expressions qui font partie de notre glossaire (de notre “arsenal sémantique”), selon notre perception, notre logique, et notre conception du monde. D’une façon plus spécifique, nous refusons absolument le langage du Système, tout comme l’appréciation du Système qui consiste à définir les choses et les événements selon sa propre conception du monde, parce que l’acceptation de l’un et l’autre serait accepter les règles du Système, et, par conséquent, la prépondérance absolue du Système, donc acter de notre soumission. Cela ne peut être.
Ainsi, pour nous, il ne saurait être question de hard power (technologisme) et de soft power (communication) comme facteurs de définition, puisqu’il s’agit de facteurs définis et offerts sous cette forme par le Système. De la même façon, nous ne définissons certainement pas ces deux systèmes par les moyens technologiques dont ils disposent, ni même par les effets directs qu’ils semblent susciter selon ces technologies. (Si c’était le cas, qui pourrait refuser qu’on définisse dedefensa.org, tout entier opérationnel grâce à la technologie de communication d’Internet créée par le Système, comme appartenant complètement au Système, ce qui est absurde ?) Nous définissons ces deux systèmes selon ce que nous percevons des effets réels qu’ils suscitent par rapport au Système d’une part, par rapport à la lutte antiSystème d’autre part.
D’abord ceci, sur notre rangement historique et métahistorique du monde (notre “perception du monde”, mais exprimée plus précisément). Notre rangement envisage l’apparition progressive d’un système, du Système en soi, comme outil d’opérationnalité de cette conception métaphysique que nous nommons le Mal, installé dans sa puissance exclusive pour cette période donnée, que nous avons par ailleurs souvent détaillée, du “déchaînement de la Matière”. Le Système possède lui-même, comme “outils” essentiels, deux sous-systèmes dans ce cas, mais systèmes en eux-mêmes : le système du technologisme et le système de la communication.
Il est évident que chacun de ces deux systèmes sera analysé en tant que tel dans ce glossaire. Nous resterons donc assez général quant à leur définition. Il est pourtant essentiel de bien noter les deux énoncés, qui sont les nôtres :
• Le système du technologisme, implique un système qui est au service d’une conception déjà formée, datée, constituée en-dehors de lui-même, qui est la conception du “technologisme” dont l’une des formes originelles approximatives est certainement le “parti de l’industrie” qui horrifiait Stendhal en 1825. (Voir le 3 avril 2010 dans la rubrique La grâce de l’Histoire.) C’est, à notre sens, un système fermé, intégré, bien défini, qui se contrôle lui-même et qui semble donc contrôlable en théorie, dont on peut dire, – et nous le disons, – qu’il a eu un commencement et qu’il aura une fin, et même qu’il est d’ores et déjà sur sa fin… Le système du technologisme naît à partir du développement d’un artefact caractérisant la contre-civilisation de la modernité et sa “révolution du choix de la thermodynamique”, l’artefact de la technique devenue technologie à partir de notre compréhension que la technologie est la réunion en un système complexe d’un ensemble de techniques. Ainsi peut-on définir le système du technologisme comme un système loyal et substantiel, qui rassemble des éléments qui sont naturellement voués à se rassembler ensemble en système. (On peut trouver un long développement historique sur le système du technologisme dans ce qui a déjà été mis en ligne de La grâce de l’Histoire, le 2 décembre 2012.)
• Le système de la communication n’implique pas “une conception déjà formée…”, etc., mais bien une fonction naturelle du monde : la communication, comme l’on dit l’audition, la respiration, etc. Il varie et évolue selon des variations et évolutions extérieures à lui : celles des technologies, certes, mais aussi celles de la psychologie, celles de la perception, etc. ; il n’a pas de véritable chronologie, ni un début précis, ni une fin précise, bien qu’il se soit fixé, au moins temporairement, dans le cadre de l’épopée du Système, en quelque chose de précis et d’identifiable. C’est donc un système ouvert et changeant, incertain parce que non intégré, incontrôlable parce que dépendant de certains éléments qu’on ne peut contrôler, un système pluridisciplinaire et réductible à rien de précis. En un certain sens, c’est un système potentiellement déloyal et potentiellement parasitaire, voire potentiellement “dissident”, cela autant qu’il peut paraître dans d’autres circonstances aligné sur le Système ; tenu par rien de spécifique à lui-même sur quoi l’on peut assurer une prise et une maîtrise, c’est un système sans “moralité” selon la notion de moralité telle que l’a développée le Système, s’appropriant et inversant à son avantage certaines notions de morale courante et pratique. Historiquement, le système de la communication sous toutes les formes imaginables a toujours existé, activement ou potentiellement ; pour la période actuelle et dans la forme (la définition) qui nous intéresse, disons qu’il est apparu dans ses premières manifestations, comme le système du technologisme, en même temps que s’ébauchait le Système lui-même, au moment du “déchaînement de la Matière”. Son apparition est complètement liée à la fondation puis au développement des USA, qui est l’une des trois “révolutions” suscitant le “déchaînement de la Matière” ; nous affirmons que la communication, et au-delà le système de la communication, sont l’un des piliers, peut-être le principal, de cette fondation des USA (dito, l’“empire de la communication”).
Le système du technologisme tel que nous le concevons, dans sa version définie par la modernité, est apparu effectivement, bien entendu, en même temps que cette fracture métahistorique que nous nommons “déchaînement de la Matière”. La référence principale de ce système est l’armement (la technologie dans l’évolution de l’armement, l’évolution des conflits selon l’évolution des armements, l’évolution des politiques au bout de la chaîne). Ainsi, nous tendons à faire de la Révolution française et des “guerres révolutionnaires” qui ont suivi (de la campagne d’Italie de Bonaparte jusqu’aux guerres napoléoniennes) le cimier idéologique du système du technologisme, bien plus que la “révolution du choix de la thermodynamique”. Guglielmo Ferrero a parfaitement montré le caractère déstructurant des guerres “révolutionnaires”, particulièrement la campagne d’Italie de Bonaparte (dans son livre Aventures), dont il montre qu’elle fut l’œuvre idéologique du Directoire bien plus que l’œuvre stratégique du jeune général Bonaparte. (Voir notre texte du 19 décembre 2007 et les liens correspondants, sur ce site, avec l’analyse des conceptions de Ferrero.)
D’ores et déjà, il y a un lien entre le caractère déstructurant des idéologies révolutionnaires et liées au Système, au service desquelles le technologisme des armements, également de caractère de plus en plus déstructurant, va être développé. Bien entendu, le lien s’établit dès l’origine entre le technologisme des armements et le développement industriel (le “parti industriel”), comme on en a souvent la perception, – malheureusement, perception d’une façon trop souvent sommaire, et justement avec le même défaut repris pour soi-même, qui est celui de l’idéologie, qui assèche la pensée (cliché type-“marchands de canon”). La guerre est, de plus en plus clairement depuis le début du XIXème siècle, l’effrayant synonyme de “progrès” et le “progrès” est par conséquent de plus en plus synonyme de déstructuration. Des événements essentiels à cet égard sont la Guerre de Sécession et, surtout, la Grande Guerre. Nous avons largement développé le symbolisme métahistorique de la bataille de Verdun, substantivé par l’événement d’une attaque inouïe de puissance du système du technologisme, sous la forme de la formidable concentration initiale d’artillerie allemande, et la résistance victorieuse des hommes (les fantassins français) devenus ainsi dans leur diversité un système antiSystème, dans les trois premières semaines de la bataille (21 février-11 mars 1916), contre cette charge initiale du technologisme qui aurait du l’emporter et qui fut stoppée.
Ce développement du système du technologisme n’a cessé de poser des problèmes fondamentaux, de type métaphysique, à l’espèce, comme le cas le plus extrême de l’arme nucléaire. Dans tous les cas, ce système représente la puissance pure du Système, de la modernité, à la fois déstructurante et dissolvante pour le reste (dont l’environnement), à la fois sans but exprimé, sans aucun sens sinon cette fatalité de dissolution qui ferait, qui fait évidemment et irrésistiblement songer à une volonté maléfique. Le caractère principal de ce système du technologisme est cette orientation nihiliste, cette absence de sens au profit de sa propre dynamique “naturelle”, d’une “nature” intrinsèquement maléfique, et naturellement dissolvante jusqu’à l’entropisation, de sa puissance. Ce système du technologisme représente la nature même de la modernité et de cette entité qu’est le Système, dont on peut dire qu’il assure l’opérationnalité du Mal.
… Or, l’on peut se demander aujourd’hui si ce système du technologisme n’a pas atteint et dépassé le point maximum de sa rentabilité opérationnelle et de son efficacité pour entrer dans sa phase descendante de l’impasse de lui-même, nécessairement catastrophique quand on mesure combien toute la puissance de cette contre-civilisation dépend de lui. Ce serait alors la manifestation parfaite du passage du Système général de sa phase de surpuissance à sa phase d’autodestruction, avec une marche général vers une entropisation selon un processus correspondant à la troisième loi de la thermodynamique, dite “loi de l’entropie”. (Cela s'accorderait parfaitement avec le fait que le système du technologisme est un système fermé, par conséquent promis à l'entropie.)
Le paradoxe intéressant, à la fois opérationnel et symbolique, est que ce passage se fait à l’occasion de l’intervention massive des technologies de communication, de l’invasion du système du technologisme par l’hyper-informatisation, jusqu’à approcher désormais de la saturation avec l’inversion de l’effet. L’on voit alors les technologies spécifiques du système de la communication intervenir pour soi-disant renforcer le technologisme, en fait pour l’introduire dans une course rupturielle, de sa surpuissance vers son autodestruction. Notre appréciation est que la situation de nombre de systèmes d’arme avancés commence à témoigner de cette situation, notamment les avions de combat de la cinquième génération, essentiellement US, essentiellement le F-22 et le JSF.
Au-delà, et selon une logique de “système des systèmes”, c’est l’opérationnalité des grandes organisations nées du ou inspirées par le système du technologisme qui sont mises en cause, menacées d’inefficience, d’inefficacité, etc., y compris par des voies indirectes, avec l’ajout de l’effet de la bureaucratie. Les grandes armées occidentales aussi bien que les grandes entreprises (corporate power), les grands services, les grandes institutions (par exemple et exemple le plus remarquable, le Congrès des États-Unis), sont de plus en plus marqués par des hypertrophies dégénérescentes concernant leur efficacité et leur rentabilité, jusqu’à des situations de blocage ou de paralysie. Indirectement mais de façon beaucoup plus significative pour notre propos qui est d’observer également l’évolution relationnelle des deux systèmes, les grands systèmes ou les grandes organisations du technologisme sont marqués par une hypertrophie dégénérescente, jusqu’à l’inversion complète, de leur propre communication : ce qu’ils utilisent en eux-mêmes et pour eux-mêmes du système de la communication conduit, par des distorsions et des subversions diverses, à des effets pervers de communication, particulièrement déstructurants et dissolvants. La catastrophe que constitue le cas du JSF a été conduite à un point de non-retour par l’usage intensif fait pendant des années d’une communication subversive, construisant une narrative triomphante qui a interdit l’examen de la possibilité de mesures de sauvegarde.
Avec ce dernier point, effectivement, nous sommes passés au domaine du système de la communication.
Le système de la communication tel que nous le concevons ne recouvre évidemment pas le phénomène de la communication et ne se réduit évidemment pas aux technologies de la communication. Il s’agit d’un événement de la modernité d’abord parce qu’il s’agit d’un “système”, ensuite parce qu’il s’agit d’un système qui s’organise d’une façon extrêmement sophistiquée lui permettant d’intégrer des technologies nouvelles et d’en susciter tout autant, enfin parce qu’il s’agit d’un système capable de produire, d’une façon ou l’autre, directement ou indirectement, une dynamique de rupture qui a une dimension sociale et surtout psychologique, et bientôt politique et métahistorique. Si nous parlons du “système de la communication” et non du “système de communication”, c’est parce que nous considérons cette “communication-là” en soi, comme capable de produire un phénomène spécifique, capable de créer des situations générales elles-mêmes spécifiques.
Historiquement, on pourrait avancer que la conception originelle et la nécessité du système de la communication correspondent à la naissance et au développement des USA ; c’est une nécessité pour ces divers éléments qui appartiennent fondamentalement au Système issu du déchaînement de la Matière ; sans aucune substance historique, les USA ne peuvent espérer créer l’essence d’une nation, chose qui leur est d’ailleurs interdite par leur appartenance intégrale au Système/déchaînement de la Matière ; ils substituent naturellement à ce manque le développement d’une narrative géante, l’American Dream qui s’appuie sur l’omniprésence de la communication. Les USA sont bien l’“empire de la communication” : avec eux naît le système de la communication…
On comprend, à suivre l’évolution des USA et l’évolution de leur représentation que le système de la communication n’est pas un phénomène courant. Il est constitué d’une agglomération d’un nombre prodigieux de sources, – presse, édition, radio, publicité, cinéma, association, causeries, formes de langage et jusqu’à des détails en apparence dérisoire mais significatifs comme l’omniprésence de la bannière étoilée dans la vie quotidienne US, jusque dans les films hollywoodiens… Il reçoit cette information diverse et complexe, et de toutes les façons en désordre, la filtrant, la “travaillant”, c’est-çà-dire qu’il la “pré-structure” en un sens, d’une façon suggérée, en imposant des tendances générales sous-jacentes qui ordonneront la mise en ordre plus tard, quand il sera temps, pour l’instant pour en faire ressortir non pas une image spécifique, non pas une narrative, ni même un virtualisme achevé, mais bien une diversité et une complexité différentes de celles qui étaient entrées. On attend de cette diversité/complexité différente, lors de son absorption et de sa conglomération par les psychologies, puis sa transmission vers les esprits, l’organisation d’une perception différente de la réalité, ou plutôt une version de la réalité favorable au Système (par le relais du système de la communication qu’on suppose lui-même favorable au Système), – dans ce cas, favorable aux USA comme si cette chose existait en tant que nation structurée, bâtie sur des vertus civilisatrices (plus celles des Lumières, indispensables pour l’éclairage). Ainsi le système de la communication amène-t-il une situation où tout se passe comme si les psychologies elles-mêmes organisaient leur perception, comme si la chose venait d’elles-mêmes, alors que c’est la pré-organisation du système de la communication, sa “diversité/complexité” pré-structurée, qui conduit à l’interprétation des psychologies, – donnant l’impression à l’esprit qu’il perçoit en toute liberté. (Seules les psychologies les plus fortes, les plus lucides, échappent à ce piège et ordonnent elles-mêmes leur propre perception, vers leurs esprits correspondants, esprits libres par conséquent.).
Il s’agit de la réalité interprétée de la meilleure foi du monde, dure comme fer, par la perception qu’on en a, sans nécessité de démarche faussaire ni de montage, avec un naturel si déconcertant de naturel qu’on croit toucher à la vérité. En fait, comme on le voit appliqué à l’Amérique durant l’histoire de ce pays, sans que sa formation puisse être explicitée par une manigance ou une manipulation humaine, le processus du système de la communication n’impose rien, ni pensée politique, ni attitude comme le conformisme, etc. ; il laisse les esprits totalement libres mais, par l’influence qu’il fournit aux psychologies et que ces psychologies véhiculent elles-mêmes vers les esprits, sans la moindre conscience de la chose, de telles pensées politiques et une telle attitude qu’est le conformisme aligné sur l’américanisme en tant que vertu universelle apparaissent comme l’expression absolue de la liberté et de la vérité enfin réconciliée… Et cette expression absolue, jusqu’à il y a peu, se concrétisait parfaitement dans l’Amérique et l’American Dream
Aujourd’hui, le système de la communication est entré dans des convulsions révolutionnaires et dans une formidable phase d’inversion vertueuse. C’est ce que nous nommons le “modèle-Janus” avec son opérationnalisation qui est l'“effet-Janus”, auquel nous nous sommes déjà souvent référé sur ce site, à l’occasion de tel ou tel événement.
Le système de la communication est plus puissant qu’il n’a jamais été, grâce à l’apport massif de nouveaux moyens et de nouvelles possibilités d’arrangement du matériel diversité/complexité. Il a démontré dans son histoire son savoir-faire, son extraordinaire capacité à donner le “crédit de la vérité” à l’univers dont il pénètre ceux qu’ils touchent, en faisant en sorte que tout se passe comme si ces “élus” y pénétraient à leur façon et en toute liberté. Mais cet univers est changeant, selon les circonstances et la puissance des sources qui alimentent ce système, c’est-à-dire que le système ne détermine des univers qu’en fonction des impulsions qu’il reçoit, sans se soucier du sens des choses. Ainsi le système de la communication est-il par-delà le Bien et le Mal, notamment par rapport à l’échelle de valeurs du Système dont il devrait être pourtant la créature ; il se révèle, au bout du compte, pour le Système, trompeur et déloyal dans des occasions importantes (tout en restant nécessaire au Système).
Les changements révolutionnaires dont nous parlons sont apparus dans les années 1980 et 1990. On les connaît : il s’agit principalement de l’Internet et de tout ce qui l’accompagne. Le phénomène a pris des dimensions inouïes et est devenu aujourd’hui un fait de société qui n’est pas loin d’être un fait critique de civilisation, un fait capable de changer la civilisation en la dénonçant dans sa vérité de contre-civilisation. Il n’est pas moins connu de tous que ce fait fondamental a nourri le plus formidable système antiSystème qu’on puise imaginer, sous la forme d’une alternative antagoniste à toutes les orientations et sources d’information du Système, jusqu’à faire de l’Internet le modèle de la dissidence. Le système de la communication a contribué d’une manière extensive, avec toute sa puissance, on dirait presque par obligation de nature, à la constitution de l’Internet en système majeur d’information. Nous irions jusqu’à poser l’hypothèse que le système de l’information, par goût naturel de développement de sa propre puissance sous toutes les formes que ce soit, a puissamment aidé à la structuration de l’Internet en un système d’information au moins équivalent à celui du Système (presse-Système et le reste), et un système d’information radicalement différencié du reste, ayant sa propre spécificité. Aujourd’hui, l’Internet est un système dominant, que le système d’information du Système ne peut ignorer alors que lui-même (l’Internet) peut, s’il le veut, complètement ignorer le système d’information du Système.
Certains ont fait de l’Internet et de tout ce qui l’accompagne un fait historique aussi important que Gutenberg et l’imprimerie. Nous accepterions l’analogie à condition de la classer pour ce qu’elle est en vérité, notamment en l’extrayant de la prison de l’interprétations par la seule vision progressiste de la modernité : fait aussi important que Gutenberg et l’imprimerie, certes, mais dont on découvre chaque jour un peu plus, avec la perspective métahistorique nouvelle que nous donne la crise terminale que nous vivons, qu’il se développe contre Gutenberg et l’imprimerie. Cette interprétation implique, au-delà de tous les appréciations romantiques et progressistes sur la culture populaire ou la popularisation de la culture, que l’imprimerie fut également, notamment et à notre sens essentiellement, par l’action qu’elle permit de développer au niveau de l’influence à partir de la Renaissance et surtout des Lumières, le moyen le plus puissant préparant le “déchaînement de la Matière”. C’est elle qui permit le triomphe du protestantisme, du progressisme déstructurant, l’attaque contre la tradition, etc. C’est elle qui permit la révolution américaniste autant que la Révolution française et, bientôt, l’établissement du Système dans toute sa puissance. Selon cette hypothèse, c’est contre tout cela, et donc contre Gutenberg, que se mit en place et que se développa l’Internet comme système antiSystème. (Nous voulons donner ce jugement du point de vue métahistorique, quelques nuances positives que l’on puisse apporter à ces divers phénomènes. Ce qui nous importe en l’occurrence est l’effet fondamental que nous constatons, et la contribution primordiale qu’apporta à cet égard l’imprimerie, dans le sens que nous disons.)
L’immense événement du XXIème siècle selon ce point de vue de l’organisation des systèmes, et la non moins immense surprise, ce serait donc de découvrir combien le système de la communication offre à la psychologie, avec l’Internet, une diversité/complexité qui s’organise en un monde de dissidence. L’intérêt non moins immense de cette situation est que le Système, par l’organisation même qu’il a voulue, ne peut se passer du système de la communication qui continue à le servir par certains aspects, et qui est parallèlement en train de le dévorer.
L’on comprend combien nos définitions ne se différencient nullement par le hard d’un côté, le soft de l’autre, ce qui était une des hypothèses du départ. Les deux systèmes utilisent à la fois du hard et du soft, ils prétendent selon les circonstances être hard et soft. Ce qui nous importe pour leurs différences de définition, c’est la différence des productions et de l’orientation de ces productions, renvoyant d’ailleurs aux définitions initiales, en début de texte. Ce qui nous importe pour la conclusion de cet exercice de définitions comparées, c’est de fixer la dynamique de leurs rapports respectifs.
L‘essentiel de la conclusion, qui sous-tend toute notre démarche concernant la prépondérance du facteur psychologique dans la ferme installation de l’ère psychopolitique, c’est l’effacement ultra-rapide du système du technologisme, jusqu’à son effondrement, notamment sous les coups du système de la communication dont l’ambivalence a fait de lui un paradoxal système antiSystème par bien des aspects essentiels. Ainsi le système de la communication est-il amené à contribuer à l’effacement complet de la dynamique de surpuissance du système du technologisme, en accélérant la transformation de cette dynamique de surpuissance en dynamique d’autodestruction.
Aujourd’hui, l’aspect-Janus, la trahison antiSystème sont le caractère dynamique dominant du système de la communication. Sa puissance se mesure notamment dans sa capacité à intégrer à son avantages les technologies, pour les retourner contre le système du technologisme dont ces technologies sont issues. Il n’y a pas, à notre sens, de “concurrence idéologique” entre les deux systèmes, ni entre le système de la communication par rapport au Système, mais la nature même du système de la communication qui le conduit à développer son hostilité aux tentatives de contrôle sur lui, tant du système du technologisme que du Système en général. Le système de la communication n’est pas rebelle ou dissident par choix idéologique ou politique, mais par l’entraînement de sa dynamique d’expansion de l’information et de l’alimentation de nouvelles organisations qui sont par leur nature indépendante considérées avec hostilité par le Système. Il est peut-être l’exemple achevé du cheminement naturel vers la production d’une puissance antiSystème, même née du Système, lorsque l’univers est confronté jusqu’à l’intolérabilité à la puissance destructrice et dissolvante d’un phénomène tel que le Système.
(*) Nous avons conscience de l’importance essentielle de cette hypothèse dans notre rangement psychologique et métahistorique. Pour expliciter nos hypothèses sur ce mécanisme, nous reviendrons en de forces détails lors du traitement de chacun des éléments, ici le système de la communication, comme éléments à part dans le Glossaire.dde.
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