Galileo va bien

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Galileo va bien


20 mars 2003 — Le 18 mars, la Commissaire européenne Loyola de Palacio, Vice-Présidente de la Commission européenne, chargée de l'Energie et des Transports, a prononcé un discours sur l’état du programme Galileo (système de satellites de communication européens), lors de la “Journée d'information Galileo”. La Commissaire est optimiste pour ce qui est des perspectives de ce programme, ce qui est une bonne nouvelle. Cela vaut quelques explications, et cela vaut d’insister sur la chose parce que les bonnes nouvelles, aujourd’hui, c’est plutôt une denrée rare en Europe.

Le système européen Galileo est un programme fondamental, tant sur les plans économique, technologique et industriel, — que sur le plan stratégique. Des sources européennes indiquent, avec la nuance d’inquiétude qu’on devine, que le programme Galileo, ou plutôt la tentative de “destruction” du programme Galileo (c’est-à-dire son freinage, sa réduction, son ralentissement par tous les moyens, voire son contrôle), figure comme une des deux premières priorités stratégiques des Américains pour les 5 prochaines années, au niveau de diverses agences de sécurité nationale. Certes, Palacio nous présente à cet égard, du point de vue de la coordination avec les Américains, une image idyllique du statut de Galileo. Cela doit nous confirmer qu’effectivement la bataille fait rage.

La bonne nouvelle du bon état d’avancement du programme Galileo est une bonne nouvelle stratégique, dans ce qui est, dans le cadre politique général, une situation d’affrontement entre les USA et l’Europe. Cela n’est (surtout) pas dit mais cela doit se savoir.


Galileo va de l’avant


(...)

Je souhaite ici tout à la fois vous rappeler les raisons pour lesquelles la Commission est déterminée à mener à bien le programme Galileo, insister sur ses enjeux et ses opportunités, enfin vous faire part de mon optimisme. Comme vous le savez, la Commission attache une grande importance à Galileo.

Et ceci, pour deux raisons principales.

La première est industrielle. La radionavigation par satellite constitue une avancée technologique et une révolution sociétale équivalentes à celles engendrées récemment par le téléphone mobile. Elle promet également le développement d'une nouvelle génération de services universels. L'Union européenne ne peut rester absente de ce qui apparaît d'ores et déjà comme l'un des principaux secteurs économiques du XXIème siècle. Elle se doit de posséder son propre système. Il s'agit là d'un choix de politique industrielle, comparable à celui pris dans le passé pour d'autres grands projets européens comme AIRBUS ou ARIANE. La seconde raison est politique. Galileo constitue la véritable alternative à l'instauration d'un monopole de fait au profit du système américain GPS, conçu d'ailleurs dans une optique militaire, et de l'industrie américaine. Dès à présent, le «Temps GPS» et les technologies qui y sont associées sont largement répandues dans les sphères de l'économie et entendent se présenter comme le standard universel. L'Europe ne peut à long terme dépendre de systèmes ou de technologies élaborées hors d'elle-même pour certaines applications vitales au fonctionnement de la société de demain. Je vous rappelle que Galileo est un système civil, ce qui lui donnera un avantage déterminant par rapport au système américain, sur le bon fonctionnement duquel pèsera toujours la menace d'une dégradation ou altération volontaires. Galileo pourra ainsi offrir, pour certains des services proposés, les garanties juridiques et contractuelles de fonctionnement exigées par les sociétés modernes. Il constitue un véritable service public et offre à ce titre une garantie de continuité de services. Mais le caractère civil du système n'est pas le seul avantage de Galileo par rapport au GPS. Galileo aura aussi un degré de précision meilleur en raison de la structure de la constellation de satellites et des systèmes terrestres de contrôle et de gestion prévus. Mieux, il possédera une fiabilité supérieure car il comprendra un « message d'intégrité » informant immédiatement l'utilisateur des erreurs qui apparaîtront. En outre, à la différence du GPS, Galileo sera reçu sans aléas dans les villes et dans les régions situées à des latitudes extrêmes.

J'insiste également sur le fait, évident, mais dont l'on n'a peut-être pas encore tiré toutes les conséquences, que Galileo est un système mondial. Il en découle que la coopération internationale est un élément essentiel pour promouvoir le savoir-faire européen et retirer le maximum de bénéfices du programme. Outre l'harmonisation technique avec les systèmes existants, elle s'avère indispensable pour pénétrer les marchés et développer les équipements au sol.

S'agissant plus précisément des relations avec les États-Unis d'Amérique, les discussions sont très avancées en ce qui concerne l'interopérabilité entre les systèmes Galileo et GPS. Un accord pourrait intervenir sur ce point très prochainement. La Commission tient beaucoup à la complémentarité entre les deux systèmes, car :

• d'une part, l'utilisation harmonieuse des deux infrastructures apporte un réel avantage en termes de précision et de sécurité en cas de défaillance de l'une des deux ;

• d'autre part, l'existence de deux systèmes indépendants est bénéfique pour tous les utilisateurs qui pourront recevoir les signaux GPS et Galileo sur un seul et même récepteur.

Les développements précédents témoignent, de la part des institutions européennes, d'une volonté sans faille de faire de l'Union européenne l'un des très grands acteurs de la radionavigation par satellite au vingt et unième siècle. Mais la volonté politique ne suffit pas. Elle doit être relayée par le dynamisme des entreprises européennes, et en particulier par toutes celles que vous représentez ici aujourd'hui, qui, seules, possèdent la capacité de construire le système, de le faire fonctionner et, surtout, d'en tirer le meilleur parti en matière de développement des services associés.

Sans vouloir à nouveau insister sur le potentiel considérable et sur les opportunités innombrables qu'offre le programme Galileo, je tiens à rappeler que la radionavigation par satellite va intéresser et, pour partie, intéresse déjà un très grand nombre d'activités. Si chacun a en tête les développements prévisibles dans le secteur des transports, les applications de cette nouvelle technologie vont en réalité bien au-delà de ce seul secteur. Sait-on, par exemple, que l'agriculture de précision est révolutionnée aux États-Unis par l'utilisation du système GPS ? Ou bien que les transactions financières dépendent dorénavant du temps fournit par les satellites de radionavigation ?

Je tiens à dissiper quelques inquiétudes. Il est vrai que le lancement du programme Galileo a connu bien des vicissitudes. Le Conseil a tardé à adopter le règlement créant l'entreprise commune chargée de superviser la phase de développement. Aujourd'hui encore, les difficultés apparues au sein de l'Agence spatiale européenne entre certains États membres ne donnent pas une bonne image du déroulement du programme et pourraient, si elles n'étaient pas rapidement surmontées, compromettre le respect de la date de mise en service opérationnelle prévue en 2008. A cet égard, je tiens à souligner la contradiction qui, à mes yeux, existe entre, d'un côté, le discours des États membres de l'Agence spatiale européenne insistant sur l'importance de Galileo et l'urgence à poursuivre le programme, et, d'un autre côté, l'attitude négative dont font preuve ces mêmes États membres lorsqu'il s'agit de trouver des solutions propres à résoudre les difficultés.

En dépit de ces obstacles, je puis vous assurer que le programme continue. Tout d'abord, s'agissant des difficultés de répartition de financement au sein de l'Agence spatiale européenne, vous remarquerez qu'elles se traduisent, non par un manque de financement, mais au contraire par un surplus de financement ! Cela mérite d'être dûment souligné en cette période de difficultés budgétaires et témoigne, s'il en était besoin, de la priorité que les États membres accordent à Galileo.

Par ailleurs, depuis la décision prise en mars 2002 par le Conseil de l'Union européenne de créer l'entreprise commune Galileo, la Commission a veillé à mettre tout en place pour un démarrage rapide des activités de cette entreprise à partir, pour l'instant, du seul financement communautaire.

Elle a notamment :

•  réuni le premier conseil de surveillance le 25 novembre 2002, lequel a permis l'engagement des premiers versements venant du budget communautaire : 240 millions d'euros sont d'ores et déjà disponibles ;

•  engagé les travaux visant à établir le schéma de concession qui conduira à lancer cette année un appel à concessionnaire en vue d'une sélection dès 2004 ;

•  mis en place un comité de sécurité et préparé une proposition visant à constituer la future autorité de sécurité qui encadrera le système ;

•  progressé dans la conclusion d'accords internationaux visant l'interopérabilité avec les systèmes existant et une coopération scientifique, technologique et industrielle avec de nombreux pays tiers ;

•  proposé, comme directeur de l'entreprise commune Galileo, une personnalité reconnue par le monde des affaires. Enfin, la communication de la Commission du 25 septembre 2002 sur Galileo a permis au Conseil des Ministres d'avaliser la définition des services à inclure dans les appels d'offres qui seront bientôt lancés par l'entreprise commune et l'Agence spatiale européenne.

La Commission continuera à faire tout ce qui est en son pouvoir pour que les phases de développement, de déploiement et d'exploitation du programme Galileo se déroulent comme prévu. Comme je vous l'ai dit, les fonds permettant la poursuite de la phase de développement ont été débloqués et transférés à l'entreprise commune. Les équipes de recherche poursuivent leur travail. «Et pourtant, il tourne !», oserais-je dire, pour conclure, en parlant du programme Galileo et en paraphrasant le grand savant italien dont le nom nous est à tous familier

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