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3588• La contestation estudiantine aux USA face à ce qui est perçu comme un génocide des Palestiniens, prend l’allure d’une révolte. • Elle donne une nouvelle dimension à la GrandeCrise. • Avec un texte de Jessica Corbett.
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Les années de la décennie 1960, ce furent surtout des révoltes et, parmi elles, la révolte des étudiants, et parmi ceux-ci, des étudiants américains destinés à former des cadres américanistes. C’est dire le tonnerre qui résonna sur le monde libre, dans cette entité américaniste-occidentaliste qui, à cette époque, dominait le monde sans contestation possible. Voici que surgissent soudain des échos de ces années-là, que les universités américaines s’enflamment, à commencer par la prestigieuse Columbia University de New York. Ce n’est pas un cas isolé : le courant touche d’autres universités si bien que l’on peut parler d’une sorte de “révolte” estudiantine aux USA. La presseSystème, qui veille à notre extrême sensibilité et essaie d’éviter de trop nous inquiéter, en parle assez peu, fort peu, très peu, éventuellement pas du tout... Le texte ci-dessous nous donne diverses indications et précisions opérationnelles sur l’événement.
Tout cela rappelle sans nul doute les années 60 mais ce n’est pas du tout la même chose. Les causes, les conditions, les buts poursuivis, les enjeux sont complètement différents. Cela demande une interprétation précise.
• Durant les années 1960, les révoltes estudiantines prirent d’abord le sillon de la lutte des Noirs pour les droits civiques, y ajoutant la revendication d’une plus grande liberté pour la société en général, avec ses conformismes américanistes bien connus. Tout cela enfla et explosa lorsque le Vietnam, qui touchait directement les étudiants avec la conscription et connaissait une aggravation coinstante de la guerre, devint un sujet central de contestation et de révolte. C’est alors que le mouvement américanistes prit une ampleur monduiale, – on pourrait dire aussi “globale”, – et, dans nombre de cas, revint sur tous les sujets de société, notamment sociétaux, pour culminer avec Mai 68. Pendant ce temps, la situation politique US traversait des conditions épouvantables, notamment avec les assassinats de Martin Luther King et de Robert Kennedy, les troubles de la Convention Démocrate de Chicago à l’été 1968, et les révoltes dures des mouvements de contestation terroristes, – les ‘Weather Men’, la SDS, les ‘’Black Panthers’. Si beaucoup avaient des tentations révolutionnaires de renversement du système capitaliste avec le soutien des différents courants marxistes (qui rendaient suspectes ces tentations), les possibilités de réforme restaient possibles pour une majorité utopique des contestataires et l’on pouvait considérer que le système de l’américanisme n’était pas menacé dans son essence même.
• Quelle différence aujourd’hui ! Tout le monde est conscient de l’énorme crise où se débat le Système, dont le système de l’américanisme est la poutre maîtresse avec un Amérique « devenue folle » et qui semblerait réclamer les excitations d’un effondrement accéléré. Les étudiants ne sont absolument pas privés de liberté, au contraire ils se déchaînent dans le délire du wokenisme qui a le soutien d’une partie des grands groupes capitalistes, autant que les contestataires des années soixante en étaient les adversaires déclarés. Par conséquent, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes chaotiques, invertis et hystériques, favorisé par l’administration Biden, complètement gangrenée par l’hyperlibéralisme globaliste complètement acoquinée à l’ultragauche wokeniste, sur fond complètement belliciste de la politiqueSystème... Il y a de quoi le devenir complètement !
• Puis vint le 7 octobre 2023, l’attaque du Hamas, la riposte israélienne prenant aussitôt des allures de liquidation frappant la population palestinienne assimilée au terrorisme anti-israélien. Le mot “génocide” fit alors son apparition, rythmé par les missions d’attaque aérienne, les tirs des chars ‘Merkava’ et l’aimable furie liquidatriuce de la troupe. L’ampleur de l’action israélienne en même temps que la réaction immédiate d’une politique ambiguë (c’est-à-dire 98% pro-israélienne au lieu de l’être à 100%) de l’administration Biden et du Congrès alimentèrent largement un mouvement de grave contestation aux USA. Nous y sommes et les choses ne s’arrangent pas. On y voit même des personnalités politiques comme Nancy Pelosi se ranger contre Israël et l’on commence à se demander si le Système lui-même n’est pas placé devant une épreuve existentielle, ce qui serait bien dans ses manières autodestructrices.
• C’est dans un tel contexte que la contestation étudiante, effective d ès le départ de la séquence, prend des allures de révolte, avec une répression extrêmement dure et une position extrêmement ferme des autorités universitaires qui avaient tout cédé sur le wokenisme mais retrouvent un conformisme de fer lorsqu’il s’agit d’Israël. Ainsi peut-on dire que cette contestation-devenant-révolte pourrait bien être, non seulement la goutte d’eau qui fait déborder le base, mais l’allumette qui embrasse la paille sèche d’un Système d’ores et déjà aux abois.
Suivons donc avec une certaine fascination comment l’histoire repasse les plats, non pas sous la forme d’une farce, mais sous la forme d’une tragédie-bouffe qui tendrait à se débarrasser de son côté bouffe (le wokenisme) pour en venir à la tragédie tout court. Tout se fait, aujourd’hui, sur le mode de l’inversion.
Le texte ci-dessous est de Jessica Corbett, de Common Dreams, repris en français par ‘Spoirit of Free Speech’. Il est présnté sous le titre est sous-titre suivants :
« L'université de Columbia dénonce la suspension & l'arrestation d'étudiants pour avoir manifesté contre la guerre à Gaza
» “Nous sommes horrifiés de voir des enfants pleurer leurs parents tués, des familles mourir de faim & des médecins opérer sans anesthésie. Notre université est complice, voilà pourquoi nous protestons”. »
D’ores et déjà, et pour clore en beauté ce commentaire, il nous faut mettre en évidence ce phénomène : la crise du wokenisme qui bouleverse le monde universitaire et estudiantin depuis cinq ans aux USA se transmuant brusquement en une révolte à caractère politique qui agit directement, sous un autre angle, en une nouvelle ‘subcrise’ aux USA, sur la GrandeCrise.
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Plus de 34 000 Palestiniens de Gaza ont été tués par les troupes israéliennes soutenues par les États-Unis, et des étudiants de l'université Columbia ont été suspendus et arrêtés par des agents de la police de New York ces derniers jours pour avoir protesté contre le massacre, entraînant un débrayage de la faculté de l'institution de la Ivy League lundi.
Le Guardian rapporte que
“des centaines de membres de la faculté de Columbia ont débrayé en solidarité avec les étudiants qui ont été arrêtés” tandis que “les étudiants ont remonté des tentes au coeur du campus lundi après qu'elles aient été détruites la semaine dernière lorsque plus de 100 arrestations ont eu lieu”.
Yonah Lieberman, cofondateur de IfNotNow, un groupe américain dirigé par des Juifs qui s'organise contre l'apartheid israélien, a déclaré :
“Solidarité avec ces membres de la faculté. Honte aux politiciens de l'establishment et aux agitateurs qui salissent la manifestation anti-guerre à Columbia en la faisant passer pour autre chose que ce qu'elle est : une prise de position courageuse en faveur de la liberté et de la paix”.
Naureen Akhter, membre fondateur du groupe Muslims for Progress, basé à New York, a déclaré :
“Merci aux professeurs qui se sont montrés solidaires des étudiants manifestants, qui n'ont pas cédé aux instigateurs qui attisent la haine et la division. N'oubliez pas que les appels à la transparence, au désinvestissement et à l'amnistie pour les étudiants ont été lancés !”
La députée Ilhan Omar (D-Minn.) - qui critique la guerre d'Israël contre Gaza et dont la propre fille, Isra Hirsi, a été suspendue du Barnard College de Columbia la semaine dernière pour “s'être solidarisée avec les Palestiniens confrontés à un génocide”, comme l'a dit la jeune femme de 21 ans, – a également pris note du débrayage des enseignants et du “mouvement de solidarité avec Gaza à l'échelle nationale”.
“C'est plus que ce que les étudiants espéraient et je suis heureuse d’assister à cette démonstration de solidarité”, a déclaré Mme Omar. “Mais il s'agit du génocide à Gaza, et l'attention doit rester focalisée sur ce thème”.
Le débrayage à New York a fait suite à l'envoi par 54 professeurs de la faculté de droit de Columbia d'une lettre aux administrateurs dans laquelle ils déclarent :
“Bien que notre faculté ne soit pas en accord avec les questions politiques pertinentes et n'exprime aucune opinion sur le bien-fondé de la manifestation, nous écrivons pour demander instamment le respect des valeurs fondamentales de l'État de droit qui devraient régir notre université.
“L'irrégularité de la procédure, le manque de transparence dans la prise de décision de l'université et l'implication extraordinaire de la police de New York menacent la légitimité de l'université au sein de sa propre communauté et au-delà de ses portes”, écrivent-ils. “Nous demandons instamment à l'université de se conformer à des procédures claires et bien établies en matière de discipline des étudiants, qui respectent l'État de droit”.
Dans une déclaration faite tôt lundi, quelques heures avant le débrayage, la présidente de l'université de Columbia, Minouche Shafik, qui a permis la semaine dernière l'arrestation par la police de New York d'étudiants sur le campus, a annoncé, dans sa première déclaration depuis l'opération de nettoyage, que tous les cours se feraient en ligne “afin de désamorcer la colère et de nous donner à tous la possibilité d'envisager les prochaines étapes”.
“Les professeurs et le personnel qui peuvent travailler à distance doivent le faire, et le personnel indispensable se présentera à son poste de travail conformément à la politique de l'université. Nous préférons que les étudiants qui ne vivent pas sur le campus ne s'y rendent pas”, a déclaré M. Shafik. “Au cours des prochains jours, un groupe de travail composé de doyens, d'administrateurs de l'université et de membres du corps enseignant tentera de trouver une solution à cette crise.”
Le groupe national Jewish Voice for Peace (JVP) a accusé lundi Columbia d'avoir instauré “un climat de répression et de préjudice pour les étudiants qui manifestent pacifiquement pour mettre fin au génocide israélien contre les Palestiniens de Gaza” au cours des six derniers mois.
“L'université de Columbia a activement instauré un climat hostile pour les étudiants palestiniens ou ceux qui soutiennent la liberté des Palestiniens. En outre, les actions de l'administration ont rendu le campus beaucoup moins sûr pour les étudiants juifs”, a déclaré le JVP.
Selon JVP, “au lieu d'écouter les appels des étudiants de Columbia et de Barnard à se désengager du génocide perpétré par le gouvernement israélien, l'université a fait appel à la police de New York pour arrêter des étudiants, les suspendre et même les expulser. À l'heure actuelle, 85 étudiants, dont 15 sont juifs, sont suspendus.”
“La déclaration d'hier de la Maison Blanche, tout comme les responsables de l'université de Columbia, présuppose dangereusement et à tort que tous les étudiants juifs soutiennent le génocide des Palestiniens perpétré par le gouvernement israélien. Ce postulat nuit activement aux étudiants palestiniens et juifs.
“L'administration n'a pas seulement harcelé des étudiants juifs et n'a pas veillé à leur sécurité et à leur bien-être, elle a également entravé leurs pratiques religieuses pendant le shabbat et les a empêchés d'accéder à leur communauté juive à la veille de la Pâque.”
Bien que la déclaration du président Joe Biden ait officiellement porté sur la Pâque - une fête juive qui commence au coucher du soleil le lundi - et non sur les manifestations à Columbia et dans d'autres campus du pays, elle a été largement perçue comme une réponse aux protestations.
M. Biden a notamment déclaré :
“Nous devons nous élever contre la montée alarmante de l'antisémitisme dans nos universités, nos communautés et sur internet. Le silence est synonyme de complicité. Au cours des derniers jours, nous avons été témoins de harcèlement et d'appels à la violence à l'encontre des Juifs. Cet antisémitisme criant est répréhensible et dangereux, et il n'a absolument pas sa place sur les campus universitaires, ni nulle part ailleurs dans notre pays”.
Jonathan Ben-Menachem, doctorant à l'université, a déclaré à CNN que
“les étudiants de Columbia qui s'organisent en solidarité avec la Palestine - y compris les étudiants juifs - ont été victimes de harcèlement, de diffamation et maintenant d'arrestations par la police de New York. Ce sont là les principales menaces qui pèsent sur la sécurité des étudiants juifs de Columbia.
“Les étudiants contestataires organisent des prières communes inter-confessionnelles depuis plusieurs jours, et le Seder de Pessah se tiendra demain au campement de solidarité avec Gaza”, a-t-il ajouté. “Dire que les étudiants protestataires sont une menace pour les étudiants juifs n’est qu’une dangereuse calomnie”.
Les étudiants de Columbia pour la justice en Palestine ont déclaré dans un long communiqué :
“Nous sommes des étudiants militants de Columbia appelant au désengagement du génocide. Nous sommes exaspérés par les diversions médiatiques qui se concentrent sur des individus provocateurs qui ne nous représentent pas. Dans les universités de tout le pays, notre mouvement est uni dans la valorisation de chaque vie humaine.
“En tant que groupe hétérogène uni par l'amour et la justice, nous exigeons que nos voix soient entendues contre le massacre de masse des Palestiniens à Gaza”, poursuit la déclaration. “Nous sommes chaque jour horrifiés de voir des enfants pleurer leurs parents tués, des familles privées de nourriture et des médecins opérer sans anesthésie. Notre université est complice de cette violence et c'est pourquoi nous protestons”.
Le Columbia Spectator a rapporté lundi que le Columbia College avait adopté un référendum sur la question du désinvestissement qui
“invitait l'université à se désinvestir financièrement d'Israël, à annuler le Tel Aviv Global Center et à mettre fin au programme de double diplôme de Columbia avec l'Université de Tel Aviv”,
avec des votes respectifs de 76,55%, 68,36% et 65,62%. Toutefois, une déclaration d'un porte-parole de l'université a indiqué que le référendum n'entraînerait pas de modification des politiques du campus.
Au-delà de Columbia, des manifestations sont en cours dans des établissements tels que le Massachusetts Institute of Technology, l'université de New York, l'université du Michigan et l'université de Yale, une autre école de l'Ivy League, où au moins 47 étudiants manifestants pacifiques ont été arrêtés lundi.
Les personnes arrêtées ont été
“inculpées de délits de catégorie A, soit la catégorie la plus élevée de délits dans le Connecticut - le même niveau de qualification s'applique à l'agression au troisième degré”, selon le Yale Daily News. Citant un porte-parole de l'université, le journal étudiant ajoute qu'ils “feront l'objet d'une action disciplinaire à Yale, qui pourrait inclure un rappel au règlement, une mise à l'épreuve ou une suspension”.
Le journaliste Thomas Birmingham, qui se trouvait avec les manifestants de Yale pendant la nuit, a réagi aux déclarations de certains administrateurs en s'exprimant sur les réseaux sociaux :
“Voici ce que j'ai vu... 1. Des appels répétés et forts à rester pacifiques. 2. Des étudiants qui se croisent les bras en chaînes solidaires, enseignent l'arabe et l'hébreu et distribuent des pizzas et de l'eau. 3. De nombreux chants.”
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