Crise libyenne : la Turquie se positionne

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Crise libyenne : la Turquie se positionne

Que se passe-t-il donc au sein de l’OTAN ? Alors que les USA – par l’intermédiaire de Robert Gates – freinent des quatre fers pour éviter toute intervention en Libye, l’Union européenne continue à parler de zone d’exclusion aérienne et d’autres mesures à l’encontre de la Libye et de ses dirigeants libyens. C’est maintenant au tour de la Turquie de faire entendre sa voix et le moins qu’on puisse dire est qu’elle est bien différente…

Le site Romandie News relaie une dépêche de l’AFP sur les propos que le premier ministre turc a tenu aujourd’hui :

«Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a réaffirmé lundi son opposition à une intervention de l'Otan en Libye, estimant qu'une telle opération aurait des conséquences “dangereuses”. “Nous considérons qu'une intervention militaire de l'Otan contre la Libye ou un autre pays serait totalement non-profitable”, a-t-il dit lors d'un discours à Istanbul à l'ouverture d'un forum international, cité par l'agence de presse Anatolie. “Outre le fait qu'elle est inutile, une telle opération pourrait avoir des conséquences dangereuses”, a poursuivi le Premier ministre.»

La Turquie, pays membre de l'Otan, a souligné que l'alliance ne peut intervenir que lorsque l'un de ses membres est attaqué. Lors d'une visite fin février en Allemagne, M. Erdogan avait affirmé notamment : «L'Otan n'a rien à faire» en Libye, ajoutant qu'une intervention militaire de l'alliance était «impensable» et «absurde».

M. Erdogan s'est par ailleurs prononcé contre des sanctions contre le régime libyen, lors d'une interview à l'AFP le 23 février, jugeant qu'elles feraient du tort à la population libyenne plus qu'à ses dirigeants.

L'Otan estime que «le temps presse en Libye» et elle se tient prête à agir si elle en a le mandat, a déclaré la semaine dernière le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen, en marge d'une réunion des ministres de la Défense des 28 pays alliés.»

L’originalité de la position turque ne s’arrête pas là, puisque le journal 20 Minutes rapporte une autre information :

«Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a dit avoir proposé à Mouammar Kadhafi de nommer un président jouissant d'un soutien populaire afin de mettre fin à la crise libyenne. Dans une interview à la chaîne d'information arabe Al Arabia, Erdogan ajoute s'attendre à voir le colonel libyen “prendre des mesures positives dans ce sens”. “Nous voulons un arrêt des combats de part et d'autre, à la fois dans l'est et l'ouest de la Libye”, a ajouté le Premier ministre turc. Mouammar Kadhafi n'a pas de poste officiel attribué. Il est désigné par le titre de guide de la révolution.»

La Turquie se démarque donc une nouvelle fois tant de l’Occident que de la Ligue arabe dont la majorité des membres a approuvé l’idée d’une zone d’exclusion aérienne. Alors que le colonel Kadhafi reprend progressivement le contrôle du pays grâce à ses nombreux mercenaires et par là même rend totalement inutiles les tergiversations occidentales, la Turquie se positionne comme le meilleur voire l’unique interlocuteur possible pour la crise libyenne qui ne s’arrêtera pas avec les combats.

Crise après crise, exploitant au mieux l’espace laissé par les non-diplomaties américaine et française, la Turquie s’affirme toujours plus un interlocuteur incontournable au Moyen-Orient, un pays avec lequel il faudra compter à l’avenir.

Bilbo