“Climat groupthink” et le moteur de notre temps : une trouille kilométrique

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Le phénomène qualifié aux USA de “groupthink” (écrit en un seul mot par certains) est désormais cité de façon habituelle, sans précision particulière. Il est devenu une référence courante. Dans son article du 19 mars dans le New York Times, le général Paul D. Eaton écrit : « In the five years Mr. Rumsfeld has presided over the Pentagon, I have seen a climate of groupthink become dominant and a growing reluctance by experienced military men and civilians to challenge the notions of senior leadership. »

Un intéressant article de Danny Schechter, en date du 27 mars sur mediachannet.org, décrit le “climat groupthink” à l’intérieur de la presse américaine. Il se réfère d’abord au film de George Clooney (Good Night and Good Luck), montrant les milieux de la presse à l’époque du maccarthysme. L’atmosphère en est aujourd’hui très proche, sauf qu’elle s’est institutionnalisée, qu’elle est exigée par le système plus que par un homme ou un groupe. Nous sommes en plein “climat groupthink” : « A new book, ‘Lap Dogs,’ out soon, will detail how most of the nation’s news outlets cozied up to the Bush Administration with barely a negative word on its policies. The press, like the CIA, practices ‘group think.’ »

L’élément omniprésent pour le cas de la presse, c’est la peur. C’est elle qui est le moteur principal de cette attitude dans la presse, qui est le segment social le plus “exposé” à la réalité et doit donc le plus précisément s’en garder. Le “climat groupthink” est un phénomène qui s’inscrit dans notre conception du virtualisme, avec cette nuance de l’extrémisme de la position des journalistes: proches de la réalité, ceux-ci sont susceptibles de croire assez peu à la fiction virtualiste et la peur joue par conséquent un grand rôle dans leur attitude.

Un extrait du texte de Schechter illustrant ce climat, qui n’est pas né avec le 9/11 même s’il a été évidemment renforcé par l’événement : « As I discovered during eight years toiling inside ABC News, 20/20, most media professionals have an internal radar to guide them against stepping over real but unwritten rules of what you can or can not get away with.

» It is this radar that produces so much of the self-censorship that makes for bland news and middle-of-the road conformist reporting, safe, not sorry, is the guideline many follow. The news culture's rule of thumb being: stay in line or walk the unemployment line.

» It is this climate that makes it nearly impossible to have a frank discussion with news managers — as my partner Rory O'Connor experienced when he submitted MediaChannel readers' questions to CNN President Jon Klein who sidestepped most of them, retreating into old saws and banalities about getting the facts and being objective. »


Mis en ligne le 31 mars 2006 à 08H24