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1595Ci-dessous, nous publions l’éditorial du dernier numéro du premier volume (première année) de parution de dde.crisis. C’est le 10 septembre 2009 qu’a paru le premier numéro de la version “en ligne” de dde.crisis, qui prenait la succession de la Lettre d’Analyse de defensa & eurostratégie (publié en version classique, en papier vénérable). Ce numéro du 10 juillet 2010 étant le dernier (numéro 20) de la première année de parution de dde.crisis , la publication reparaîtra à partir du 10 septembre 2010.
L’éditorial marque cet événement et tente d’en tirer quelques enseignements.
»Il y a un an, paraissait le dernier numéro (édition papier) de la Lettre d’Analyse “de defensa & eurostratégie” (“dd&e”). L’émotion n’était pas absente, pour nous, après largement plus d’un quart de siècle de publication. Mais l’émotion ne doit rien céder à la volonté de poursuivre, jusqu’où nos pas nous portent... Pour cette raison notamment, – il y en a d’autres, évidemment, – ‘dde.crisis”, en parution en ligne, prit le relais.
»Aujourd’hui se termine la première année de parution de “dde.crisis” (interruption jusqu’au 10 septembre 2010, selon notre formule classique.) Bon anniversaire par anticipation logique, “dde.crisis” !
»L’occasion invite nécessairement à la réflexion. Il s’agit de considérer dans quelle mesure la reconversion est réussie, cela sur le cas bien particulier du changement thématique que cette publication a subi. S’il y avait des nécessités pratiques, concrètes, voire économiques au départ pour ce changement, nous avons “profité” de ces circonstances plutôt peu encourageantes (il n’est jamais très bon signe de devoir faire des économies) pour tenter de faire d’un mal un bien... En changeant le titre de la publication, de “dd&e” en “dde.crisis”, nous n’avons pas seulement marqué le changement de “formule”. Nous avons réellement effectué un changement thématique important.
»Les mots importants, lorsqu’on les détermine à partir d’une pensée embryonnaire, donnent en retour, une fois formulés, une impulsion nouvelle pour que cette pensée embryonnaire se développe et tienne des promesses auxquelles on n’avait pas prêté garde initialement. Ce fut le cas pour “crisis”, qui signifie “crise” en anglais mais aussi en latin (et c’est cette dernière traduction que nous retenons). Une fois choisi, le titre nous a restitué une impulsion nouvelle pour la recherche de thèmes, pour leur développement, etc. Au lieu de penser (!) le monde en termes de relations internationales classiques, d’attitudes et d’événements divers, nous l’avons pensé en termes de crises diverses et accumulées. De ce point de vue, nous fûmes bien entendu servi, rejoignant en cela notre conception que les crises forment désormais la structure (“structure crisique”) de l’évolution de notre monde. Ainsi “dde.crisis” devint-il un exercice passionnant alors qu’il n’avait été au départ qu’une formule de sauvegarde.
»“Exercice” réussi? Bien malin qui pourrait le dire, et encore plus malin qui croirait pouvoir affirmer qu’il importe de la dire. Pour nous, dans tous les cas, le fait est que nous nous sentons bien à l’aise dans ce cadre défini par un mot, parce que ce mot est un reflet fidèle et puissant de notre époque. De ce point de vue-là, du point de vue de la plume, du point de vue de l’artisan de l’analyse, du point de vue du chercheur et du récepteur des intuitions fondamentales, le résultat est bon, significatif, encourageant et heureux. Il reste à “dde.crisis” à trouver son lectorat, ce qui, on ne sera pas étonné de l’apprendre, n’est pas chose simple.»
Dans ce dernier numéro de la première “année” de dde.crisis, nous tentons d’établir une appréciation générale de la crise qui frappe notre civilisation, au travers de ce qui nous en paraît l’essentiel, – savoir, la “crise de la raison humaine”. Voici le sommaire de cette rubrique de defensa.
»• Le constat général de la situation crique que nous connaissons, situation issue de plusieurs siècles d’activités inspirées et guidées par la raison humaine, conduit à la mise en cause radicale de la raison humaine. • Face à ce constat, les derniers garde-chiourmes du système proclament le triomphe et l’intangibilité de la raison humaine, organisatrice du système général. • Entre ces deux extrêmes, l’affrontement est inévitable: pour venir au terme de la crise, il faudra écraser la raison humaine dans le rôle inspirateur et directeur de la civilisation qu’elle s’est arrogé. • Pour comprendre la dérive catastrophique de la raison humaine, on doit notamment et impérativement remonter au XVIIIème siècle et à la catastrophe qu’il a organisée, – cela au travers d’un mot singulier qui résume la mentalité du siècle: “persiflage”. • La capitulation de la raison humaine et son ralliement catastrophique à un puissant courant de la matière déchaînée s’explique par la fatigue de la psychologie humaine depuis la Renaissance. • Comment la raison humaine, minée par la fatigue de la psychologie, s’est volontairement asservie au courant déstructurant de la matière déchaînée qui régit la “deuxième civilisation occidentale”, ou “contre-civilisation”, depuis la fin du XVIIIème.
»• Sommes-nous en 1789 une nouvelle fois? Pour les événements, bien entendu pas; mais pour la fatigue de la psychologie, il y a sans aucun doute une correspondance évidente, et nul ne peut prévoir les événements qui en résulteront. • La crise de la raison humaine nous fait orphelins d’une parenté que nous croyions sanctifiée par le Progrès. Il y a des circonstances où il vaut mieux être orphelins que dépendre de parents illégitimes et diaboliques. • L’alternative nécessaire implique une révolution de la pensée: rétrograder la raison dans sa fonction originelle d’outil parmi d’autres de la pensée et réhabiliter des conceptions sur-rationnelles comme l’intuition et le domaine du sacré.»
Mis en ligne le 13 juillet 2010 à 05H06