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Article : Transgenre-turbo, “nouvelle façon d’être fou”

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son nom est personne

Marc Gébelin

  22/02/2018

C’est une hypothèse que j’avais faite autrefois en pensée… mais ce n’est même pas l’hypothèse constructiviste-marxiste bien connue de la Beauvoir "qu’on ne nait pas femme mais qu’on le devient", car… si seulement la mode, c'est-à-dire une dynamique à mortalité rapide, impulsée dans la société (peut importe par qui), est capable d’agir sur l’âme de certaines personnes au point qu’elles finissent par douter non seulement de leur sexe biologique mais aussi de leur sexe mental, affectif, psychique, un point Godwin d’une nature particulière est atteint.
Car un transgenre n’est ni un homo, ni un hétéro. Il n’est ni blanc, ni noir, ni non blanc ni non noir, il "se promène" dirais-je (du moins il le croit et peut-être l’affirme à ses amis), dans les genres qui de ce fait n’existent plus car leur référence c’est bien les hommes qui vivent dedans! Les genres ne sont pas suspendus dans le ciel! Le nom qu’on pourrait donc donner à ces nouveaux venus sur la terre est le fameux Outis, personne, mais pas dans le sens qu’Homère donne à son héros pour souligner l’acquisition par lui d’une nouvelle compétence issue de la donnée anthropologique innovante qu’Athéna symbolise, la raison intellectuelle (qui contient la Ruse).
Un transgenre est-il rusé ou tout simplement usé? Le nom de Personne qu’on lui applique désignera alors une absence, un vide psychique, un moi dissout, un lieu dévasté que la psychiatrie appelle tout simplement et avec raison, la folie.
 

Transgenre-turbo, dans un tourbillon crisique-turbo ?

David Cayla

  23/02/2018

Je me faisais la réflexion qu'avant l'ère de la "civilisation de la consommation de masse" (drôle de façon de définir une civilisation), l'immense majorité des gens n'avaient guère d'autres vêtements que ceux qu'ils portaient sur le dos tous les jours, et retiraient lors de la moisson s'ils ne voulaient pas suffoquer sous leurs vêtements de gros drap. A quoi j'ajouterais qu'en y réfléchissant un instant, ce serait une drôle d'idée que de porter des vêtements légers et donc fragiles pour s'employer aux travaux des champs (travaux manuels).

Du reste, si la vision de ces corps plus ou moins dénudés en plein effort a pu faire fantasmer certains écrivains, ces hommes et ces femmes en plein effort, si la question leur avait été posée de savoir à quoi ils pensaient, auraient sans doute invité le causant à se joindre à eux dans l'effort et réfléchir ensuite à ce qu'il aura ressenti en travaillant. Cette digression m'amène à la suite de mon propos, la construction des identités homme/femme, car quelque chose me dit que l'immense majorité des gens qui ont vécu sur terre ne se sont jamais posé la question.  Ils faisaient comme leurs parents, leurs proches, dans un univers où l'horizon se bornait le plus souvent à l'espace qu'ils pouvaient couvrir en quelques heures de marche. S'ils se pensaient comme le fils ou la fille de leur père et de leur mère, le frère ou la soeur de leurs frères et soeurs,... je doute qu'ils se pensaient en tant qu'homme ou en tant que femme si ce n'est que les hommes étaient très certainement et très naturellement attirés par les femmes, et réciproquement.

Mais dans notre société de consommation de masse où chacun est un inconnu pour l'autre, où l'injonction est de satisfaire son moindre caprice pourvu qu'on puisse se le payer ? Dans notre société où les parents sont contraints de déléguer à des tiers l'éducation de leurs enfants sans réaliser à quel point, et de plus en plus, les seuls contacts sociaux qu'ils auront seront d'autres enfants qui ont tout autant besoin d'une éducation que personne ne viendra leur apporter (ou disons, que des adultes leur apporteront par bribes) ? Comment construire son identité dans un tel univers qui vous propose en guise d'anxyolitique de vous réfugier dans votre propre petite bulle individuelle sitôt que vous en éprouverez le besoin ? Que ce soit une bulle technologique (smartphones,...), issue de la pharmacopée (antidépresseurs,...), voire aussi la bulle de son logement individuel… qu'on partagera… ou pas… avec un compagnon ou une compagne, avec ou sans enfants, dans la même chambre ou en faisant chambre séparée, en partageant les mêmes occupations, ou en ayant chacun ses occupations,... La quête du logement individuel pouvant d'ailleurs confiner à la folie, avec ces bulles immobilières en gestation un petit peu partout dans le monde…

Dans une telle société, et cela vaut d'abord pour les classes les plus éduquées ou dit autrement, les plus bourgeoises, les processus éducatifs ont tâché de compenser un temps cette absence des adultes par le biais de la coercition, mais le point de rupture a été atteint en 1968 lorsque la jeunesse estudiantine a découvert l'avenir qui serait le sien (tous ces efforts pour quelque chose qui n'en vaut absolument pas la peine ?). La démocratisation de l'enseignement qui a suivi n'a fait qu'élargir le phénomène à l'ensemble des couches de la société occidentale, avec pour corollaire un allègement constant des contraintes éducatives, une marche vers la néantisation par dissolution progressive de toutes les structures éducatives.

Alors la folie transgenre là-dedans… Une folie parmi d'autres, dans un monde pris de folie…

Epuisement puis folie que j'aimerais éviter

Didier Favre

  23/02/2018

Fascinante, cette idée que la description d’un phénomène nouveau le crée ou soutient son développement jusqu’à maturité. Le transcgenre relève d’abord d’un malaise avéré difficilement. Quand il est reconnu comme tel, il est disséqué scientifiquement et devient ainsi un phénomène acceptable. Il est alors popularisé et vulgarisé.
Se reconnaître homme ou femme a toujours été décrit dans la littérature comme une opération difficile avec des troubles plus ou moins sérieux. Je date d’une époque où être homosexuel était une honte absolue et les psychologues ou psychiatres expliquaient qu’un stade de développement était une période d’homosexualité latente qui n’aboutissait pratiquement jamais à l’acte.
Dans cet état de trouble, n’importe qui est facilement manipulable car il cherche plus ou moins désespérément un sens à ce qu’il traverse.
La normalité de l’homosexualité devient le sens de ce trouble. La normalité du transgenre devient un autre sens de ce même trouble. Je m’attends à voir surgir d’autres explications scientifiques. Je me demande même dans quelle mesure les lettres LGBT et toutes celles qui suivent selon les puristes n’est pas une application directe de cette recherche de sens.
Le père de toutes ces recherches de sens basées uniquement sur les pulsions sexuelles m’apparaît se nommer Freud. Il a ramené la personne entière à ses pulsions. Ces dernières définissent son identité dans le cadre freudien. Comme il a donné une apparence scientifique à ses découvertes, il est devenu admissible de croire que notre plus grande transcendance est notre envie de « baiser ». C’est scientifique donc c’est vrai.
L’avantage est que c’est sans la moindre connotation morale ou culpabilisante. Cela soulage de tout ce qui dépasse les envies personnelles. Le désir devient notre dieu. La libération sexuelle prend un goût assez bizarre quand je la regarde de ce point de vue.
L’inconvénient est que cela fait des nous des individus formatés dans un cadre sur lequel nous n’avons aucune prise car ce cadre est « scientifique ». Un chemin de sortie de cette uniformisation est la variété des pulsions. L’adorateur du désir peut affirmer son unicité en variant ses pulsions. Je date d’une époque où chacune d’elles était une perversité. Je prends le pari que si nous suivons la ligne de ces 40 dernières années elles seront toutes admises avec bien d’autres choses auxquelles je ne peux même pas penser. (NB : j’y renonce sereinement)
Cela lance aussi un très curieux phénomène. Il s’agit d’un côté de « scientifier » les comportements humains. C’est une forme de sanctification mais à l’aune du Système. Ces comportements deviennent des normalités, des choses normées. Si vous les suivez, vous devenez parfaitement prévisibles. Je pense ici aux mathématiques. Si vous appliquer des opérations mathématiques, le résultat sera inéluctable. Les programmes d’ordinateur peuvent servir d’image. L’important est que vous notiez que si vous savez un comportement « scientifié » vous devenez aussi particulier qu’une table de multiplication.
Cela révolte tout humain que je peux imaginer. Cela révoltera d’autant plus un adepte du Système qui se voit comme un dieu totalement libre de ses actes et à la conquête de nouvelles libertés à travers la science. Par conséquent, il va se mettre à la recherche d’une marque distinctive qui l’individualisera pour lui permettre de se voir comme le créateur de sa personne. Dans le cadre de l’identité par les pulsions sexuelles, il lui reste à inventer une autre sexualité. Je pense donc que l’alphabet ne sera pas suffisant pour nommer toutes les variantes existantes et à venir de la sexualité vue sous cet angle.
Ce manque de lettres n’est qu’un détail par rapport au problème que cela cache. À force de créer de nouvelles formes de sexualité, toutes plus ou moins rapidement assimilées par « scientification », nous adeptes du Système vont manquer d’options. Vraiment créer du nouveau à partir du domaine unique des pulsions sexuelles est, au mieux, limité dans le temps ou devient si bizarre qu’il est impossible de se faire reconnaître par la « science » comme un être particulier, un pionnier (archétype très bien connoté de nos jours). Le problème du manque de lettre cache le problème beaucoup plus sérieux du vide intérieur.
Ne plus avoir de nouvelles sexualités à créer (et cela arrivera très vite) va confronter les adeptes au vide de sens du Système. En deux mots : « Pourquoi baiser ? » Il n’y a plus d’identités à gagner dans l’opération. Il n’y a plus de conquêtes à faire. Il n’y a plus de territoires à découvrir. Il ne reste que les délires les plus fous. Là, je ne m’y avancerai pas.
Je n’ai qu’un exemple de roman de gare en tête. Le monsieur n’est excitable que si sa dame se fait recouvrir de mercurochrome. Si cela vous excite, vous êtes beaucoup plus moderne que moi. Avec cet exemple, je pense que les délires les plus fous deviennent possibles. Mais à ce niveau, les pionniers vont se sentir seuls car il laisseront derrière eux tous les humains moyens de mon acabit. Les premiers seront vis-à-vis des seconds un peu comme le barde Assurancetourix face à son public. « Barbares ! Ignares ! » tel était le jugement du barde.
Ce barde suscite quand même mon admiration. Je pense que tous les individus moyens voulant s’élever dans le Système ont un moyen assez pratique de le faire. Il s’agit d’écouter les experts. Les « scientifiques » du sexe pourront leur expliquer comment devenir meilleurs ou supérieurs. C’est toute une industrie et elle ne se limite pas au sexe. La « scientification » des comportements prend une très grande valeur.
Elle devient le moyen d’acquérir de nouvelles compétences, de nouvelles qualités, une nouvelle personnalité, de nouvelles libertés à très peu de frais. Il suffit de faire les gestes appropriés pour acquérir cela. Je pense ici à un drogué m’expliquant que le trip est une expérience transcendantale. D’autres que lui l’ont écrit et expliqué. Le comportement « scientifié » devient, vu sous cet angle, une drogue. Il suffit d’en prendre pour devenir supérieur.
Pour croire qu’un truc pareil peut marcher, il est impératif de croire que tout individu peut apprendre de l’extérieur tout et n’importe quoi. C’est une forme de divinisation de sa personne. Subitement, il est supposé capable de tout faire. Il est aussi impératif de croire que tout individu est, au fond de lui-même, un vide absolu qu’il est possible de remodeler à volonté. Si ces conditions étaient réalisées, ce qui est donné plus haut (consommer du sexe sous une forme nouvelle rend supérieur), alors il serait vraiment possible de devenir supérieur.
Cela place les pionniers au niveau des prophètes du paradis terrestre, des utopistes, des êtres ayant absolument tous les droits sur les autres. Ils donnent à leurs « frères humains » des libertés nouvelles, des moyens nouveaux, des territoires nouveaux, des valeurs nouvelles etc… C’est de l’autorité du plus haut niveau que je puisse imaginer. Le seul exemple que j’aie en tête se nomme Mahomet. Il a cette position pour les Musulmans.
Mais ici, je ne vois pas à quel dieu ces pionniers du sexe nouveau peuvent se référer. Croire qu’eux-mêmes suffiront pour être des dieux est faire preuve d’un orgueil sidérant. Nous retrouvons le vide. Le pionnier fait une trouvaille. Il est disséqué par des scientifiques et est vulgarisé au monde. S’il veut continuer à exister dans ce monde, il doit montrer que sa trouvaille a d’autres aspects que ceux qui ont été étudiés et transmis. À part ses adorateurs les plus proches, il va vite se faire oublier. Surtout que d’autres personnes aimeraient aussi être des pionniers adorés par leurs « frères humains ». Chaque chercheur centré sur lui-même, ici ses pulsions, est limité. Son épuisement total arrive à une vitesse assez stupéfiante.
Il peut être soutenu par ses adorateurs à qui il a donné sa nouvelle sexualité et faire des célébrations de sa personne pour s’encourager à continuer et à rassurer ses adeptes qu’ils sont dans la voie de la vérité. Ce soutient mutuel peut masquer le vide atroce de toutes ces personnes. Il ne peut pas le remplir.
L’effort exigé est tel que l’épuisement menace tout le monde. Après un moment, tous succomberont. La déception associée est terrible. Un banquier français avait travaillé avec Madoff et s’était retiré avant le scandale pour cause d’âge. Il s’est suicidé. Un de ses amis expliqua que cela a été provoqué par le fait qu’il a découvert dans le scandale que tout le travail et les relations qu’il avait fait et nouées était du vent. Il ne l’a pas supporté. Je crois que cet exemple se généralise aisément et à plusieurs niveaux.
Le cas de la sexualité délirante générée par des études « scientifiantes » n’est pour moi qu’un phénomène particulier de la très grosse histoire en cours. L’économie, la politique, la philosophie, les religions et bien d’autres choses sont « scientifiées » de la même manière par le Système. Elles sont toutes éviscérées de leur entrailles et dévitalisées. Elles sont toutes épuisées par le processus que je décris pour la sexualité. Elles sont à un niveau de vide intérieur qui commence à se voir. C’est nouveau.
Cela va rendre bien des gens complètement fous malgré leur parfaite santé mentale. Ils n’auront simplement plus les contacts nécessaires avec la réalité pour rester normaux. Je pense donc que de nouvelles formes de folie apparaissent maintenant ou vont apparaître.

Un culte du sexe qui naît avec le

Nicolas Prenant

  24/02/2018

Pour répondre à une question posée dans un commentaire, je cite la phrase que j'ai remarquée :

"Mais ici, je ne vois pas à quel dieu ces pionniers du sexe nouveau peuvent se référer. Croire qu’eux-mêmes suffiront pour être des dieux est faire preuve d’un orgueil sidérant."

La question posée m'évoque irrésistiblement le "divin marquis" très souvent cité, peut-être pas forcément ouvertement dans les milieux LGBT, mais dans certains milieux où le sexe est effectivement déifié.

Je crois que l'humain est formellement constitué pour ériger des mythes et des cultes, et que toutes ses dépendances peuvent acquérir un statut sacré à un moment donné, au moins pour l'individu concerné. La "science", parfois bien mal nommée en s'arrogeant pour elle seule le statut d'une discipline de connaissance, quand l'histoire humaine en a croisé bien d'autres, est fort bien placée pour prétendre à ce statut de religion moderne (ou postmoderne), avec sa prétention à des vérités universelles et ses saintes paroles qui valent souvent comme dogmes. Il est vrai que quand la science prétend tout expliquer et toucher à tout, il devient fort tentant d'y bâtir inconsciemment un clergé et des textes sacrés où deviennent hérétiques ceux qui s'accrochent encore aux anciennes traditions tout comme ceux qui seraient également "trop en avance". La sexualité hyper-spécifique jusqu'à devenir parfois purement individuelle, qui est défendue et justifiée par la science en acquiert de fait un caractère acceptable qu'il devient interdit de contester… D'où cette espèce de ferveur hystérique et religieuse qui surgit quand quiconque s'en prend à la "spécificité" d'un autre ou d'une minorité.