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Article : Le désert du système de l’américanisme

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L'hydre-système

Nicolas Prenant

  06/11/2016

Intéressant, cela faisait un moment que j'attendais une réaction sur les propos de Brandon Smith.

Ceci dit, Brandon Smith voit aussi l'effondrement du système comme inéluctable, sauf qu'il met l'accent sur la tendance aux détenteurs du pouvoir (politique, policier et autre) à s'accrocher à celui-ci. On sait qu'ils le font naturellement "pour le bien de tous", ce qui légitime toute forme d'abus, violence et perversion telle qu'observée dans le camp Clinton.

S'il me semble indubitable que le système s'auto-détruit, il me semble aussi inquiétant que cette caste improprement appelée "élite" ait effectivement tendance à survivre dans sa fonction d'élite par tous les moyens, et je me dis qu'au terme de cet effondrement, - s'il devait avoir un terme, ou peut-être plutôt des rebonds qui s'étireront interminablement à travers le temps - cette caste pourrait se refaire un masque de beauté pour reconquérir de plus belle un pouvoir qui est en effet en train de lui glisser des mains.

Certes, cette caste comme je l'appelle n'est ni uniforme ni homogène, et elle contient ses factions, contre-factions, et est souvent la propre contrefaçon d'elle-même, mais elle détient malgré tout une communauté d'intérêt qui pourrait la souder (comme une autre communauté d'intérêt pourrait souder les peuples contre elle), et en usant de l'instrument de la communication, dont elle a si bien abusé jusque là, pour malgré tout maintenir la majorité dans l'illusion, redorer son image et se maintenir dans le pouvoir décisionnel (par un mélange de tromperie et de force, comme le suggère également Brandon Smith).

Mais je ne suis pas particulièrement un partisan des thèses de Brandon Smith, même si j'y vois tout de même beaucoup de bon sens. Disons que je crois qu'il existe un rapport de force entre les gouvernants et ceux qu'ils gouvernent, en plus des rapports de force au sein de la gouvernance et au sein des gouvernés, et qu'on ne sait jamais comment ces rapports de force peuvent se construire, s'équilibrer, basculer… D'autant plus qu'ils sont tous simultanés, manipulés, instrumentalisés, etc., et que c'est tout l'intérêt de ce site, que de porter un regard critique et nuancé sur les aspects à la fois sérieux et tragi-comiques de cette guerre de la communication ainsi que de ce qu'il parait des dissensions au sein même du système, et je vous remercie pour cela.

Sur le fantasme de puissance, je crois surtout que les anti-systèmes se sont habitués, conditionnés, à être dans l'impuissance vis à vis d'un système qui tire les ficelles de la communication, qui est bien souvent le principal nerf de la guerre, dans les temps actuels (ère Bernays ?), et donc, par contamination (j'entends moi, membre du peuple, contaminé par ce sentiment presque ineffable d'impuissance auquel j'ai été confronté toute ma vie) nous pouvons certes éxagérer la toute-puissance du système. C'est sans doute ce qui arrive dans tout rapport dominant-dominé, où le dominé, quel que soit son degré d'indépendance vis à vis du système, matériellement et intellectuellement, ne lui échappe jamais complètement, et finit par le fantasmer comme un monstre mythique qui est à jamais à ses trousses, comme la peur du policier ou de big brother dicte le comportement de bien des adultes bien domestiqués.

En bref, je reste circonspect concernant l'effondrement. Le spectacle, ou cirque, auquel j'assiste un indubitablement celui d'un effondrement. Mais il est celui de l'effondrement d'un troll en perpétuelle régénération, d'une hydre dont les têtes repoussent par deux. A bien des égards, nous avons tendance à avoir de ce système une image de puissance primordiale à laquelle nous accordons volontiers et inconsciemment une valeur mythique qui accrédite sa surpuissance. Mais un jour, il est vrai, le panthéon peut tomber. Peut-il pour autant tomber complètement dans l'oubli, tant est forte sa marque sur nos inconscients d'animaux humains facilement suggestibles face à l'autorité et à la force ?

Tout cela n'aurait en effet que peu de valeur, si les symboles n'avaient tant de prégnance sur l'esprit humain, et c'est pourquoi je reste circonspect. Tant qu'il y en a pour croire à la Bête-système, cette Bête existe, et elle est forte.