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Article : Chronique du 19 courant… De la demi-honte d’être Français

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A la cape, ou la juste place retrouvée ?

Alain Vité

  19/11/2014

Peut-être effectivement que la France est à la cape, comme un navire empêché par une trop grosse tempête, qui ne peut que fermer les voiles pour s’épargner le vent, et espérer être encore en état au retour du calme. Toutes ces agitations du monde sont au delà des capacités d’intervention de la France. Peut-être que les gesticulations des divers dirigeants ne servent qu’à distraire les foules, “rassurer les marchés” [soupir las] et autres conventions de l’époque, avec un théâtre de Guignol permanent en attendant une époque meilleure.

D’un autre côté, peut-être que de Gaulle a été une exception amenée par les circonstances, qu’il a temporairement donné un sursaut à la France et l’a déroutée de sa médiocrité en progression depuis au moins les années 1870. Ce qu’on voit aujourd’hui dans la presse sur la Russie, n’est guère plus bête que ce qu’on lisait à l’époque sur la Prusse. Depuis les années 1970 avec l’après de-Gaulle, le pays retrouve peut-être sa trajectoire d’égaré, avançant sur son erre et précipitant toujours mieux son échouage. La France comme un canard sans tête, qui tient compagnie à Obama le “lame duck”.

D’un autre côté, la pression nord-américaine - fruit démesuré et hors de contrôle de la culture anglaise, né sur une terre trop fertile pour son propre bien - ne nous laissait pas beaucoup de choix sur le long terme.

N’empêche

La Révolution française a été la captation du pouvoir par les boutiquiers du Tiers-Etat, nouvelle aristocratie de parvenus vulgaires, plus qu’un avènement de la démocratie. Il est même possible qu’en coupant autant de têtes de nobles, la France ait privé l’Europe et le monde d’une voie alternative à celle de l’anglo-saxonnisme naissant : les alliances familiales aristocratiques formaient un tissu radiculaire serré, autant dans le pays qu’avec le reste du monde. Ce tissu et ses compétences auraient pu être utilisés par la France pour garder contact et influencer les autres pays, au lieu de les horrifier tous avec nos séances de guillotine, pour déboucher sur Bonaparte, puis Waterloo.

On avait déjà commis, plus tôt, la même erreur d’excès avec les Huguenots, qui sont aller survivre et faire fortune ailleurs avec leur audace et leur inventivité. L’anglo-saxonnisme triomphant doit beaucoup à la France pour ces deux raisons au moins.

Il n’est donc pas sûr que le pays soit dans une période si exceptionnellement mauvaise aujourd’hui. Nous vivons peut-être tout simplement un rattrapage de jeu, comme une machine usée qui retrouve sa position juste. Un rattrapage de jeu est en général rapide et parfois brutal, surtout quand il n’est pas décidé, comme celui que nous connaissons.

Evidemment, tout cela est subjectif et discutable, néanmoins un fait demeure : l’histoire d’un pays est une aventure collective de longue haleine, le fruit de son passé lointain. Tout comme la vie d’un quinquagénaire est le résultat de ses choix de jeunesse, accidents de parcours ou pas, le pays actuel est le prolongement de ces époques-là, et de ses déchirures anciennes avec le reste du monde.

Hollande est là parce que l’histoire des 30 dernières années lui a pavé le chemin. On aurait pu promouvoir quelqu’un d’autre pendant tout ce temps, mais ce fut lui. Nos forces intérieures sont ce qu’elles sont et influencées comme elles le sont. Si nous avions été autrement, tout aurait été différent. Et si ma tante en avait, on l’appellerait mon oncle.

Nous sommes ce que nous sommes et ça vient de très loin, ça n’a pas commencé avec la French American Foundation, ni autre bricole anecdotique à l’échelle d’un pays comme le notre. Nos forces sont là aussi, mais corriger nos pires faiblesses n’en fait pas partie, et ça non plus, visiblement, n’est pas nouveau.

La grâce de l'ecrit

Stephane Eybert

  19/11/2014

Bonjour,

A moitie de lecture de cet article, j’en jurais mes petits dieux que le texte n’etait pas de vous mais d’une autre personne. Ceci, car son style semble si different de celui auquel vous nous avez habitue. La, le souffle et l’harmonie ont une signature inattendue, comme s’il s’agirait d’une autre. Moins combattante, resolue toujours, mais detachee. Vos textes sont souvent incisifs et croustillants. On atteint ici un degre superieur. La grace est vivante je me dis.

Cordialement,

Stephane Eybert

Merci...

Morbihan

  20/11/2014

... de nous permettre d’écouter - et d’entendre - ce qu’a dit Emmanuel Todd sur Europe 1.

Tout y est dit de la vacuité de nos “élites”.

Tout y est dit de l’Ukraine, de la Russie, de l’Allemagne.

Merci, une fois encore.

Temps suspendu.

christophe

  21/11/2014

François Hollande est lui-même ce moment T de l’oeil du cyclone.
Moment de répit ou tous, nous nous s’apercevons que l’oeil fait bien parti du cyclone.
Moment de vent léger qui permet à tous, passé la stupeur de la 1er vague de tempête, de constater les dégâts, de reprendre conscience de nous-même et d’envisager notre survie face au 2sd passage du cyclone qui vient.
Je repense maintenant à ce tout petit livre, publié en 2007, écrit par quelques anarchistes français nommé “Comité invisible”.  Le titre de l’ouvrage est “L’insurrection qui vient”. Son contenu relève bien de la subversion et du principe de réalité : les liens humains plutôt que la marchandise, l’Amérique et les bourgeois (libertaires forcement) comme bras armé de la soumission et du nihilisme de la vie.
Au delà de ce groupe, la France bouillonne d’idées et de contre-idées. Les français se retiennent.
Ils sont au bord de quelque chose. Des choses
foudroyantes :
“(La France a toujours été comme ça, en avance sur les autres, on n’y peut rien elle est ainsi faite ; en avance sur les autres pour les catastrophes épouvantables comme pour les choses les plus sublimes.)” PhG.
L’Amérique le sait, c’est pour cela qu’elle s’emploie à nous émasculer consciencieusement depuis des décennies.
Entre l’énervement des peuples - des français en particulier, peuple qui rumine fort et tragiquement- et la colère hystérique d’un empire des bourgeoisies-unis qui sont prêts à tout pour survivre et prospérer, je ne fait aucun pari car je suis aussi dans l’oeil du cyclone,  un peu groggy, je reprends modestement conscience du réel et du spectacle du réel.
Je ne me considère pas comme quelqu’un d’intelligent et mon quotidien est très très modeste. J’ai compris, pourtant, qu’on ne me parlait pas comme à un homme, mais comme un enfant.
Nous sommes aujourd’hui nombreux à comprendre cette supercherie.
Nous sommes nombreux à percevoir qu’on veut que nous nous détestions entre frères et soeurs.  que nous ayons la haine de nous même.
J’ai entr’aperçu cela dès la fin des années 80 à la télé -j’avais à peine 20ans-  je ne comprenais pas ce masochisme.
“Le cercle de minuit” de Michel Field était l’endroit parfait pour exprimer la haîne de la France, Laure Adler lui succèda…
On connait tous le parcours professionnel de Michel Field à TF1.. et de Laure Adler à France cul.
Aujourd’hui cela est bien loin du monde dans lequel nous vivons, cependant,  ce qui passait à 23h30 en 1988 est la norme aujourd’hui de 23h à22h.