Notre sublime crise de la communication

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Notre sublime crise de la communication

Il n’y a pas aujourd’hui de sujet plus passionnant et intrigant à la fois que celui de l’information dans le cadre du système de la communication, qui constitue la principale ressource d’affirmation de pouvoirs représentant le Système, qui ne cessent d’être de plus en plus discrédités et délégitimés. Par conséquent, tout ce qui concerne les manœuvres de communication de ces pouvoir et, d’autre part, tout ce qui concerne les journalistes, leurs sources d’information, leur comportement, etc., sont des sujets également “passionnant et intrigant”. On précisera aussitôt que l’on entend parler ici de considérations et d’affirmations qui sont essentiellement à considérer au sein de ce que nous nommons bloc-BAO, c’est-à-dire l’ensemble des nations adhérant “de leur plein gré” aux valeurs néo-ultralibérales et postmodernes de l’ensemble “américaniste-occidentaliste”. Ce thème général est “passionnant et intrigant à la fois”, tout simplement et évidemment parce qu’il se trouve dans une crise profonde dont les conséquences catastrophiques ne cessent de s’ajouter les unes aux autres.

Cette “crise profonde” fait qu’on peut affirmer sans gros risque d’erreur que, parmi les réseaux de grande diffusion de l’information (site, vidéos, télévision, etc.) disponibles, les Russes de RT-com et de Spoutniksont parmi les meilleurs, les plus lus et les plus regardés, dans leurs différentes versions linguistiques, et cela au bout de moins de dix ans de présence sérieuse sur les voies de communication globales. Le 15 février 2019, Caitlin Johnstone a publié un article sur cette question (« Oui, Moscou soutient les voix anti-impérialistes. Et alors ? ») ; sa conclusion étant ceci, qui nous paraît une évidence mais qui doit être dite et redite, d’une façon appuyée, sans rien craindre des sottises terroristes et censureuses venues des flics du domaine :

« Alors oui, Moscou soutient bien sûr les voix occidentales[de communication]s’opposant au pouvoir de cet establishment [Washington & Cie] qui tente de saper et de renverser la Russie. Ces voix n’ont besoin d’aucune instruction pour s’exprimer contre cet establishment car c’est ce qu’elles feraient de toute façon et elles sont tout simplement reconnaissantes d’avoir enfin une tribune puissante[les réseaux russes]pour faire connaître cette opinion. Et c’est une très bonne chose qu’elles disposent de cette tribune pour s’exprimer. Si les structures du pouvoir occidental ont un problème avec cela, elles devraient cesser leur refus systématique de présenter quiconque s’oppose à cette politique activiste qui détruit les nations extérieures et interfère dans la vie des citoyens.

» Il n’est pas nécessaire d’éprouver une sympathie considérable pour la Russie pour mesurer combien l’empire unipolaire est toxique pour l’humanité, et la plupart des Occidentaux qui s’opposent à cette toxicité n’ont pas plus de sentiments particuliers pour la Russie que pour la Turquie ou les Philippines. Il se trouve que la Russie a installé une plate-forme dans le vide laissée par les principaux médias [occidentaux]qui font tout leur possible pour les réduire au silence. Et alors ? L’alternative est la réduction au silence de toutes les voix des dissidents. Le fait que la Russie permette à quelques-uns d’entre eux de sortir du silence où on les avait réduits n’est pas le problème. Le problème est qu'ils ont été réduits au silence. »

(Pour illustrer cette conclusion évidente, Johnstone signale ce tweetde Mark Curtis (@ markcurtis30), historien spécialisé dans la politique extérieure du Royaume-Uni, du 7 décembre 2018 : « J’ai fait hier une interview avec l’émission Going Underground sur la politique étrangère du Royaume-Uni depuis 1945, à diffuser lundi. Pourquoi ? J'attendais un entretien avec la BBC depuis 1989, quand j’étais à Chatham House. L'appel n’est jamais venu. Alors j’ai donné ma première interview à RT. (PS. Je n’aime pas Poutine.) »)

Cette présentation ne nous semblait pas inutile pour conduire à deux textes sur les questions de communication et d’information en France, tous deux justement édités par le réseau russe Spoutnik-français, qui interviewe deux personnes (françaises) expertes dans le domaine. Les sujets débattus concernent bien entendu la crise générale que traverse la France, notamment avec la question des Gilets-Jaunes ; c’est-à-dire une crise puissamment liée à la situation de l’information et du système de la communication.

• Nous recueillons des précisions sur les agissements du pouvoir dans sa façon de “gérer” la crise, c’est-à-dire de la déformer à son avantage selon sa propre croyance et ses propres calculs, l’une et l’autre s’avérant faussés en réalité... Macron et sa bande se distinguent particulièrement, nous confirmant dans l’idée qu’il s’agit bien d’un Fake-président qui semble prisonnier de son destin de provoquer sans cesse, par ses initiatives, une aggravation de la situation crisique qu’il voudrait maîtriser

Macron fait du “métacomplotisme” selon François-Bernard Huyghe, « soit le fait de dénoncer le complot des complotistes en pratiquant soi-même du complotisme. »Avec Huyghe, on peut effectivement jeter un rapide coup d’œil sur la situation française, avec l’obsession du pouvoir des FakeNewset de toutes les formes possibles de rejet par tous les moyens de manipulation des responsabilités des crises sur d’autres groupes, d’autres manœuvres, d’autres responsabilités que ceux et celles qui dépendent de ce même pouvoir. On relève sans surprise la contre-productivité de toutes ces démarches de manipulation, réalisées parfois par les “métacomplotistes” avec une assez bonne conscience mais en toute inconscience des effets sur la psychologie des électeurs et des “citoyens” comme ils aiment à dire : « [...A]attribuer un vote au fait que vos adversaires sont des méchants qui osent mentir, c’est enfantin [... et], ça prouve le mépris dans lequel on tient les électeurs et le fait qu’on pense qu’il suffit que votre adversaire mente pour gagner. »

• Un deuxième texte est consacré à un journaliste qui se situe lui-même dans la grande majorité de cette profession, qui n’exerce guère d’influence, qui se situe à des postes intermédiaires ou très bas dans la profession, qui est le lupen-prolétariat de ces élites détestées des “Français périphériques”. Selon Olivier Goujon, photo-reporteur et auteur de Ces cons de journalistes, sur les 35 000 journalistes professionnels en France, il y en a au plus 200, et peut-être plus sûrement 80-100 qui pèsent vraiment et forment “les élites” de la profession, ceux que détestent les Gilets-Jaunes. « Il y a l'application au secteur économique du journalisme d’une idéologie néolibérale, en l'occurrence autoritaire à bas bruit […] ...et puis en haut il y a des journalistes qui ont des prérogatives, qui vivent dans une tour d'ivoire et qui eux sont réellement déconnectés du terrain. »

Il est vrai que, “techniquement”, on sent bien que le fonctionnement de cette influence par relais, courroie de transmission et usage maximaliste du conformisme répété sur un mode pavlovien qui n’encourage guère l’originalité ni le feu de la conviction,passe par quelques dizaines de “têtes” (plutôt que “plumes”)qu’on retrouve sur tous les plateaux TV, dans les mêmes pages-édito, etc., toujours les mêmes avec les mêmes discours, les mêmes réflexes pavloviens, les mêmes sarcasmes, etc. Ces “élites”-là font plus parti de l’autre camp (le pouvoir, Macron & Cie) que de la profession de journaliste. La démultiplication à la fois de la technologie de la diffusion autant que de la complicité de caste fait le reste.

Finalement, ces deux textes aident à comprendre combien l’appareil d’influence du Système dans cette situation de crise très profonde est à la fois d’une structure ténue et d’une vulnérabilité certaine à cause du verrouillage des privilèges sur un petit nombre, et ceci et cela entraînant une perte de contact certaine sinon catastrophique avec les vérités-de-situation(« ...et puis en haut il y a des journalistes qui ont des prérogatives, qui vivent dans une tour d’ivoire et qui eux sont réellement déconnectés du terrain »). L’ensemble révèle une facticité extrême par rapport à l’efficacité et la précision de la puissance qui serait nécessaire pour protéger le Système contre les attaques qu’il subit aujourd’hui. 

Il nous semble bien en effet que l’appareil de communication nécessaire à la défense du Système n’a jamais été structuré d’une façon efficace, ni même réellement coordonné entre les structures du pouvoir politique et les forces qui le soutiennent dans le système de la communication. La puissance (celle du Système, celle de ses représentants, de ses privilégiés au plus haut niveau de pouvoir et de fortune) est certes partout présente comme Goujon le souligne bien pour les journalistes qui ne peuvent envisager aisément de tenter d’affirmer leur indépendance, mais elle ne semble pas préoccupée d’avoir les capacités de souplesse et d’improvisation qui la rendraient irrésistiblement efficace. Ainsi n’a-t-elle rien vu venirdes Gilets-Jaunes et s’enferme-t-elle, pour cette crise, comme dans des cas précédents dans d’autres relais du Système, dans d’autres pays, dans des affirmations absurdes à propos d’“ennemis” fabriqués de toutes pièces (la Russie, bien entendu), auxquels bien peu croient avec une extrême conviction et qui est pourtant en général et finalement la seule explication fournie pour justifier et edxpliciter la crise.

C’est bien ce qui fait que cette crise de la communication, pour le cas présent pour la France avec ses Gilets-Jaunes qui battent le pavé, est tout simplement sublime.Elle enferme le Système dans les illusions de sa puissance figurée en surpuissance irrésistible ; elle nourrit le discours de l’impuissance exacerbée de ceux qui détiennent  les commandes, jusqu’à faire monter vers l’excès catastrophique la tension de leurs psychologies sans cesse prise par surprise.

...Les deux textes ci-dessous, publiés par Spoutnik-français, sont tous deux de Jean-Baptiste Mendès et représentent des condensés de vidéos d’interviews : de François-Bernard Huyghe, spécialiste de la communication à l’IRIS et auteur de Dans la tête des Gilets jaunes(vidéo) : « Fake news, complotisme : “vous êtes bête ou méchant si vous ne pensez pas comme les élites” » ; de Olivier Goujon, photo-reporteur et auteur de Ces cons de journalistes (vidéo) : « Il y a l’application au journalisme d’une idéologie néolibérale, autoritaire à bas bruit ».

dedefensa.org

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Macron le “métacomplotiste”

Emmanuel Macron serait “métacomplotiste”. Le chef de l'État a déclaré la semaine dernière au Point que Sputnik et RT contribuent à grossir le mouvement des Gilets jaunes: « Ce sont des gens qui achètent des comptes, qui trollent. C'est Russia Today, Sputnik, etc. ».

Pour analyser ces propos et le phénomène des Fake news d'une manière plus générale, nous sommes allés à la rencontre de François-Bernard Huyghe. Ce spécialiste de la communication à l'IRIS et auteur de l'ouvrage, Dans la tête des Gilets jaunes (Éd. VA) travaille depuis des années sur les Fake news. C'est lui qui qualifie l'affirmation sans preuve de Macron de «métacomplotisme», soit le fait de dénoncer le complot des complotistes en pratiquant soi-même du complotisme.

Les membres du gouvernement ne sont pas en reste. Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, a ainsi estimé que des comptes liés à la Russie avaient été détectés et Mounir Mahjoubi, Secrétaire d’État chargé du Numérique, a évoqué des « forces étrangères » et « des groupuscules qui ne sont pas forcément des Nations » et investissent « massivement dans les réseaux sociaux ». Le Président de la République s'est aussi illustré sur ce terrain en janvier dernier, expliquant le Brexit par des Fake news diffusées par les partisans du “Leave”. Le chercheur nuance fortement cette affirmation: « Si on prend l’exemple du Brexit, il y a eu des propos délirants des deux côtés. »

François Bernard Huyghe rappelle ainsi les prédictions catastrophistes d'avant le référendum britannique des tenants du «Remain». Il estime également que ces infox constituent un symptôme et non une cause des crises populistes, c'est-à-dire qu'elles traduisent la méfiance chronique vis-à-vis des institutions, des partis politiques et des médias. Des fausses nouvelles qui ne viendraient que confirmer des préjugés idéologiques.

D'ailleurs peut-on mesurer l'impact de ces infox sur les votes? Le spécialiste de la communication se réfère à des études d'universités américaines, concernant l'élection de Donald Trump. Leurs résultats montreraient que ces fausses rumeurs sont noyées dans une masse d'infos plus véridiques, qu'elles sont extrêmement vite démenties et qu'il est très compliqué de mesurer leurs effets sur le vote. Il conclut ainsi: « Donc attribuer un vote au fait que vos adversaires sont des méchants qui osent mentir, c’est enfantin, franchement enfantin et c'est même grave, parce que ça fait un effet boomerang, ça prouve le mépris dans lequel on tient les électeurs et le fait qu’on pense qu'il suffit que votre adversaire mente pour gagner. »

Prenons deux cas d'école assez similaires, les signatures par le gouvernement et Emmanuel Macron du Pacte de Marrakech et du traité d'Aix-la-Chapelle. Deux textes qui ont suscité de nombreux commentaires complotistes, c'est vrai, mais qui posent certaines questions politiques qui auraient dû être débattues en place publique. Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan les ont vivement dénoncés, Jean-Luc Mélenchon s'est fendu lui aussi d'un billet vidéo pour dénigrer le second document. Le gouvernement et certains médias traditionnels ont coupé court au débat, accusant les responsables politiques de Fake news. Ne peut-on plus avoir en France un débat idéologique sans se faire accuser de mensonge ? « On l’assimile à du mensonge, ou à une volonté de déstabilisation, c’est à dire l'opinion critique est soit réduite à la stupidité et à la bêtise, soit assimilée à la méchanceté, puisque ce serait des subversifs qui essaieront de s'en prendre aux valeurs républicaines. Donc vous êtes ou bête ou méchant si vous ne pensez pas comme les élites. »

Et le chercheur de rappeler l'adoption récente de la loi sur les Fake news : « Si maintenant le fait d'avoir une opinion négative sur un traité international ou sur une question géopolitique est passible de poursuites judiciaires, que ça soit Mélenchon ou Le Pen, peut importe, on rentre dans une criminalisation de la critique, du moins dans la confusion entre l'idéologique, la Fake news, la désinformation et le complot. Là, on est en train de rentrer dans quelque chose qui devient assez grave. »

François-Huyghe analyse très bien ce sentiment de méfiance que ressentent les Gilets jaunes qui en manifestant, qui en se mobilisant sur les ronds-points, rejettent les élites. Il y associe le rejet du mépris, un sursaut de fierté collective de la France périphérique : « Ils se sentent socialement rejetés. Leurs enfants ont très peu d'avenir et surtout ils se sentent méprisés par la France d'en haut et méprisés plus que tout autre par Emmanuel Macron et ses petites phrases. »

 

« Ces cons de journalistes »

On connait les “journalopes”, les “presstituées” et les “Merdias”, les “éditocrates”, autant de qualificatifs éminemment fleuris sur les réseaux sociaux pour caractériser les médias et les journalistes en France. À l'heure où la défiance envers ceux-ci n'en finit pas de grandir, comme en témoigne le baromètre annuel de La Croix, publié le 24 janvier où certains de ses représentants se font lyncher dans les manifestations, de nombreuses questions se posent sur la profession. Sputnik a interrogé à ce sujet, Olivier Goujon, photoreporter et auteur de Ces cons de journalistes (Éd. MaxMilo).

Pourquoi un tel titre? « Évidemment, c'est ironique et provocant », me répond l'auteur, qui dresse dans son ouvrage un panorama peu reluisant de la profession, des journalistes d'en bas, des « trimeurs » sans aucun rapport avec les journalistes en vue, à la télévision.

Tout le monde a remarqué dans les manifestations des Gilets jaunes une aversion, voire une détestation vis-à-vis des journalistes des médias mainstream, en particulier de BFMTV. Accusés de connivence avec le pouvoir, de déconnexion avec le terrain, d'appartenir à des milliardaires qui les instrumentalisent pour servir leurs intérêts, les journalistes vivent une situation catastrophique. Ne niant pas ces problématiques, le journaliste Olivier Goujon évoque cette défiance chronique, mais la nuance : « L’important, ce n’est pas que tel journal appartienne à tel milliardaire, vous savez il y a toujours eu des financiers dans la presse et il y a toujours eu de l’argent dans la presse, l'important c'est de savoir d’où on parle. C’est ça la vraie question. Là, je suis à Spoutnik, je sais d’où parle Spoutnik. Si je vais au Média, je sais d’où parle le Média. Si je vais à France Inter, je sais d'où parle France Inter. Je connais son histoire, je connais les gens qui y travaillent, je sais s’il y a éventuellement une idéologie ou un positionnement politique derrière. »

Le photoreporteur, qui a voyagé dans plus de 160 pays, évoque également les différences entre journalistes, l'écart entre les “éditocrates parisiens” qui mènent grand train, qui font l'opinion dans leurs médias et souvent sur les réseaux sociaux, mais qui ne représenteraient pas la profession tout entière : « Quand on parle des journalistes, bien souvent on désigne deux cents éditorialistes, et 200 je suis généreux, c'est peut-être que 80 ou 100. […]De la même manière, quand des hommes politiques s'en prennent aux journalistes en général, ils désignent ces éditorialistes-là et ces gens-là décrédibilisent la profession, puisqu’ils ne représentent rien, ils ne représentent pas les journalistes.

» En tout cas, certainement pas la variété du paysage journalistique qui existe en France. Il y a 35.000 journalistes en France, ce n’est pas eux. Eux ils sont commentateurs sur certaines antennes et ils ont un accès presque permanent à des tribunes. Je ne veux pas citer de noms en particulier, ils sont souvent en place depuis trente-cinq, quarante ans, connivents, paresseux. Forcément, eux participent de cette décrédibilisation qui se manifeste dans le public. »

Conspué et réduit à peau de chagrin par les logiques de rentabilité à tout prix, le métier de Joseph Kessel, Lucien Bodard, Hemingway et Albert Londres est malgré tout, paradoxalement, auréolé de prestige, car il suscite de nombreuses vocations. En témoigne le succès des écoles de journalisme. L'auteur décrit dans l'ouvrage les réductions d'effectifs, les fusions, les rachats expliquant la précarisation progressive de la plupart des journalistes : « Il y a l'application au secteur économique du journalisme d’une idéologie néolibérale, en l'occurrence autoritaire à bas bruit […]La réalité des faits, en bas, c'est qu'il y a des journalistes crevards (dans le sens ou l'utilisait Varlam Chalamov, de celui qui se bat pour survivre) et puis en haut il y a des journalistes qui ont des prérogatives, qui vivent dans une tour d'ivoire et qui eux sont réellement déconnectés du terrain. »

Quand les journalistes sortant de l'école n’ont d’autre choix que de devenir pigiste, autoentrepreneur ou fournisseur de contenus, il est certain qu'ils sont affaiblis, en termes de rapport de force, face au rédacteur en chef et à l'actionnaire : « La précarisation, c'est le premier outil de la mainmise sur l'information. Quand on gagne 500 ou 800 euros par mois, on ne résiste à personne. Et quand vous gagnez 500 ou 800 euros par mois, la qualité de l'information, ce n’est pas le souci. »