L’USAF et la Russie en Syrie

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L’USAF et la Russie en Syrie

Une appréciation de la présence militaire russe en Syrie (ou pas) est venue d’un général de l’US Air Force, lors d’une intervention à l’une des deux conventions annuelles de l’Air Force Association (AFA), le principal lobby officiel de l’USAF. Comme on l’a déjà dit à plusieurs reprises, les interventions des chefs de l’USAF aux conventions de l’AFA représentent en général les communications les plus directes et les plus conformes aux conceptions et aux analyses de l’USAF, tant sur le plan opérationnel que sur le plan plus large, politico-militaire. L’intervention du général Hesterman, actuel adjoint au chef d’état-major de l’USAF doit donc être analysée avec intérêt. Avant ce poste, Hesterman a été le chef des forces aériennes pour CENTCOM (Central Command), de 2013 à 2015 ; la Syrieest do,nc un de ses points d'intérêt particulier.

Son appréciation (selon le Daily Digest d’AFA) est assez claire quoiqu’indirecte : les Russes sont en Syrie ou sont sur le point d’y être, à un niveau opérationnel élevé. Ce déploiement ne constitue aucune menace directe pour les forces aériennes US (“Ces gens ne sont pas intéressés par des actions aériennes contre les forces US présentes sur le théâtre”) ; les Russes sont là pour protéger Assad contre des incursions adverse et faire en sorte que “les ennemis d’Assad”, y compris des forces US, ne “s’approchent pas trop de lui”. Dans ces conditions nouvelles, estime Hesterman qui ne manifeste guère d'anatagonisme visà-vis de cette incursion des Russes, le conflit en Syrie devra se terminer par un arrangement politique où les Russes auront une place importante.

Par contre, Hesterman se montre beaucoup moins assuré quant au nouvel équilibre des forces que va amener la présence des Russes, si elle rendra “la situation pire ou meilleure” (y compris et surtout pour les USA, peut-on comprendre). Cela semble indiquer que l’USAF tient la présence russe pour acquise, qu’elle l’accepte quasiment comme légitime, qu’elle la juge comme décisive pour conduire à de nécessaires négociations, mais qu’elle ignore ce que cette présence produira comme nouvelle situation stratégique. (Sur ce dernier point, on peut comprendre qu’il y a là la crainte que la présence russe constitue une très sérieuse mise en cause de la prépondérance US qui régnait jusqu’alors dans la région, ce qui est notamment l’analyse israélienne. Mais Hesterman ne semble pas estimer que quoi que ce soit puisse, ni même doive être fait contre cela. C’est un des premiers signes que la direction militaire US est prête à reconnaître un sérieux déclin de son statut hégémonique dans la zone vitale contrôlée par CENTCOM, au profit de la Russie.)

« The introduction of Russian military forces and equipment into the Syrian civil war will make the conflict “far more complicated,” but the long-term impact on the fighting is very unclear, the former head of Air Forces Central Command said at ASC15 on Sept. 16. Lt. Gen. John Hesterman, the Air Force assistant vice chief of staff and former AFCENT commander from July 2013 to June 2015, said any operational commander would be concerned about “misinterpretation” in an environment where coalition aircraft are already flying anti-ISIS sorties over Syria. “But those guys aren’t interested in being in the air against the United States there,” Hesterman said, adding these forces are reinforcing Syrian President Bashar al-Assad’s regime and making sure the US and its domestic enemies “don’t get too close.” Hesterman added that anyone who has had to pay close attention to Syria will eventually conclude that the fighting will only end through a negotiated settlement, and with Russia’s entry into the fighting it likely gives Moscow a seat “when negotiations start.” The impact on the military balance, however, remains unclear. “I don’t know if it makes it worse or better,” he added. »