Le suprémacisme anglo-saxon réduit à un hybris en lambeaux

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Le suprémacisme anglo-saxon réduit à un hybris en lambeaux

La décision britannique, sanctionnée par le vote des Communes, d’entrer dans la bombastique offensive anglo-saxonne “contre les terroristes” en Syrie se définit par deux objectifs fulgurants : AMG (Assad Must Go) et la campagne aérienne des Russes. Un article de John Laughland dans RT, le 3 décembre, définit le second objectif, le premier allant de soi derrière une rhétorique aussi étrange que celle de Fabius-Talleyrand en France (Lors du débat aux Communes, « David Cameron s'est de nouveau ridiculisé en évoquant une possible future coopération avec les troupes syriennes d'un “gouvernement de transition” aujourd'hui inexistant. Parier sur un changement de régime en Syrie à l'avenir, en faisant abstraction du régime syrien actuel, c'est tout simplement poursuivre une politique à l'aveuglette. »)

Sur la campagne aérienne entreprise avec un contingent aérien réduit à quelques doigts d’une main incertaine et tremblante, Laughland écrit : « Quelle est donc l'explication pour la décision britannique? Elle est géopolitique. Ce ne sont pas les attentats terroristes à Paris qui ont poussé les Britanniques à rejoindre la “coalition” franco-américaine. C'est la campagne aérienne russe.

» L’annonce de cette campagne russe a profondément renversé l'échiquier en Syrie. En soutenant ouvertement Damas, Moscou s'est profilé comme une puissance incontournable au Moyen-Orient, et dans le monde, qui va peser sur l'évolution politique de la Syrie. Elle a saisi l'initiative de façon tellement flagrante que l'Occident était en mauvaise posture pendant plusieurs semaines avant de bricoler sa réponse inadéquate. Mais c'est bien cette initiative russe qui est désormais la nouvelle cible des bombes britanniques. Il ne s'agit pas de rallier la position russe ou de mettre de coté, ne serait-ce que provisoirement, les différends sur Assad pour donner la priorité à l'ennemi principal. Il s'agit au contraire de rattraper du terrain politique perdu à la Russie pour la frustrer dans ses objectifs. La guerre entre la Russie et l'Occident en Syrie vient de monter d'un cran. »

Il nous paraît pourtant difficile de parler de “guerre” (contre la Russie) et d’une entreprise “géopolitique“ dans le cas britannique (comme dans le cas US), tant les moyens employés sont ridicules, la planification complètement erratique, l’organisation réduite à une fraction du Grand-Désordre avec un renseignement quasi-inexistant et une coordination réduite à mesure, la crainte désormais constante de la “bulle” défensive russe (électronique d’annihilation des systèmes et des communications, systèmes S-300 et S-400), la mise à jour grandissante des connexions turques, c’est-à-dire indirectement de l’OTAN et des Anglo-Saxons avec le terrorisme, etc.

Les mots “guerre” et “géopolitique” sont complètement déplacés, à moins que l’on introduise celui de “communication” (“guerre de communication”) qui, du point de vue anglo-saxon, revient simplement à une tentative de sauvegarde de la perception d’une puissance réduite à des restes incohérent, c’est-à-dire le but de la pseudo-“guerre” réduit lui-même à une tentative de sauvegarde de l’hybris suprémaciste anglo-saxon d’ores et déjà lui-même réduit à ses restes et lambeaux. Ce type de démarche pouvait encore sembler avoir un sens en Ukraine où les Russes évitaient de toutes les façons possibles un engagement, mais elle est complètement hors de propos (irrelevent) dans une situation où l’engagement russe et massif et où la cohésion du bloc-BAO dont les Anglo-Saxons sont désormais comptables à cause de leur faiblesse est extrêmement aléatoire (notamment du fait de l’attitude des Français qui se trouvent, à cause de leur implication anti-Daesh désormais axe central de leur politique extérieure et intérieure, plus proches des Russes). On peut mesurer, depuis la cavalcade triomphante des Anglo-Saxons le temps d’un printemps (mars-avril 2003 en Irak), la chute de leur puissance, et plus encore, l’effondrement de la perception qu’on en a.

 

Mis en ligne le 5 décembre 2015 à 06H03

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