Le Souverain potiche du Nouvel Âge

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Le Souverain potiche du Nouvel Âge

Un Pape ventriloque, affublée de la dépouille de Saint-François d’Assise, capte l’attention des prompteurs médiatiques par les temps qui courent. Le Pape François n’a de cesse de faire «notre» mea culpa à propos des dérives d’un occident responsable de tout et de rien. Véritable parangon de vertu républicaine, le Souverain potiche prône un monde sans frontières où les moutons de panurge iront brouter où bon leur semble, sans se soucier d’appartenir à un troupeau en particulier. Rome s’occupera de mener le cheptel à destination, en invoquant les «droits de l’homme» et l’«amour» d’un Christ dépouillé de toute «sa substantifique moelle».

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Tenir un double langage

Présentement, le Pape François multiplie ses apparitions publiques en se faisant l’apôtre de la «simplicité volontaire» et de l’«ouverture aux autres». Il a, d’ailleurs, proposé, dans le cadre d’un discours prononcé devant le Parlement européen, en novembre 2014, d’ouvrir toutes grandes les vannes de l’immigration dans un contexte où l’Europe est sur le point d’imploser. Prônant la justice sociale, remettent à l’avant scène la doctrine sociale et économique de l’Église, l’actuel Pape mène une campagne de communication tous azimuts qui semble répondre, sur certains points, à celle qui a été orchestré par la Communauté européenne. Omettant de faire le lien entre l’immigration de masse et la pression à la baisse sur les salaires, le Souverain potiche fait le jeu du grand patronat.

Pendant que le Pontifex maximus joue les Che Guevara, la Curie romaine développe ses liens avec l’Ukraine et les pays ceinturant la Russie en mettant à profit tous ses canaux diplomatiques. Les principaux intéressés mènent des opérations intensives destinées à «protéger les minorités religieuses» de l’est de l’Ukraine et de la Crimée. La Saint-Siège se servant, notamment, des Uniates (confession hybride entre catholicité et orthodoxie) afin de mousser l’intégration éventuelle de l’Ukraine à l’Union européenne et de prôner une intervention plus poussée des pays satellites de l’«Empire» au cœur de ce pays dévasté. Il s’agit, manifestement de profiter de l’instrumentalisation politique et militaire de l’Ukraine pour gruger l’espace confessionnel orthodoxe.

La colonisation de l’espace symbolique

Fort curieusement, alors que les troupes Femen, pilotées par Georges Soros, quittaient l’Ukraine pour essaimer un peu partout en Europe, la Papauté entreprit d’investir un espace symbolique laissé vide après leur départ. Cet espace correspondait à l’émergence d’une conscience de classe, seul aspect véritablement «progressiste» du mouvement Femen. Pendant que les Femen s’activent sur toutes les tribunes, vociférant qu’il faille abolir la papauté, le Pape François multiplie les poignées de main avec des dirigeants «progressistes» tels que Evo Morales ou Rafael Correa en Amérique latine.

Les relais de l’information au service de l’«Empire» tablent sur la figure bien connue d’une résolution des problèmes directement inspirée par la dialectique hégélienne. Il faut créer des problèmes et proposer des solutions afin qu’une synthèse puisse permettre à la DOXA de perpétuer ses mythes. Si l’on se fie à ce schéma réducteur, le Pape représenterait la thèse, la Femen l’antithèse et … la rééducation d’un catholicisme jugé machiste et rétrograde la synthèse. Il s’agit d’un pontificat qui sert à faire la promotion des «droits de l’homme». Enfin un Pape progressiste, clame le cœur des pleureuses médiatiques !

Un savoureux « pas de deux »

Le «pas de deux» engagé par le Pape et la Femen atteindra des sommets en février 2013, alors qu’un escadron de protestataires aux seins nus occupait la nef de la cathédrale Notre-Dame de Paris pour «fêter le départ du Pape» Benedict XVI. Martelant trois des neuf nouvelles cloches du sanctuaire, les furies scandaient «Pope no more», en se trémoussant à la manière d’un cœur tragique. L’infortuné Benedict ayant démissionné avant la fin de son pontificat, il semblerait que l’onde de choc Femen ait contribué à provoquer ce remaniement in extremis.

Ce paradoxal tango, engagé entre la papauté et de mouvement Femen, sert à nous faire prendre conscience de l’inéluctable avancée de la postmodernité. Les opérations coup de point des Femen sont, principalement, dirigées contre un patriarcat vétuste et servent à faire la promotion de la lutte des sexes et de la théorie du genre. Du coup, la puissance de feu des médias met en scène les débordements intempestifs des activistes topless, lesquelles réclament la démission du Pape, symbole par excellence d’un patriarcat qui serait coupable de toutes les misères du monde.

Les deux faces d’une même pièce

Contre toutes attentes, ces deux figures symboliques finissent par se superposer au fil des actualités. Le Pape François semble se plier aux injonctions de la Femen, reprenant les fondamentaux d’un discours prétendument «progressiste» qui converge avec les desiderata de l’hyper-classe au pouvoir. Les «droits de l’homme», la «protection de la nature» et l’«ouverture aux autres» représentent les invariants qui sont utilisés afin de discréditer ceux qui s’aviseraient de promouvoir la nation ou la culture, comme prolongement de la tradition, et qui s’opposent à la formation de ce Nouvel Ordre Mondial s’imposant chaque jour d’avantage. Le Souverain potiche a, d’ailleurs, prôné l’établissement d’un «nouvel ordre mondial économique» lors de sa dernière tournée en Amérique Latine.

La papauté poursuit, vaille que vaille, son historique croisade afin de pouvoir, «si Dieu le veut», monopoliser la totalité des croyants sur cette terre. Cette institution millénaire est, de facto, mondialiste dans son essence même et elle a fondé sa puissance sur la dépouille d’un Empire romain qui n’a toujours pas trépassé. Ce n’est pas le «message» du Christ qui importe, mais bien le «salut des âmes » … cette salvation équivoque se confondant avec la domination impériale des sujets sous la bannière d’un «nouvel ordre» supposé garantir l’établissement du «meilleur des mondes». Nous connaissons tous la chanson … le Vatican profitant de son immense réseau de chancelleries pour faire passer, par la bande, des consignes hautement politiques aux dirigeants des nations condamnées à une inéluctable dissolution.

L’irrésistible marche du progrès

Soyons clair, en guise de conclusion : le Pape actuel est l’apôtre d’un «progressisme» paré des atours des «droits de l’homme». Cette irrésistible marche du progrès présuppose, à la manière d’une dogmatique, le nivellement des cultures au nom d’une «solidarité» mondiale qui permettrait d’abolir les antiques jougs tout en rapprochant l’humanité. La «différence culturelle» est célébrée, avec un Pape qui arbore un chapeau melon lorsqu’il visite la Bolivie, histoire de tendre la main aux «coutumes locales». Il s’agit de réduire la culture à une sorte de folklore innocent, puisqu’une culture authentique reflète toujours une tradition immémoriale qui fonde toute cité qui se respecte.

Il faudra s’y faire, la chrétienté est condamnée à se fondre avec la religion des «droits de l’homme». Et, nous savons, pour l’avoir étudié, que cette «religion» est toujours à l’avant-garde des campagnes d’agression militaire menées par les forces de l’«Empire». Le Pape François mousse un agenda politique qui s’emboîte parfaitement dans l’appareil critique des clercs au service de l’«Empire». S’il ne fait pas (encore) la promotion de la théorie du genre ou de l’abolition de la signification traditionnelle du mariage, il demeure que le Pape contribue à tout cet effort d’arasement des structures traditionnelles de la société occidentale. Loin de nous l’idée de prôner un retour à une version «fondamentaliste (1.0)» du Christianisme ou un repliement sur la base d’une lecture nostalgique de l’histoire. On ne peut pas revenir en arrière, mais cela ne veut pas dire qu’il faille couper ce lien fragile qui nous relie à la tradition, prise dans son sens anthropologique et symbolique le plus fécond.

Patrice-Hans Perrier

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