L’Allemagne et les migrants : division et incertitude

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L’Allemagne et les migrants : division et incertitude

Cette courte interview de Hansjorg Müller, membre du parti Alternative pour l’Allemagne (ou AfD, pour Alternative für Deutschland, pari eurosceptique opérationnel depuis avril 2014), par RT le 9 janvier, donne une bonne idée de la situation allemande, avec une crise des migrants qui s’est brutalement aggravée depuis le Jour de l’An (Cologne & Cie). Ce qui est notable, c’est l’incertitude qui marque la situation allemande d’une façon générale, ainsi que les précisions qui sont données sur la position et l’action du gouvernement. Comme c’est de plus en plus généralement le cas, la gauche européenne fournit les “masses” (relatives) de manœuvre du Système, de la globalisation, de la déstructuration, tout cela par l’habituel affectivisme qui lui tient lieu aujourd’hui de pensée politique.

RT : « En Allemagne, les mobilisations contre les migrants vont souvent de pair avec des manifestations appelant à la tolérance. Mais comment qualifieriez-vous le sentiment général qu’éprouvent les citoyens vis-à-vis des réfugiés ? »

Hansjorg Müller : « La situation s’échauffe et s’aggrave, il n’y a pas de secret. Les soi-disant démonstrations pour la tolérance sont fortement influencées par les autorités et par les services secrets, qui organisent ce genre de mobilisations. Maintenant la société est de plus en plus divisée entre les citoyens qui ne souhaitent plus souffrir dans leur propre pays et leurs opposants. Donc, il y a des manifestants de gauche mais dirigées en sous-main par l’Etat. »

RT : « La population a-t-elle changé de point de vue depuis quelques mois ? »

Hansjorg Müller : « C’est difficile à dire, au vu des statistiques officielles, mais comme l’a dit Winston Churchill : “Je ne crois qu’aux statistiques que j’ai falsifiées moi-même”. Les statistiques officielles indiquent que deux tiers [des citoyens] sont en faveur des réfugiés et qu’un tiers y sont hostiles, tandis que les statistiques non-officielles disponibles sur Internet, sur les réseaux sociaux, montrent presque l’inverse. Il est donc quasiment impossible de dire quelle est la réalité de la situation. »

RT : « La chancelière allemande Angela Merkel appelle maintenant à expulser les réfugiés et les migrants qui commettent des crimes. S’agit-il d’un changement de discours significatif ? »

Hansjorg Müller : « Je ne pense pas du tout qu’on puisse parler de changement. Certains observateurs savent peut-être que je parle souvent à Russia Today. Dans une interview que je vous ai donnée à la fin de l’année dernière, j’ai expliqué qu’Angela Merkel était une politicienne sans convictions, sans valeurs. Elle cède toujours à une certaine pression car son seul but est de rester au pouvoir. Hier, elle s’est exprimée peut-être sur un ton un peu plus féroce en disant que des réfugiés devraient être expulsés. Mais c’est purement tactique et ça n’a rien à voir avec un changement fondamental de sa politique. »

RT : « L’opinion publique serait-elle influencée par les évènements de Cologne ou s’agit-il plutôt d’une évolution logique ? »

Hansjorg Müller : « C’est une très bonne question, car elle nous renvoie à la question numéro un. Les gens, que veulent-ils vraiment ? Sont-ils pour ou contre le refoulement des réfugiés ? Ou n’y a-t-il qu’un tiers des Allemands qui le souhaitent vraiment ? Et si on ignore ce que veulent réellement les Allemands, il sera encore plus dur de leur donner satisfaction. »

 

Mis en ligne le 11 janvier 2016 à 10H49