Douguine, assécheur du Marais

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Douguine, assécheur du Marais

Dans notre texte du 16 novembre, nous vous présentions un texte de Douguine du 11 novembre sur la victoire de Trump, — essentiellement son aspect politique “opérationnel”, avec un accent très significatif mis sur le rôle de la presse antiSystème (Alex Jones, de Infowars.com). Nous vous annoncions un autre Ouverture Libre sur un autre texte de Douguine, du 14 novembre 2016, également sur Katehon.com. Il s’agit d’un texte, le Marais et le Feu, d’un domaine très différent : le géopoliticien mystique et philosophe, métahistorien, interprète la victoire de Donald Trump.

Douguine ouvre son propos à partir de l’hypothèse du caractère historique fondamental de l’événement, au point qu’on peut parler, selon lui, d’un retournement complet de la situation américaine (et non plus américaniste). Avec l’élection de Trump et dans un acte psychologiquement paroxystique et politiquement révolutionnaire, l’Amérique s’est totalement dépouillée de l’empire des globalistes. Elle n’est plus le “centre du centre” au service du Système, selon nos termes habituels pour décrire cette situation, le “centre du centre” est passé aux mains de rébellion.

Nous écarterons l’interprétation “opérationnelle” qu’on pourrait donner du texte de Douguine, qui pourrait faire penser que “la victoire est acquise”, que le globalisme (le Système pour nous) est vaincu, comme certaines de ses phrases pourraient le faire penser ; il s’agit d’un jugement évidemment complètement prématuré, sinon trompeur. D’autres phrases de Douguine font penser, fort justement, le contraire, c’est-à-dire que le combat ne fait que commencer, mais cette fois dans des circonstances radicalement modifiées : nous savons qui est qui, nous pouvons désigner l’“ennemi principal”, ou disons l’Ennemi majusculé et par conséquent absolu. Ainsi et nous référant à divers textes publiés sur ce site, et encore récemment, rejoignons-nous tout à fait Douguine lorsqu’il dit « que l'anti-américanisme est fini. Non pas parce que c'était faux, mais exactement le contraire : parce que le peuple américain lui-même a commencé la révolution justement contre ce côté des États-Unis que nous avons tous haï. Maintenant l'élite dirigeante européenne, ainsi qu'une partie de l'élite russe (qui est encore libérale), ne peuvent pas être blâmées comme avant d'être trop pro-américaines. Ils doivent désormais être blâmées à cause de ce qu'ils sont : une bande corrompue, pervertie, avare de banksters et destructeurs des cultures, des traditions et des identités... » Par conséquent, désormais “le Marais” (c’est-à-dire « le nouveau nom de la secte globaliste, des adeptes de la société ouverte, des pervers LGBT, de l'armée de Soros, des post-humanistes et ainsi de suite », ou le Système dans une de ses parties opérationnelles pour nous), – le Marais « est un phénomène extraterritorial, exactement comme un réseau terroriste international. Le Marais est partout et nulle part... »

Nous choisissons par conséquent, pour un plus grand bénéfice de l’esprit, d’entendre et de comprendre que l’auteur raisonne d’une façon symbolique et hyperbolique, c’est-à-dire en attribuant aux événements (notamment l’élection de Trump) une valeur symbolique qui, à notre sens, est bien entendu très loin d’être opérationnelle. (A notre sens, la victoire de Trump ne signifie nullement qu’il a réussi à prendre l’appareil de direction américaniste et à le transformer de sa fonction-Système en un instrument antiSystème. Sa position de président est très, très loin d’être assurée, – d’une part, par les tentatives d’infiltration d’éléments-Système ; d’autre part, par les pressions de protestation qui évoluent vers un type révolutionnaire dans leur acceptation opérationnelle, mais qui pourraient être aussi bien comprises comme “contre-révolutionnaires” [difficulté d’utiliser ce langage d’un autre temps, le langage Système-antiSystème convenant beaucoup mieux].) Néanmoins, la valeur symbolique de la victoire de Trump est effectivement très puissante et historiquement rupturielle, dans une époque où la domination écrasante de la puissance du système de la communication donne au langage symbolique une puissance à mesure.

De ce point de vue, il y a donc deux aspects extrêmement intéressants dans l’analyse de Douguine. Le premier est effectivement la force symbolique rupturielle qu’il attribue à la victoire de Trump, signifiant que le globalisme (le Système pour nous) a perdu le contrôle de son “centre du centre”, son moteur et son outil essentiels. Effectivement, ce symbole réduit à néant les analyses habituelles, de type-géopolitique sur les implications stratégiques de la géographie, avec les nations, les groupes de nations, etc., qui n’ont plus grand’chose de l’importance qu’elles avaient auparavant. (C’est le géopoliticien-spiritualiste et mystique Douguine qui le montre, mais dans un cas où le spiritualiste-mystique a complètement pris le dessus, lorsqu'il dit « La géopolitique devient verticale ». Douguine, dans notre percetion, n’a d’ailleurs jamais été que secondairement géopoliticien, et toute sa géopolitique n’est qu’un outil pour la dimension spirituelle qui le guide.)

Le deuxième aspect est l’évolution cyclique de type évidemment guénonien qu’il développe entre Le Marais et le Feu, et comment nous ne pouvons sortir du Marais (le “sensualisme” ou domination absolue de l’esprit par la matière, caractérisant la postmodernité) que par une accession radicale à son contraire absolue, qui est le Feu (“l’idéationnel”, ou domination absolue de la matière par l’esprit, qui est une réaction radicale anti-postmoderniste, réaction extrême de l’antimodernité parvenue à son point de confrontation où plus aucun attentisme n’est possible) : « Sorokine a souligné que la nature cyclique de la société suit l’unique chaîne de succession : de l'idéationnel à l'idéaliste, puis au sensualiste. L'idéaliste ne peut pas succéder au sensualiste, comme il est impossible pour le Marais de se retransformer en semi-Marais. Après le Marais vient le Soleil, c'est-à-dire le Feu, l'Esprit – l'Esprit dans sa forme radicale et idéationnelle. Pour dessécher le Marais, nous avons besoin du Feu Solaire, un Grand Feu qui devrait être en abondance. »

Ce texte doit nous permettre de nous débarrasser et de nous laver des archaïsmes obscènes (racisme, fascisme & toute la bande) qui continuent à encombrer le débat, – et l’on comprend bien pourquoi, – à partir de la production subversive de la pensée-Système. Les divers détails et conceptions mineures qu’on peut objecter à la logique évidemment spiritualiste et mystique de Douguine pèsent peu de choses par rapport à l’effet général que produit sa pensée : l’impression de se trouver dans un champ de réflexion qui a identifié le Mal et conforte nos intuitions à cet égard.

dedefensa.org

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Donald Trump : le Marais et le Feu

“Le Marais” c’est le nouveau nom de la secte globaliste, des adeptes de la société ouverte, des pervers LGBT, de l'armée de Soros, des post-humanistes et ainsi de suite. Il est absolument impératif d’assécher le Marais, pas seulement pour les Etats-Unis : c’est un défi global pour nous tous. De nos jours, chaque peuple est prisonnier de son propre Marais. Nous, tous ensemble, devons commencer la lutte contre le Marais russe, le Marais français, le Marais allemand, etc. Nous avons besoin de purger nos sociétés de l'influence du Marais. Au lieu de nous battre entre nous, asséchons-le ensemble. Assécheurs du Marais du monde entier, unissez-vous !

L'autre point c’est que l'anti-américanisme est fini. Non pas parce que c'était faux, mais exactement le contraire : parce que le peuple américain lui-même a commencé la révolution justement contre ce côté des États-Unis que nous avons tous haï. Maintenant l'élite dirigeante européenne, ainsi qu'une partie de l'élite russe (qui est encore libérale), ne peuvent pas être blâmées comme avant d'être trop pro-américaines. Ils doivent désormais être blâmées à cause de ce qu'ils sont : une bande corrompue, pervertie, avare de banksters et destructeurs des cultures, des traditions et des identités. Alors, laissez-nous égoutter le Marais européen. Assez avec Hollande, Merkel et Bruxelles ! L’Europe pour les européens. Soros et sa secte doivent être publiquement condamnés !

Dorénavant, le Marais est un phénomène extraterritorial, exactement comme un réseau terroriste international. Le Marais est partout et nulle part. Hier, le centre du Marais, son noyau, était situé aux États-Unis, mais plus maintenant. C'est une chance pour nous tous de commencer à les chasser. Le Marais ne se manifeste plus sous une forme fixée au niveau régional. Néanmoins, il existe et a toujours une puissance extrêmement grande. Mais son caractère antinational est maintenant explicitement évident. Le Marais ne peut plus se cacher derrière l'Amérique. Il est parti en exil. Mais où ? Au Canada ? En Europe ? En Ukraine ? Pour d'autres planètes où divers acteurs et actrices dopés promettaient d'émigrer dans le cas de la victoire de Trump ? Maintenant, il est temps pour eux de tenir leur promesse. Tout cela semble être l'ascension des globalistes. Ils sont maintenant absorbés dans un non-lieu, une utopie, dans la terre de l'utopie libérale – un “no man's land”. Nous sommes maintenant témoins de la déterritorialisation du Marais, de l'élite mondialiste et du gouvernement mondial.

Quelle est la structure du Marais ?

Premièrement, le Marais est une idéologie – le libéralisme. Nous avons besoin d'un procès de Nuremberg pour le libéralisme, la dernière idéologie politique totalitaire de la Modernité. Fermons cette page d'histoire.

Deuxièmement, le Marais est une culture spéciale postmoderniste. Elle est basée sur la décomposition de toute entité par digitalisation, schizomorphisme obligatoire, et ainsi de suite. Le drainer signifie de rétablir l'unité de l'art apollinien. L'art doit revenir au holisme.

Troisièmement, c’est le capitalisme mondial transnational. Ceci est le moteur matériel du Marais. Ce sont des emprunts et la Réserve fédérale qui imprime des billets verts virulents. Nous devons mettre fin à tout cela et revenir au secteur productif réel et à l’approche mercantiliste.

Je propose de redécouvrir les idées de Pitirim Sorokine. Il a noté que la dynamique sociale de l'histoire est une chaîne de paradigmes sociaux qu'il appelait idéationnelle, idéaliste, et sensualiste. L'idéation est la domination absolue de l'esprit sur la matière, l'ascétisme et la soumission vigoureuse du monde matériel à l'aspiration spirituelle et religieuse. Le type idéaliste est équilibré et fondé sur la coexistence harmonieuse de l'esprit et de la matière, où la partie spirituelle est légèrement dominante, mais non exclusive (comme dans le type idéationnel). Le type sensualiste de la société est la domination de la matière sur l'esprit, le corps sur l'âme. Le Marais est le type sensualiste de la société. Jusqu'à récemment, il semblait que “sensualiste” et “américain” étaient synonymes. Mais après le triomphe de Trump, tout est différent. Maintenant sensualiste signifie global et excentrique. Il y a une sorte de “translatio imperii” nulle part et partout.

Sorokine a souligné que la nature cyclique de la société suit l’unique chaîne de succession : de l'idéationnel à l'idéaliste, puis au sensualiste. L'idéaliste ne peut pas succéder au sensualiste, comme il est impossible pour le Marais de se retransformer en semi-Marais. Après le Marais vient le Soleil, c'est-à-dire le Feu, l'Esprit – l'Esprit dans sa forme radicale et idéationnelle. Pour dessécher le Marais, nous avons besoin du Feu Solaire, un Grand Feu qui devrait être en abondance.

Le Marais et le Feu sont deux éléments opposés répartis à travers la terre. La géopolitique devient alors verticale. Les deux peuvent être trouvés à tout endroit. Le sens du lieu maintenant est l'élan du processus de drainage du Marais. Où ? Ici et maintenant.

Le Marais n'est plus l'hégémonie américaine car le Président de l'Amérique lui-même rejette une telle hégémonie. C'est donc l'hégémonie “tout court”, l'hégémonie comme telle avec un vide purement postmoderniste au centre.

Les Etats-Unis sont l'Extrême Occident du monde. C'est l'espace de Minuit. Et là, le dernier point de la Chute est atteint. Le moment qui se déroule est celui du changement de pôles. L'Occident se transforme en Orient. Poutine et Trump sont dans les deux coins opposés de la planète. Au XXème siècle, ces deux extrêmes étaient incarnés par les formes les plus radicales de la Modernité – le capitalisme et le communisme – deux monstres apocalyptiques – le Léviathan et l’Hippopotame. Maintenant, ils se sont transformés en deux promesses eschatologiques : la Grande Russie de Poutine et l'Amérique qui se libère sous Trump. Le XXIème siècle a enfin commencé.

Donc tout ce dont nous avons besoin maintenant, c'est du Feu.

Alexandre Douguine

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