De la haine de l’homme gouine

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De la haine de l’homme gouine

Peu d’hommes et encore moins de femmes savent ce qu’est un homme, je veux dire un mâle. Tous et quasiment toutes, le voient sous l’apparence de sa caricature que l’idéologie féministe a répandu depuis quarante ans, et continue de répandre : autoritaire, parfois, quand ce n’est pas souvent, violent, agressif, enfermé dans une rationalité sclérosante, carré dans ses jugements, sans souplesse même quand il s’y efforce, bref limité, borné et donc peu agréable à vivre pour l’autre sexe qui lui possèderait à peu près les caractéristiques inverses : diplomate, conciliant, intuitif, souple, malléable, prêt à s’ouvrir sur le nouveau, disposé au compromis, bref l’être avec qui il ferait bon vivre si l’être masculin, qui hélas existe encore, n’était pas incapable d’apprécier ces vertus et les adopter. Voilà le schéma simplificateur imprimé dans 90% des consciences, féminines et souvent hélas, masculines.

C’est tellement réducteur, qu’on se demande même s’il faut perdre du temps à construire une argumentation qui permettrait qu’on détruisît à jamais cette vision. Allons directement au but par des pensées plus "gay". Par exemple Picasso affirmant avec un sérieux prenant la forme d’un humour que tout le monde n’a pas saisi, qu’au fond, celui qu’on appelle l’homme, n’existe pas: "Je suis une femme. Tout artiste est une femme et doit être gouine. Les pédérastes artistes ne peuvent pas être de vrais artistes car ils aiment les hommes. Comme ils sont des femmes ils retombent dans le normal". Certes on me dira que tout le monde n’est pas artiste! Mais rien n’interdit de penser et de sentir en artiste sans pour autant être peintre ou sculpteur. Pour lui donc, si on prend la chose au sérieux, si on voit l’humanité avec le bon œil, si on se fait une haute idée de ce qu’est le véritable humain eh bien on voit qu’il est féminin. C’est un constat. Il n’est pas fondé sur une démarche qu’on pourrait dire anthropologique, scientifique. Il est fondé sur l’intuition du bonhomme, son vécu. Ça n’appelle aucune réfutation. Ça passe ou ça casse.

Bien avant lui Rousseau s’est intéressé à la question mais lui s’est cru obligé de remonter à des principes qui ont pour base « l’ordre physique et moral » et qui lui paraissaient naturels. Il résume la chose par une affirmation qui ferait bondir tout individu contemporain : « L’un doit être actif et fort, l’autre passif et faible. Il faut que l’un veuille et puisse et que l’autre résiste peu ». Selon ce principe « la femme est faite spécialement pour plaire à l’homme. Si l’homme doit lui plaire à son tour, c’est d’une nécessité moins directe : son mérite est dans sa puissance ; il plait par cela seul qu’il est fort. Ce n’est pas ici la loi de l’amour, c’est celle de la nature, antérieure à l’amour. » Mais tout de suite après ces grands principes sont relativisés. Apparaît la violence : « Si la femme est faite pour plaire et pour être subjuguée, elle doit se rendre agréable à l’homme, au lieu de le provoquer ; sa violence à elle est dans ses charmes ». Il poursuit : « C’est par eux qu’elle doit le contraindre à trouver sa force et à en user. L’art le plus sûr d’animer cette force est de la rendre nécessaire par la résistance ». Ainsi la violence est associée à la femme et à ses charmes. Le charme, les charmes (sexuel n’est pas dit mais s’entend), font violence à l’homme et il doit leur résister, sinon il a perdu, c’est lui qui est subjugué. Là encore ça n’est pas dit expressément. Mais Rousseau est plus subtil encore car il assigne ce devoir de résistance aussi à la femme en ce qu’elle doit résister à la puissance de son mari. Dans quel but ? Pour Rousseau c’est clair, la résistance fera que l’amour propre de l’homme, se joignant au désir qu’il a de s’imposer à sa femme, fera qu’il aura l’impression d’avoir vaincu alors que c’est la faiblesse (plus jouée que réelle) de la femme qui lui aura fait remporter la victoire. « Alors l’amour propre (de l’homme) se joint au désir (de l’homme), et l’un (l’homme) triomphe de la victoire que l’autre (la femme) lui fait remporter » (Emile ou de l’éducation, Sophie ou la femme).

On est subjugué de voir Rousseau passer en quelques lignes de principes généraux abstraits sur l’homme et la femme à un vécu subtil qui les nie ! Il est de la même gouinerie que Picasso ! Il pense en femme. C’est pourquoi il écrase Voltaire et ce soi-disant esprit voltairien qui a formé Caroline la Haine (de Hass) qui a de l’homme la vision imbécile mentionnée au début et qui révolte toute personne ayant l’esprit de géométrie et de finesse.

Marc Gébelin