Comment nous ne gagnerons jamais en Afghanistan

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Comment nous ne gagnerons jamais en Afghanistan

Pour la première fois depuis 17 ans que dure cette guerre réputée “sans fin” et complètement futile quoiqu’affreusement sanglante, un commandant en chef US a déclaré qu’il ne voyait pas la possibilité d’une victoire militaire (US/OTAN) en Afghanistan, et qu’il allait falloir parvenir à une solution politique avec les talibans. Cela n’est pas une chose acquise, puisqu’il semblerait bien que les talibans n’envisagent pas de négociations dans ce sens. Pour eux, il y a une autre option à envisager : une défaite de l’envahisseur USA/OTAN.

Miller vient juste d’arriver à son commandement. Il a échappé de justesse à la mort dans un attentat, ce qui peut effectivement l’avoir conduit, non seulement à une telle évaluation, mais surtout à la déclaration publique de l’impuissance où se trouvent les USA de gagner cette guerre. Si cette déclaration arrive aux oreilles du président des États-Unis Donald Trump, qui voulait au départ de son mandat un retrait d’Afghanistan, le Pentagone va se trouver dans une position difficile devant lui : que faire si les talibans n’acceptent pas de négocier ? Demander encore des troupes supplémentaires à Trump alors qu’on dit publiquement qu’on ne peut gagner ? Ou bien s’en aller purement et simplement ?

On croirait plutôt que les talibans ne sont pas pressés de négocier, contrairement à ce qu’affirme le général, et on le comprendrait. S’ils entendent bien Miller, ils n’ont plus qu’à attendre le départ des USA, après que Trump aura déclaré que la mission en Afghanistan est accomplie et que la guerre est gagnée.

Ci-dessous, des éléments d’un texte de RT sur l’affaire.

« Dans sa première interview depuis sa prise de commandement en septembre de la mission Resolute Support de l’OTAN en Afghanistan, le général (US Army) Austin Scott Miller a présenté à NBC News une évaluation étonnamment franche du conflit apparemment sans fin qui avait débuté avec l’invasion américaine de l’Afghanistan en octobre 2001. “Cela ne pourra être gagné militairement. Cela devra être réglé par une solution politique”. Miller a ajouté que les talibans en avaient assez des combats et qu'ils pourraient être intéressés à commencer à “travailler sur l’issue politique” de la guerre de 17 ans.

» Mais il n’est pas nullement assuré que les talibans aient l’intention de négocier. Le mois dernier, un haut commandant taliban a déclaré à RT dans une interview d’une sorte rarement accordée, que les dirigeants du groupe ne souhaitaient pas négocier avec les Américains. [...]

» Décrit depuis des années comme une impasse, le conflit a basculé en faveur des talibans ces derniers mois. Même selon les estimations de l'armée américaine, le gouvernement afghan contrôle ou influence à peine plus de la moitié des 407 districts du pays, un record à la baisse depuis que l’Inspection Générale Spéciale pour la Reconstruction de l'Afghanistan (SIGAR) a commencé à surveiller le contrôle des districts en novembre 2015. [...]

» Le nouveau commandant américain a été un témoin direct de la détérioration de la situation sécuritaire en Afghanistan. En octobre, Miller a survécuà une attaque des talibans à Kandahar, qui a coûté la vie à un chef de guerre afghan et à un chef des services de renseignements locaux. »

 

Mis en ligne le 3 novembre 2018 à 12H14