Ces temps étranges où le président a besoin du juge pour nous visiter

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Cela se passe de plus en plus souvent (l’exemple récent de Rumsfeld, en Allemagne, en février) : les dirigeants US ont besoin de l’accord implicite des juges locaux désormais pour se rendre à l’étranger, essentiellement en Europe. Le dernier cas est éclatant: celui de la Hollande, où Bush se rend ce week-end pour les cérémonies du soixantième anniversaire de la fin de la guerre.

Une action en justice était engagée contre GW par une myriade d’associations et de citoyens. L’accusation était multiple, le choix ne manquant pas à cet égard: crimes de guerre, assassinat de milliers de civils (Afghanistan, Irak), tortures, etc. Le juge a tranché : Bush peut venir, on ne l’arrêtera pas. Mais le jugement est aussi insultant qu’eût été un mandat d’amener.

Le juge ne se prononce certainement pas sur le fond et son refus n’est pas une manière d’innocenter le président. Les attendus sembleraient indiquer le contraire, qui pourraient sembler nous dire, selon l’‘esprit de la loi’ qu’on y peut distinguer: “Je ne me prononce pas parce que mon jugement aurait de trop graves conséquences politiques” (« However, the judge rejected the request on the grounds that such a refusal was a political matter and therefore not something the court could rule on. Granting the request would also have had “far reaching consequences for relations between the Netherlands and the US,” the judge said. »).

Cette situation est un facteur de plus qui reflète deux grands phénomènes, par ailleurs dissimulés complètement par le double langage que l’establishment utilise pour se tromper lui-même: l’éloignement entre l’Europe (qui accepte les lois internationales) et les USA (qui les refusent) est aujourd’hui un fait structurel qui pèse sur toutes les activités politiques, — malgré la prudence du juge hollandais, — et interdit tout accord sérieux, qui soit à la fois de fond et durable, entre les deux piliers constituant l’ex-monde occidental ; la politique générale américaine, basée sur la manifestation de sa puissance militaire, y compris ses limites et ses échecs, entretient et renforce sans cesse le désordre dans les relations internationales.


Mis en ligne le 6 mai 2005 à 08H30

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