Avec Notre-Dame, c'est la France qui part en fumée

Les Carnets de Patrice-Hans Perrier

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Avec Notre-Dame, c'est la France qui part en fumée

La cathédrale Notre-Dame de Paris a été la proie d’un incendie d’une rare intensité. Son immense charpente de bois – que certains comparaient à une forêt à cause des 500 tonnes de bois massif qu’elle comportait – fut carbonisée dans le gigantesque brasero qu’était devenu l’infortuné bâtiment. Les vitraux et la quasi-totalité de l’architecture d’intérieur ont été gravement impactés au fur et à mesure que les flammes gagnaient en intensité.  

 Un millénaire d’histoire pratiquement parti en fumée 

 Cette catastrophe dantesque aurait fini par détruire 850 ans d’histoire de France si les pompiers n’étaient pas parvenus à maîtriser la fournaise ardente. Malheureusement, l’extraordinaire flèche de 96 mètres, qui avait été construite par l’architecte Viollet-le-Duc au XIXe siècle, s’est effondrée comme un vulgaire cure-dent au beau milieu des flammes qui léchaient la carcasse de l’immense nef constituant les entrailles de Notre-Dame.  

Cette grande dame de l’architecture française a presque rendu l’âme à une époque où la France manque de souffle, attaquée de toutes parts par les félonies du destin.  

 La France est liquidée dans une grande «vente de feu» 

 En effet, la France, que l’on qualifiait de «fille aînée de l’Église», se consume sur l’autel des traités transatlantiques et des manigances ourdies par les technocrates de Bruxelles. La révolte des Gilets jaunes, que certains comparent à une jacquerie, révolte paysanne au Moyen-Âge, traduit le désarroi du peuple de France face à la grande braderie de son patrimoine organisée par des élites corrompues qui sont les mêmes qui versent des larmes de crocodile suite à la catastrophe de lundi.  

 La France se consume dans le cadre d’une véritable «vente de feu» alors que les Américains, les Émirats, la Chine et bien d’autres puissances financières tentent de mettre la main sur le patrimoine bâti, mais aussi sur les vignobles et les terres agricoles qui avaient donné naissance à la cuisine la plus généreuse du monde. Paris, ville des lumières qui se sont éteintes, voit le symbole par excellence de la chrétienté s’effondrer le jour même où la Semaine sainte démarrait.  

 La France manque de souffle, pas juste à cause de son économie chancelante, mais aussi parce que ses élites sont déracinées et coupées de tout contact avec la réalité sur le terrain du commun des mortels. La France manque de souffle parce qu’elle a perdu la foi à force d’être soumise aux desiderata d’une république au service des marchands du temple.  

 La foi déplace les montagnes 

 L’architecte Le Corbusier, dans un essai intitulé «Quand les cathédrales étaient blanches», amorce un retour sur l’histoire des bâtisseurs de cathédrales. Ce maître de l’architecture contemporaine nous parle de «cette force d’action d’une nation qui s’était mise en marche, entièrement, sans regard jeté en arrière, arc-boutée juvénilement sur l’effort créatif quotidien». En effet, il y a de quoi s’extasier face à la patience de ces milliers de bâtisseurs anonymes qui mirent 182 ans pour accoucher d’une merveille d’architecture: Notre-Dame de Paris. 

 Cette abominable catastrophe nous fait prendre conscience de la nécessité de renouer avec nos racines. Si les pierres sont la mémoire des siècles, alors il faudrait peut-être la retrouver cette mémoire si nous voulons entreprendre le grand chantier de la reconstruction de nos nations dévastées par des décennies d’incurie. Ainsi, les Gilets jaunes pourraient marcher sur Paris afin de prêter main-forte au grand chantier de la restauration de Notre-Dame. À l’instar des compagnons qui provenaient des quatre coins du Royaume, à l’époque de la construction des cathédrales, les Gilets jaunes auraient le mérite de faire dévier leur combat du côté d’une renaissance des forces spirituelles de la nation. Parce que la crise actuelle est, d’abord et avant tout, de nature spirituelle.