Assange et l’exception-Gabbard

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Assange et l’exception-Gabbard

Le lynch, coutume héritée des premiers immigrants puritains, est une vieille pratique de l’américanisme. Depuis que le conformisme a changé de cap et mis à l’index le lynch des esclaves ou ex-esclaves nègres, la formule nouvelle est le lynch médiatique développé selon des méthodes et les techniques de communication sans cesse améliorées depuis le McCarthysme. Le lynch médiatique, c’est ce que risque aujourd’hui un homme politique US s’il dit un mot en faveur d’Assange ; cela fait partie des risques du métier.

D’où l’extrême prudence de Sanders, dont on attendait plus, d’où l’identification que font certains de cette prudence avec l’hypocrisie pure et simple. Dans un tweet avec vidéo en forme de clin d’œil tonitruant, Sanders a évoqué sa longue et vieille carrière de militant activiste en faveur des droits civiques et de la liberté de la presse, avec même l’une ou l’autre arrestation de circonstance au cours de manif, pour corser un peu le message qui est une forme indirecte au troisième ou au quatrième degré pour nous dire que “oui, il soutient Assange, de très loin, du plus loin possible, mais chut, pas un mot de plus”.

En revanche, une personnalité démocrate importante, candidate pour la nomination pour les présidentielles de 2020, n’a pas hésité à dénoncer les mesures prises contre Assange, et surtout la possible extradition vers les États-Unis où il subirait nécessairement un sort extrêmement rude, sans doute la prison à vie par une voie ou l’autre qui serait marquée de tortures diverses. Il s’agit de Tulsi Gabbard, la candidate antiguerre du parti démocrate. Gabbard joint à son tweet une vidéo reprenant des segments d’interviews sur le sujet sur CNN et MSNBC. Gabbard, qui a fait plusieurs séjours en Irak durant la guerre en Irak comme officier de la Garde Nationale de Hawaii, en a gardé un certain goût pour le courage, y compris pour la dénonciation de certaines pratiques de l’armée US au cours de ce conflit, que WikiLeaks-Assange avaient mises en évidence par la diffusion massive de documents sur ce sujet en 2010.

RT.com rapporte dans deux textes cette situation des réactions de ces personnalités à l’arrestation d’Assange

« Bien qu'il puisse être politiquement dangereux d'offrir son soutien à un personnage aussi calomnié qu'Assange, la vidéo de Bernie tente de montrer qu'il est prêt à faire ce qu'il faut, malgré le risque de mise à l’index. Elle met même en lumière comment Sanders lui-même avait été arrêté alors qu'il luttait contre l’injustice sociale.

» Si Sanders finit par faire une déclaration, il ne sera pas seul, même parmi les candidats à la présidence de son parti. Rejoignant l'ACLU, des dirigeants politiques comme Jeremy Corbyn et Evo Morales, et de nombreux autres [non-Américains], au moins une démocrate de premier plan, Tulsi Gabbard, a dénoncé publiquement les conséquences potentiellement dangereuses de cette arrestation : “Le but de l'arrestation de #JulianAssange [écrit-elle dans un tweet] est d’envoyer un message aux gens, en particulier aux journalistes, pour qu’ils se taisent et ne dépassent pas les bornes. Si nous, le peuple, laissons le gouvernement nous contrôler par la peur, nous ne sommes plus libres, nous ne sommes plus l’Amérique.”

» ... A Chris Mattews, dans l’émission “Harball’ de MSNBC, Gabbard a déclaré : “C’est une menace pour les journalistes mais c'est aussi quelque chose qui menace tous les Américains, parce que le message que nous recevons, que le peuple américain reçoit est le suivant : ‘Taisez-vous, respectez les limites, sinon il y aura des conséquences !’” »

Mis en ligne le 13 avril 2019 à 08H43

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