Et voici le terrorisme qui menace notre civilisation

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Voici le terrorisme qui menace notre civilisation


8 mai 2003 — Un article lumineux de William Pfaff pose une question fondamentale : « Where is this leading Americans? » De quoi parle le chroniqueur, en posant cette question ? De ceci, qui fait le titre de sa chronique : «  Scaring America half to death ».

Pfaff relève le fait fondamental de la réalité du terrorisme, contre lequel une guerre totale est engagée, une guerre que certains comparent même à la Grande Bataille Ultime entre le Bien et le Mal (Armageddon). Aujourd’hui, le terrorisme est à son plus bas niveau depuis 1969.


« In its annual report to Congress on terrorism, the State Department said that the 199 recorded terrorist incidents last year represented a 44 percent drop from the previous year, and was the lowest total since 1969.

» There were no terrorist attacks at all in the United States, five in Africa and nine in Western Europe. Nearly all the rest were in Asia (99), Latin America (50) and the Middle East (29). (Forty-one of the total 50 incidents reported as terrorism in all of Latin America last year were bombings of a U.S.-owned oil pipeline in Colombia.) »


Un autre aspect complète l’intérêt du rapport qui nous est présenté : la méthodologie utilisée, et notamment ce qui est mis dans la classification “terrorisme global”, qui constitue l’argument fondamental pour la mobilisation que nous connaissons depuis le 11 septembre 2001. Pfaff note : «  virtually all the incidents identified by the U.S. government as acts of “global terrorism” in 2002 occurred in four places: in Colombia; in Chechnya, with its separatist war; in Afghanistan, with the continuing low-scale war; and with the Palestinian intifada. [...] Before Sept. 11, 2001, virtually none of this would have been called terrorism. It would have been called civil insurrection, or nationalist or separatist violence. »

William Pfaff s’interroge sur la signification de ce phénomène extraordinaire, qui impose au monde civilisé une mobilisation sans précédent, un bouleversement de nos conceptions politiques, une mise en cause de nos libertés publiques, bref un saccage colossal de pans entiers de notre vie sociale, — pour un danger dont tout, le bon sens comme la froide réalité statistique, nous dit qu’il est tout simplement insignifiant. Il observe que ce phénomène touche les individus les plus divers, y compris ceux dont on aurait pu espérer que leur niveau d’instruction les aurait mis à l’abri des emportements primaires et collectifs, qui sont au contraire les premiers à céder. Il cite ce « New York writer who recently said that since the fall of Baghdad he has, for the first time since 2001, felt himself secure from being blown to bits by a terrorist bomb while crossing Times Square ». (Pfaff fait allusion à une récente chronique où il commentait les résultats d’une enquête du Monde sur les intellectuels américains après la guerre d’Irak.) Ses inquiétudes et ses interrogations sont ainsi judicieusement éclairées et particulièrement justifiées.


« Polls indicate that American voters no longer really care whether weapons of mass destruction are found in Iraq. The victory was not over a threat they really identified with Saddam Hussein. It was a victory over “terrorism.”

» Now, in an official report few will read, or are expected to read, their government admits that terrorism is at its lowest level in three decades, and that the actual risk it poses is statistically negligible. At the same time, the same government tells them they must live in fear of “appalling crimes” and mass destruction. Where is this leading Americans? »


Ces commentaires nous rappellent cette situation sans précédent de l’histoire où nous nous trouvons : non seulement une crise qui déchire une alliance, une conception du monde, voire une civilisation, notamment entre les composants nord-américains (anglo-saxons) et européens de cette alliance-civilisation, une crise qui ne cesse de s’aggraver au plus elle progresse, dans sa signification notamment ; mais encore, une crise à la fois technique et psychologique, où la psychologie humaine est soumise à des mécanismes de communication d’une intensité inouïe, qui tendent à imposer une image virtuelle de la réalité, — ou, plus encore, le raisonnement nous y ramène toujours  : une réalité virtuelle à la place de la réalité, triomphe de ce que nous nommons “virtualisme”.