La protection d’Obama n’est pas loin d’équivaloir à celle d’un président en fonction

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L’ascension de Barack Obama, candidat favori à la désignation du parti démocrate, fait naître des préoccupations pour sa sécurité. L’élection de 2008 est aussi tendue que celle, fameuse, de 1968; Obama est un démocrate libéral et un Noir et le printemps 1968 fut marqué par l’assassinat d’un démocrate libéral (Ted Kennedy) et d’un leader noir (Martin Luther King). Toutes ces analogies approximatives, justifiées ou accidentelles, contribuent à alimenter la question de la sécurité de Barack Obama, placé dans la situation extraordinaire d’avoir de fortes chances de devenir le premier président noir des USA.

Signe des temps, un article du New York Times est consacré à ce sujet, le 25 février. On y découvre que Obama est protégé d’une façon prioritaire par le Secret Service, comme jamais aucun autre candidat dans sa situation n’a été protégé, pour une durée également exceptionnelle (depuis le 3 mai 2007). On lit que la question de la sécurité d’Obama préoccupe également le Congrès.

«Mr. Obama has had Secret Service agents surrounding him since May 3, the earliest a candidate has ever been provided protection. (He reluctantly gave in to the insistent urging of Senator Richard J. Durbin, Democrat of Illinois, and others in Congress.) As his rallies have swelled in size, his security has increased, coming close to rivaling that given to a sitting president.

»His wife, Michelle Obama, voiced concerns about his safety before he was elected to the Senate. Three years ago, she said she dreaded the day her husband received Secret Service protection, because it would mean serious threats had been made against him.

(…)

»Representative Bennie Thompson, Democrat of Mississippi and chairman of the House Homeland Security Committee, raised concerns in a letter in January to officials who oversee the Secret Service. While Mr. Obama was already receiving protection, Mr. Thompson said that the intense interest in the election prompted him to make sure that Mr. Obama and the other candidates were offered adequate security.

»“The national and international profile of Senator Barack Obama gives rise to unique challenges that merit special concern,” Mr. Thompson wrote. “As an African-American who was witness to some of this nation’s most shameful days during the civil rights movement, I know personally that the hatred of some of our fellow citizens can lead to heinous acts of violence. We need only to look to the assassinations of the Rev. Dr. Martin Luther King Jr. and 1968 presidential candidate Robert Kennedy as examples.”

»In an interview, Mr. Thompson declined to elaborate on any specific threats that had come to the attention of his committee or authorities. He said he wrote the letter to the Homeland Security Department without discussing it with Mr. Obama, whom he has endorsed.

»“His candidacy is so unique to this country and so important that the last thing you would want is for him not to have the opportunity to fulfill the role of a potential presidential nominee,” Mr. Thompson said. “It’s out of an abundance of caution that I wrote the letter, rather than keep our fingers crossed and pray.”»

Obama est agacé par la question, comme il se doit («“I’ve got the best protection in the world,” Mr. Obama, of Illinois, said in an interview, reprising a line he tells supporters who raise the issue with him. “So stop worrying”»). Mais cette affaire le dépasse évidemment. Les circonstances exceptionnelles de sa candidature suscitent nécessairement la spéculation et, par conséquent, le risque éventuel de susciter à son tour cette sorte de projet chez des opposants décidés ou exacerbés. Les mesures de protection, par ailleurs évidemment nécessaires, vont elles-mêmes dans ce sens. Le constat est évident: la candidature Obama est une candidature à “très hauts risques”, qui renvoie effectivement aux circonstances de sécurité des présidentielles de l’année 1968. Dans tous les cas, cet épisode reflète un climat très particulier, qu’on se garde d’exprimer d’une façon trop audible mais qui pèse sur la campagne.

Pour terminer, on nuancera aussitôt la gravité de ce propos en attirant l’attention sur un détail mentionné en passant par le texte de New York Times, – détail qui paraît anecdotique mais qui rejoint tout de même notre gravité initiale en faisant s’interroger sur l’esprit et l’opportunité des pratiques bureaucratiques jusqu’aux moindres détails. Le détail est celui-ci: le nom de code identifiant le sénateur Obama pour les agents du Secret Service est Renegade, – pour “renégat” certes. Etrange idée, – pourquoi pas “Oncle Tom” ou “Malcolm X”?


Mis en ligne le 26 février 2008 à 12H53