Démolir Kyoto et mourir de plaisir

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Démolir Kyoto et mourir de plaisir


19 décembre 2004 — Peut-être serait-il temps que le personnel occupant la place des élites politiques et dirigeant nos contrées civilisées se décide à ouvrir les yeux sur ce qu’est devenue l’Amérique dirigée par GW, c’est-à-dire le gouvernement américaniste en place. Il est chaque jour plus évident qu’on peut considérer comme digne d’être débattu le jugement extrême selon lequel ce système américaniste désormais sans réelle autorité de direction représente une force aveugle et destructrice dont l’équivalent n’a jamais existé dans l’Histoire. A l’absence évidente d’intelligence et de raison de cette direction américaniste s’ajoute une tendance nihiliste devenant évidemment suicidaire qui doit nous faire envisager l’idée que nous sommes effectivement à un tournant de la civilisation, — disons : tournant par défaut, c’est-à-dire par penchant passif et aveugle de destruction. Puisque le monde ne devient pas ce que cette direction américaniste veut qu’il soit, eh bien que tout soit fait contre l’organisation de ce monde.

Ce qui conduit à écrire cela, c’est le comportement US à la dernière conférence sur l’application du Protocole de Kyoto. The Independent du 19 décembre détaille le comportement américain. Non seulement les Américains refusent Kyoto mais ils veulent tuer Kyoto, c’est-à-dire les mesures minimales décidées pour réduire les émissions de gaz carbonique dans l’atmosphère. Nous avons affaire à une psychologie collective malade, une pathologie suicidaire. Cette attitude politique, telle qu’elle est apparue à Buenos Aires, justement n’a rien de politique. Elle ressort d’une réaction de colère, de vanité blessée, elle représente une réaction d’humeur entraînant une bataille politique fondamentale dans un domaine qui devrait être, par définition, étranger à toute bataille politique. La réaction américaine de vouloir “tuer” Kyoto plutôt que de laisser faire sans les USA relève du constat amer que le refus de la puissante Amérique de participer à ce processus n’a pas paralysé ce processus.


« The US performance in Buenos Aires appears to fly in the face of a commitment given by President Bush in 2001, when he announced that the US would withdraw from the protocol that it had previously played a key part in negotiating. In the face of international outrage, he said then that even though it was pulling out, the US would do nothing to obstruct other countries trying to reach agreement. By and large it has kept to this position since, at least in public, believing that the protocol was doomed without its participation.

» But this autumn Washington was shocked and angered when Russia agreed to ratify the protocol — completing the number of countries needed, under its complex rules, to bring it into force. Environmentalists say that the re-elected Bush administration has decided to do everything it can to sabotage any further international measures, and is not concerned about the international condemnation it will incur in the process. »


Jusqu’ici, rien ne montre que l’administration GW ait jamais progressé dans son comportement politique autrement que selon cette appréciation accordée à sa vanité et à son arrogance qui naissent de cette absence de raison et de jugement politiques, explicable principalement par l’absence d’autorité centrale, au profit de la dynamique d’une puissance fonctionnant selon la seule logique de sa force. La victoire politique de GW le 2 novembre 2004, transformée en triomphe par l’interprétation des services de communication et du virtualisme US, accentue cette tendance à se reposer sur des attitudes psychologiques si primaires qui écartent tout débat politique. C’est à ce comportement sans aucune raison politique que le reste du monde, et l’Europe au premier chef, se trouve confronté de plus en plus précisément.

(D’autre part, il faut noter que les comportements intérieurs aux USA, notamment au niveau des Etats de l’Union, continuent à s’écarter du comportement de l’administration centrale. On le voit dans la décision récente de la Californie d’obliger les constructeurs automobiles à installer des filtres pour purifier les émissions de gaz des automobiles. Il s’agit d’un conflit potentiel entre les Etats et le gouvernement central qui peut avoir des conséquences sérieuses. )

A être constamment posée et de façon de plus en plus pressante, la question du compromis à trouver avec l’administration washingtonienne n’acquiert pas pour autant le moindre sens. Par définition, elle n’a effectivement pas de sens, en raison de la position abrupte de l’administration GW et du caractère incontrôlable du processus de décision. La question de Kyoto, c’est-à-dire la question de la crise climatique, va être l’un des champs d’affrontement principaux de cette rupture qui affecte la substance des comportements.

Les Américains ont perdu à Buenos Aires. Ils n’ont pas réussi à stopper le processus de Kyoto. (« Governments from around the world yesterday narrowly succeeded in keeping the international bid to combat catastrophic global warming alive, in the face of determined attempts by the re-elected Bush administration to kill it off. ») La prochaine bataille du domaine des relations avec les USA sur ce thème de la crise climatique va engager principalement les Britanniques. Tony Blair a fait de la lutte contre la crise climatique un de ses enjeux électoraux. Il espère convaincre les Américains de se rapprocher de la position du reste du monde ; il démontrerait ainsi sa capacité à servir de lien entre le reste du monde (l’Europe) et les USA. Dans cette bataille sur une position générale pour lutter contre la crise climatique, c’est le contraire qu’il va démontrer, en en subissant les conséquences : l’impossibilité de rapprocher l’administration GW du reste du monde.


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