L’équipe Kerry : plus ça change, plus c’est la même chose

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L’équipe Kerry : plus ça change, plus c’est la même chose


31 mai 2004 — Le New York Times/International Herald Tribune publie une intéressante analyse sur l’équipe Kerry de sécurité nationale. On croirait du Clinton pur et dur ; la seule originalité (par rapport à Clinton, s’entend) se trouve dans la présence particulièrement appuyée du sénateur Joseph Biden.


« Seated in leather swivel chairs in the glass-walled conference room at Senator John Kerry's Washington campaign headquarters was a veritable reunion of President Bill Clinton's national security team: Madeleine Albright, Sandy Berger, William Perry and General John Shalikashvili. Richard Holbrooke joined his former colleagues via conference call from Tokyo.

» But perhaps the most influential voice, pouring forth from the speakerphone at the center of the oblong table, belonged to Senator Joseph Biden Jr., calling from his home in Wilmington, Delaware. Biden, Kerry's friend and the senior Democrat on the Senate Foreign Relations Committee, talks to the presumptive Democratic presidential nominee at least three times a week and, several people said, is his first gut check on all issues international.

» “Senator Biden is probably the first among equals,” a senior campaign official said. Another member of the foreign-policy kitchen cabinet agreed: “Senators rely on senators. Biden clearly is someone that he listens to carefully.” With Kerry on an 11-day swing that focuses on national security, perhaps the central issue of his campaign, he and his staff are in nearly constant communication with a large roster of experts on Iraq and other areas of the world.

(…)

» Besides the former Clinton advisers and Biden, those in the loop or on its fringe include former Senator Gary Hart, who ran for president largely on a foreign policy platform in 1984 and 1988; Leslie Gelb, president emeritus of the Council on Foreign Relations; and James Rubin, Albright's former aide, who just moved from London to join Kerry's staff. These deans of the Democratic foreign policy establishment have been corralled into a coordinated chorus of television appearances in recent days to speak in Kerry's stead about President George W. Bush's prosecution of the war in Iraq. They traded e-mail drafts of the speech Kerry gave Thursday in Seattle, as they did last month for a similar speech he gave in Missouri. They also are summoned by cellphone when the candidate has a question on their area of expertise — or, in the case of Biden, for half-hour chats after 10 p.m. on the intersection of politics and policy. »


En un sens, l’équipe Kerry ne réserve guère de surprises. Il s’agit d’une sorte de continuité, moins par rapport à une “ligne démocrate” qui n’existe pas, que par rapport à une “ligne américaniste” expansionniste qui s’est réellement déchaînée depuis 1995 (engagement US en Bosnie) et 1996 (explosion du nationalisme états-unien aux Jeux d’Atlanta, événement en général ignoré mais pourtant essentiel pour comprendre le changement de politique américaine, au niveau qui importe plus que tout autre des relations publiques). L’équipe de conseillers de Kerry — Albright, Holbrooke, Rubin, Berger,— est l’équipe qui a préparé, provoqué et conduit la guerre contre la Serbie, qui est un modèle préparatoire pour la doctrine de “guerre préventive” de GW. (Les deux personnalités un peu plus modérées de l’équipe Kerry seraient plutôt du côté des proches des militaires, Shalikachvili et Perry.)

C’est une claire indication de ce que pourrait être une administration Kerry pour ce qui est de la sécurité nationale. Le seul changement important devrait être une restauration du rôle important du département d’État contre la prépondérance actuelle du département de la défense. Mais un Holbrooke à la place de Powell vaudrait bien, en brutalité et en pressions constantes, un Rumsfeld au Pentagone. Le rôle prépondérant possible d’un sénateur Biden, modèle parfait du “faucon libéral” et spécialiste des gesticulations menaçantes, devrait nous instruire également.

Nous pourrions alors comprendre qu’il n’y a jamais eu de rupture entre la politique de Clinton et celle de GW, et qu’un Gore élu à la place de GW, face à l’attaque du 11 septembre 2001, n’aurait sans doute pas fait moins brutal.