Vraiment, peut-on faire confiance à un Grec ?

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Vraiment, peut-on faire confiance à un Grec ?

Normalement, d’après ce qu’il se disait, les négociations entre la Grèce et l’Eurogroupe auraient dû se conclure hier soir, si possible, non impérativement plutôt, par une capitulation disons à peu près complète de la Grèce. (D’ailleurs comment font-ils puisque la Grèce fait partie de l’Eurogroupe, et alors la Grèce négocie également avec elle-même, ce qui n’est pas si faux du reste puisque nous sommes dans un pays nommé Schizophrénie.) Dans tous les cas, c’est cette perception-là de négociations n’existant que pour le but évident d’une capitulation complète de la Grèce qui doit s’imposer, et nous laisserons les questions techniques car c’est bien cela qui est notre propos, – perception, communication, éventuellement narrative et déterminisme-narrativiste. Pourtant, non, cela ne s’est pas terminé de cette façon et, ce matin, l’Eurogroupe a remis cela.

Manifestement, on n’est pas vraiment content du côté de “la Secte”. C’est l’élégant président de l’Eurogroupe, le ministre hollandais Jeroen Dijsselbloem, fines lunettes, cheveux soyeusement grisonnants mais allure juvénile, et coupe parfaite du costume, qui parle surtout aux journalistes ; il leur dit que cela ne va pas terrible du tout avec un sourire extrêmement satisfait. Dijsselbloem est l’homme de “la Secte” pour la séquence, c’est-à-dire un peu l’homme des Allemands pour qui veut des précisions pseudo-rationnelles, tandis que d’autres constatent que les Français, finement habiles à l’image du président-poire, jouent leur propre jeu les séparant des Allemands au profit d’une “alliance” dans les termes habituels de la soumission considérée comme un des beaux-arts de la “politique” (?), avec les USA (voir Sapir). Observons également que l’intervention extérieure de l’insupportable ex-ministre-“Rock’n’RollVaroufiakis est passée complètement inaperçue. C’est un peu comme si, du côté des employés de “la Secte” qui ont lu l’article selon le courant de leur travail de vérification du bon pliage des choses, on avait trouvé que cet article ressemblait à un peu de la cendre dégueulasse répandue sur le parquet par quelqu’un qui n’était même pas invité : on les glisse sous le tapis, et hop ! D’ailleurs, on sait bien qu’il est interdit de fumer dans nos temps démocratiques.

Pour illustrer cet épisode de notre sujet qui est la prolongation inattendue (suspens) des négociations entre Eurogroupe et Grèce, nous nous référons à un texte de RT-anglais du 11 juillet 2015 au soir. Il est intéressant certes pour ce qu’il nous dit, certes également pour les illustrations qui nous permettent de deviner le body language du sémillant Dijsselbloem, mais certes également et enfin pour cette particularité qui va nous permettre de présenter sémantiquement le développement de notre propos : dans l’extrait que nous publions (le début du texte avec son titre «‘Issues of credibility & trust’: Eurogroup adjourns without reaching», consacrés aux nouvelles de l’Eurogroupe, hier et aujourd’hui), on compte 5 fois le mot “trust” (“confiance”) dans les 259 mots employés. Dans cet anglais passe-partout facile à comprendre, c’est une indication précieuse.

«The meeting of the eurozone finance ministers has adjourned until morning without reaching any conclusion on the Greek bailout deal, with issues of “credibility and trust” discussed as well as Athens’ financial crisis risking its Eurozone membership. “We had an in-depth discussion of Greek proposals, the issue of credibility and trust was discussed, and also of course financial issues involved. But we have not concluded our discussions, so we will continue at 11:00am,” the president of the Eurogroup Jeroen Dijsselbloem told journalists late Saturday. “It is still very difficult, but work is still in progress,” the Dutch finance minister added, refusing to share any details of the negotiations.

»Meanwhile the Maltese PM Joseph Muscat, who is due to attend a eurozone summit in Brussels, predicted that Sunday “will be a long day.” The Eurogroup has been convening for more than seven hours, but the negotiations have produced no results, as the eurozone seems to lack “trust” in Athens ability and willingness to implement reforms needed to keep the economy afloat. Creditors want “more specific and binding commitments” from the Greek government, a European official at the talks told AP, adding that Athens’ proposals are “too little, too late.”

»“We are still a long way out, both on the issue of content as on the tougher issue of trust,” Dijsselbloem said just before the meeting. “On paper it is not good enough yet – and even if it is good on paper, then we still have the question: will it really happen?”»

• Eh oui, “est-ce qu’ils le feront vraiment” (“Will it really happen?””), les Grecs, ce qu’ils nous promettent sur le papier, s’interroge le brillantissime Dijsselbloem, avec cet inimitable accent de l’automate en charge des intérêts de “la Secte”, ou de la dette on ne sait plus ?... On ne peut pas dire que les dernières nouvelles venues d’Athènes, là où se trouve l’Acropole, plaident en faveur de ce peuple de plus en plus suspect. Il y a eu un sondage sur leur sentiment, après leur référendum à 61% + en faveur du “non” suivi d’un plan destiné à l’Eurogroupe et exprimant fort logiquement la victoire du “oui”, et voilà qu’ils manifestent leur mécontentement par voie statistique (un sondage du 11 juillet 2015) : 79% des Grecs sont contre le troisième bail out qui est dans le nouvelle proposition Tsipras et 74% disent que cette proposition est une “trahison” des résultats du référendum. C’est ZeroHedge.com qui nous présente la chose avec quelques autres précisions à faire frémir (de nouvelles élections, et puis quoi encore), – ce même 11 juillet 2015.

«According to a snap poll by Bridging Europe, a whopping 79% of respondents said they are against the Third bailout proposal of the Greek government, with a further 74% stating they believe that the Greek government's proposals go against the 61% of the Greeks who voted “No” in the referendum. And while the poll appears to have miscalculated just how willing the entire parliament is to sell out democracy, with 53% stating that the proposal would likely not pass parliament with full support (it did), another 51% believe that Greece will have snap elections in the “next couple of months.”»

... Oui, “vraiment, peut-on faire confiance à un Grec” ? La Grèce, et les Grecs avec, ne semble pas avoir compris les modalités de l’exercice auquel elle et ils sont soumis, qui est au fond une sorte de description des conditions dans lesquelles l’Europe doit évoluer sous le pilotage de “la Secte”, avec délégation complète, mais attentive aux applications, des pouvoirs du Système. Certes, il y a nécessité d’une “capitulation complète” selon les conditions voulues par “la Secte”, mais cela ne peut s’appeler “capitulation” car on n’emploie pas de ces termes pour désigner une attitude d’évidence devant la seule réalité concevable, – tout juste un retour au bon sens, et en bon ordre ; mais il y a aussi, et même surtout, une question de “crédibilité” et, surtout à nouveau, une question de “confiance”. Vous voyez bien que c’est un problème humain, c’est-à-dire psychologique mais aussi venu du cœur, et nullement un seul problème de comptabilité, de macro-machin-économie, etc.

Nous pensons en effet, avec nos antennes concernant le subliminal et le body language de Mr. Dijsselbloem, que la “confiance“ dont il est question est certes celle de la réelle application des termes de la “capitulation-qui-n’en-est-pas-une”, mais que c’est aussi la “confiance” que “la Secte”-Système peut accorder à l’individu grec, de son Premier ministre insupportable dans sa façon de capituler au dernier individu-citoyen grec sondé avec les résultats catastrophiques qu’on a vus. En d’autres termes, le Grec doit capituler sans avoir l’air de capituler, mais au contraire en montrant toute la mesure de sa contrition jusqu’à être inondé du bonheur qu’il a éprouve de retrouver la bonne voie, et par conséquent le bonheur qu’il devra éprouver dans les effets sans nombre de l’application du plan que “la Secte” dictera finalement. Ce que “la Secte“ attend c’est, conformément aux normes de fonctionnement de la sainte-Inquisition, une abjuration complète de tous les éléments sacrilèges qui ont encombré l’âme du pêcheur du Pirée ces derniers mois et qu’ainsi, ayant retrouvé la grâce, il retrouve tout le bonheur de sa foi.

Tout cela sollicite-t-il la réalité ? Il n’y a plus de “réalité” dans le monde sublimement faussaire où nous vivons, et c’est une vérité de situation qu’il faut chercher, et nous prétendons l’avoir trouvée dans cette description en forme (à peine) de parabole. Si nous abandonnons la parabole, nous observons que “la Secte”, ditto le Système, si elle utilise la technique et la forme de la Sainte-Inquisition, n’en a ni la rigueur ni la logique. Au contraire, ce sont des inquisiteurs eux-mêmes malades, et diablement, et évidemment bien plus malades que le citoyen grec qui répond à un sondage ; ils sont évidemment religieux mais ils le sont d’une façon schizophrénique, en affirmant évidemment, – quelle horreur, – qu’ils ne sont pas et qu’ils ne peuvent l’être ; ils ont toutes les tares de l’esprit religieux et aucune des vertus. En d’autres mots et pour utiliser un mot simple qui leur va bien, – ils sont fous et complètement sous l’empire des forces subversives dont ils assurent l’opérationnalité, tout cela élégamment bien entendu et avec l’air d’en savoir beaucoup pour rassurer les partisans des thèses du Grand Complot. Il n’y a rien à attendre que ce qui peut sortir de ce diagnostic de la folie.

... Autrement dit, autre vérité de la situation, nous ne sommes pas sortis de l’auberge, – pour ceux qui ont eu l’imprudence de s’y aventurer. Nous voulons dire par là que nous ne sommes loin du terme de l’aventure grecque, qu’on peut être sûr désormais que nous aurons droit aux chapitres Grexit, Grande Crise européenne, etc., tout cela se plaçant avec grâce et élégance dans le “tourbillon crisique” qui ne cesse plus de nous solliciter. Ce constat (plus qu’une prévision) n’a d’ailleurs aucune originalité, puisque, si vous vous tournez vers la Chine et sa bourse flamboyante, vers l’Égypte face à Daesh, vers l’Ukraine et ses facéties de tragédie-bouffes, vers les USA et les appels à la désobéissance civile, vous retrouvez le même spectacle des nuances sans nombre de l’immense crise eschatologique, de la Grande Crise d’effondrement du Système qui secoue notre univers.


Mis en ligne le 12 juillet 2015 à 10H15