Soyons sérieux maintenant, le Pentagone voudrait plus d’argent pour survivre

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Il s’agit maintenant de revenir aux choses sérieuses. La crise, le “bailout”, le gaspillage, le blocage systémique du Pentagone, toute cette sorte de choses mérite d’être mis en perspective, – c’est-à-dire sur le côté, pour laisser un peu d’air, revenir aux choses sérieuses et sauver le Pentagone de la famine. Cela signifie une augmentation de 13,5%, soit $57 milliards, pour le prochain budget (FY2010) du Pentagone.

C’est Bloomberg.News du 2 octobre, recoupé par Danger Room du 3 octobre, qui annonce la nouvelle de la demande d'augmentation de son budget par le Pentagone. Ce n’est d’ailleurs pas une vraie “nouvelle”. La chose est supputée depuis quelques mois et n’étonne pas vraiment ceux qui suivent l’existence angoissée et surchargée du monstre. (Dans l’information donnée ici, le budget FY2009, à partir duquel l’augmentation pour FY2010 est demandée, est présentée à $514.3 milliards. On sait qu’il se situe en réalité au travers des divers réseaux, financements cachés, etc., au-delà du $trillion pour cette année FY2009, quelque part assez proche ou au-dessus de $1.100 milliards.)

«The U.S. military wants an increase of $57 billion in fiscal 2010, about 13.5 percent more than this year's budget of $514.3 billion, according to the Pentagon's outgoing comptroller. The White House hasn't approved the request and Pentagon officials will make a strong case for it, Tina Jonas said.

»Some of the increase reflects a determination to include in the base budget some costs that have been funded through emergency legislation, Jonas said in an interview. The expense of the wars in Iraq and Afghanistan has been funded this way, even as many lawmakers, including Senator John McCain, the Republican presidential nominee, complained these requests include other spending, mask the military's true cost and complicate their budgeting process.

»Jonas said Defense Secretary Robert Gates decided this new course was necessary to maintain a ready force for the next administration, and the request would include personnel and equipment costs that shouldn't depend on emergency funding. “It's up to the senior leaders of this department to articulate to the next team why they think this is the right'” course of action, she said. The new president will take office on Jan. 20 and submit the fiscal 2010 budget request to Congress in February.»

La beauté de cette affaire est que, dans cette maison de fous qu’est le Pentagone et dans ce raisonnement d’aliéné comme nous apparaît la démarche, cette demande d’augmentation salée du budget du Pentagone repose en réalité sur une tentative vertueuse de tenter de reprendre le contrôle de ce même budget, voire de le brider, même de tenter de le réduire. Cette demande d’augmentation vient directement de l’OSD, le cabinet du ministre Gates. On sait que ce même Robert Gates aurait éventuellement comme successeur, en janvier 2009, Robert Gates lui-même, et cela dans l’éventualité d’une administration Obama dont l’un des buts serait de tenter de reprendre le contrôle du Pentagone et, éventuellement, sur la pointe des pieds, d’envisager un infléchissement vers la réduction du budget à partir de l’année FY2010. Que vient faire, dans ce cas, cette demande d’augmentation patronnée par Gates lui-même, puisqu’il veut lutter contre l’anarchie et le gaspillage au Pentagone et qu’il se préparerait à se succéder éventuellement à lui-même?

Comme on le voit, il s’agit de tenter de commencer à inclure dans le budget de fonctionnement du Pentagone le coût des guerres en cours, qui sont financées par des “supplementals” votées au coup par coup par le Congrès, qui sont la cause d'un désordre considérable et facilitent le gaspillage, le détournement de budget, etc. Ces financements hors budget devraient atteindre $180 milliards pour l’année 2008. Du coup, l’augmentation du budget devrait être compensée par une réduction à mesure des “supplementals” du Congrès; du moins s’agit-il de l’intention qu’on pourrait prêter à Gates dans ce cas.

Ce n’est pas gagné d’avance, tant s’en faut. D’abord, cette augmentation n’englobe pas la seule intégration des “supplementals” dans le budget de fonctionnement. Du coup, et à partir du moment où la procédure des “supplementals” existe toujours, le risque existe évidemment que le budget de fonctionnement, avec l’augmentation elle-même, soit mangé par les dépenses de fonctionnement, et les “supplementals” finalement laissés à leur niveau actuel. On reviendrait alors à une augmentation effective de 13,5%. Il faudra une volonté titanesque et une habileté bureaucratique exceptionnelle pour prévenir de telles manœuvres, que la bureaucratie du Pentagone initiera évidemment parce que c’est sa nature même. Gates montrera-t-il ces qualités (si c’est lui qui reste au Pentagone)? Malgré tout le bien qu’on peut penser de lui, on se permettrait respectueusement d’en douter, parce que la puissance brute de la bureaucratie du Pentagone est ce qu’elle est, qu'elle s'est jusqu'ici montrée irrésistible et qu'elle ne cesse de se renforcer.


Mis en ligne le 4 octobre 2008 à 14H01

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