Sauvetage in extremis en faisant Rafale commun…

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La Royal Navy est sur le point de sombrer, véritablement. L’amiral français Forissier, chef d’état-major de la Marine Nationale, disait le 6 juin 2011 au Daily Telegraph, la stupéfaction des marins français devant l’ampleur des compressions budgétaires subies par la Royal Navy : «From a French standpoint, I have to say that we were really stunned because the Royal Navy has always been a model for us and it is now faced with a very difficult situation…»

Cette situation a été largement confirmée par les déclaration du First Sea Lord, l’amiral Stanhope, sur la situation dramatique de la Royal Navy au large de la Libye, – et ailleurs du reste (le 13 juin 2011 dans le Guardian : «The head of the Royal Navy has warned that the fleet will not be able to continue the current scale of operations around Libya beyond the summer unless ministers take tough decisions about what they want to prioritise.»). Le 14 juin 2011, Richard Norton-Taylor et Nick Hawkins sont venus au secours du pauvre Sir Mark Stanhope, accablé de critique au 10 Downing Street pour ses déclarations de la veille : «…Which is unfortunate. He didn't say anything untrue or incorrect. He didn't even say anything that remarkable.»

Comment sauver la Royal Navy dans ce Trafalgar à rebours ? Comment l’aider à colmater les brèches pour éviter le naufrage en attendant l’hypothétique venue du futur porte-avions, The Queen Elizabeth, d’ici… combien de temps ?… une décennie  ? Qui sait ? Et un porte-avions avec quels avions, du reste ? Le JSF (ricanements contenus) ? Alors, pourquoi pas le Rafale qui vole, lui, et qui vole bien (ricanements plus audibles) ? En attendant, et une fois dissipés les ricanements, c’est bien le cas, pour le Rafale, comme mesure de sauvegarde.

C’est ce que détaillent plusieurs journaux britanniques, en annonçant que le plan de sauvegarde, – pardon, de coopération, –– est entré en action. Un premier contingents d’une trentaine d’officiers pilotes de la Navy vont être embarqués à bord du Charles de Gaulle où ils opéreront pendant plusieurs années (trois), notamment en pilotant les Rafale embarqués à bord du Charles de Gaulle.

Forissier avait préparé le terrain au niveau sacro saint de la communication… «British aircraft could fly missions off French carriers in the future, the admiral said. “When you carry out an attack it is the nationality of the aircraft [that is important], so potentially in the future you could have UK aircraft operating for a UK mission from a French base.”

»With no Royal Navy carriers available for at least the next decade, the French navy will be a significant partner in helping train British sailors. Adml Forissier said: “The Royal Navy has lost its know-how for 'catapult carriers’.” “To run a carrier to its full capacity you need 10 years [of training]. The challenge is to prepare ourselves during this 10 years so that when the Queen Elizabeth [the first 60,000-ton carrier] is ready it can be operable in a very short time.”»

Le 12 juin 2011, le même Daily Telegraph (avec d’autres) détaille d’une façon pratique le commencement de l’opération de sauvetage, – c’est-à-dire de coopération… Les pilotes britanniques à bord du Charles de Gaulle, la nécessité pour eux d’apprendre le français, leur accoutumance nécessaire à la nourriture du cru (excellente, indeed, mais froggy), les habituels lieux communs sur l’hygiène des officiers français par rapport à celle, bien plus glorieuse, des officiers britanniques… Mélange d’amertume et de blagues éculées, souligné par un message d’outre-tombe de l’amiral Horatio Nelson, retranscrit par un officier de la Royal Navy : «Who would have thought that more than 200 years after the Battle of Trafalgar, we would be asking the French to train our Naval fighter pilots? Our relationship with the French has always been a bit tense, so this will be a big test of co-operation.»

Pour le reste, l’opératiion est sérieuse…

«The first five of 30 Royal Navy pilots have begun French language training at the defence college in Paris before they join the carrier, the Charles de Gaulle, where they will fly Rafale jets.

»They will spend 16 weeks studying French so that they are able to communicate with their colleagues on board the vessel. While they will wear their own uniforms they will sleep, eat and work alongside French fighter pilots, in what has been described as a major test of co-operation for the two Navies. […]

»One benefit for the Royal Navy personnel however will be the quality of cuisine offered on board the Charles de Gaulle, which is said to be of a much higher standard than that available on board British ships.»

Le dérisoire, l’amertume, la plaisanterie éculée, les considérations sérieuses et un peu pompeuses sur la coopération, les appels au secours face au naufrage de cette glorieuse institutions qui a fait l’Histoire, – la Royal Navy, – tout y est… Jusqu’à cette situation inédite de marins britanniques qui, pendant trois ans, vont voler à bord du Rafale, comme si le Royaume-Uni avait acheté le Rafale. Ce serait une sage précaution si l’on considère l’effroyable effondrement et la probable chute dans le néant du mythe inversé par la subversion du Système qu’est le JSF des cousins américanistes.

…D’ailleurs, peut-être pourrait-on déjà l’annoncer presque avec assurance : oui, bien sûr, le Royaume-Uni finira par acheter, ou louer pour un temps indéfini, le Rafale Marine, comme une mesure de sauvetage en catastrophe se transformant en mesure structurelle de facto. La sensibilité écorchée des Britanniques à l’idée d’acheter français, outre de “coopérer” français en se réfugiant sur le Charles de Gaulle, ne sera pas écorchée trop longtemps, – on s’habitue à tout, – puisque, d’ici là, le Pentagone aura lui aussi sombré, avec le JSF. Alors, ils (les Britanniques) voleront à bord du meilleur avion embarqué du monde (dito, le Rafale), dans une situation universelle de déstructuration accélérée des restes du Système en phase accélérée d’effondrement. Sans aucun doute, et pour se fixer sur ce point très particulier d’une situation générale d’effondrement, cette mesure des pilotes britanniques intégrés sur le porte-avions français et dans les unités embarquées Rafale est une excellente préparation technique et, surtout, psychologique, à la démarche finale qui nous semblerait très vite inéluctable du choix du Rafale par les Britanniques. Ces Britanniques s'habitueront à la “coopération” avec les Français et apprécieront le Rafale, comme d'autres (Britanniques), au moins un, ont commencé à le faire ; cela remontera à l'état-major, puis au pouvoir politique, qui n'a plus aucune option de rien du tout, plus aucune perspective, plus aucune stratégie, plus rien, – et qui sera bien content de sauter sur l'occasion d'une justification venue de ses militaires pour l'achat du Rafale parce qu'il n'y a rien d'autre à faire. Tout cela se ferait dans une atmosphère si complètement apocalyptique par ailleurs et en général qu’une telle décision n’aurait qu’un retentissement moyen, le reste de l’effondrement faisant beaucoup plus de bruits et de vagues.

La “coopération” franco-britannique est une mesure de survie commune, – un peu plus pour les Britanniques que pour les Français, – et doit être considérée comme telle, impérativement. Le possible choix du Rafale par les Britanniques que nous entrevoyons désormais comme très probable ne peut être apprécié en aucune façon comme la mesure révolutionnaire qu’elle eût été il y a cinq ou dix ans. C’est, là aussi, une opération de survie, ou de sauvetage en catastrophe, face, pour le cas particulier, à la situation terrifiante du Royaume-Uni et de ses moyens, face à la situation US et à l’effondrement, là aussi, des structures, des capacités des forces et des capacités de production, de la situation d’un programme d’avion (notamment, sa version embarquée F-35C) qui s’effondre régulièrement vers une nouvelle situation où, au mieux, il faudra compter un JSF à $150-$200 millions, et, au pire, – le pire est aujourd’hui non seulement “toujours possible” mais, très vite, de plus en plus probablement, – sur pas de JSF du tout. Mais, d'ici là, les USA n'existeront sans doute plus sous leur forme actuelle, et on ne leur en voudra pas trop...


Mis en ligne le 15 juin 2011 à 05H39

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