Qui tient qui avec l’embargo ? L’Iran ou l’UE ?

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Nous poursuivons le jeu du “qui… qui ?”, fort prisé dans la crise iranienne, par la question de l’embargo du pétrole iranien décidé par l’UE, effectif dans six mois (fin juillet). Des sources européennes indiquent que les Russes viennent d’aviser officieusement leurs collègues diplomates de l’Union Européenne que les menaces iraniennes d’interrompre immédiatement leurs exportations de pétrole vers l’UE sont à prendre très au sérieux.

Ces menaces sont détaillées ce 27 janvier 2012 par PressTV.com, notamment par l’annonce que la commission de l’énergie du Parlement iranien étudie la mise en place d’une telle mesure. (Hier 26 janvier 2012, une nouvelle annonçait déjà l’étude du plan par le Parlement.)

«An Iranian lawmaker says entering into oil war with Iran will bring European Union member states to their knees as Tehran will prevent the export of even one drop of oil. “The Islamic Republic of Iran has the world's third biggest oil reserves and cannot be eliminated from global energy equations,” Seyyed Emad Hosseini, spokesman for the Majlis (parliament) Energy Commission, said on Friday.

»The lawmaker said playing with the world's third biggest oil power will certainly affect international oil and gas transactions and Europe will not be immune from oil price fluctuations. He stated that the Iranian Majlis is considering a plan to completely stop oil exports to EU members which will initially paralyze the economies of Italy, Spain and Greece. “Iran is powerful [as a country] and oil sanctions imposed by European countries will only harm the European Union because Iran can easily prove its oil supremacy in the Middle East region,” he said.

»Hosseini added that Europe will definitely lose its oil war with Iran because European countries are grappling with numerous domestic challenges and disruption of Iran oil flow will lead to the escalation of domestic pressure and crisis in EU member states.»

Il semble que les Européens, lorsqu’ils ont décidé l’embargo, n’aient pas nécessairement pris en compte cette idée de la possibilité de l’immédiateté de la mesure, par une décision de l’Iran de cessation de livraison de pétrole vers l’UE, retournant contre l’Europe sa propre arme de l’embargo. Pourtant, les débats au sein de l’UE, aboutissant à la décision du 23 janvier, ont affiché la vulnérabilité extrême de l’UE, au travers de certains de ses Etats-membres, dans cette question de la chronologie. Les pays les plus menacées par cette mesure le sont d’autant plus qu’ils combinent une double vulnérabilité ; ils sont à la fois les plus en difficultés économiquement et les plus dépendants des importations iraniennes. Ce sont eux, – l’Espagne, la Grèce et l’Italie, – qui ont obtenu un délai de six mois pour l’instauration de l’embargo, au lieu du délai de trois mois que voulaient les maximalistes de l’UE (France en tête, avec les Britanniques, les Hollandais et les Allemands). Cela revenait à affirmer clairement qu’un embargo immédiat serait une catastrophe pour ces pays, et pour l’Europe par conséquent, ce que sembleraient avoir compris les Iraniens.

Si la démarche iranienne se confirmait, la situation économique des trois pays concernés et, par conséquent, tout l’équilibre délicat de l’UE qui tente de sortir de sa crise générale, se trouveraient évidemment compromis. La phase “embargo du pétrole” de la crise iranienne commencerait alors par une relance de la crise européenne, ce qui paraît être une voie étrange et nullement incluse dans les plans des experts de la bureaucratie européenne.


Mis en ligne le 27 janvier 2012 à 17H26