Les Russes n’ont qu’à bien se tenir, la Suède arrive

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L’Europe vient de connaître une année de deux présidences fameuses de l’UE, en ce sens qu’on savait à quoi s’en tenir. La présidence française avait été annoncée d’une façon tonitruante et elle fut effectivement remarquable à plus d’un égard avec deux crises majeures (la Géorgie et la crise financière en août et septembre 2008). La présidence tchèque, par le contraste qu’elle formait avec la présidence française, par la façon dont Sarkozy avait mis en question les modalités mêmes du système des présidences à six mois réparties sur un pied d’égalité, “bénéficiait” également d’un certain intérêt et d’une certaine notoriété avant de s’ouvrir, bien entendu dans un sens négatif après la française. Elle fut d’ailleurs chaotique et confirma d’une certaine façon ce qu’on attendait d’elle, – une démonstration par l’absurde des faiblesses du système.

Par contraste, on parle fort peu de la présidence suédoise qui commence à la fin du mois. L’atmosphère nourrit d’ailleurs cette incertitude, avec l’espèce d’“étouffement” de la crise financière et économique sous une avalanche remarquable de propagande virtualiste, ou, si vous voulez, une floraison tonitruante et rassurante de “jeunes pousses” (“green shoots”) printanières. Ce climat surréaliste est confirmée par des sources européennes qui décrivent une bureaucratie européenne au travail «comme si rien ne s’était passé, ni la crise géorgienne, ni la crise financière». Il apparaît alors que la présidence suédoise semblerait décidée à ne rien changer à ces auspices marqués par un virtualisme militant de la part de l’establishment européen.

«Ce qu’on distingue, disent nos sources, c’est une volonté suédoise de développer une politique anti-russe très appuyée». Cela se ferait dans le sens classique de la “politique européenne” appuyée sur les réseaux pro-US ou US hérités de la présidence Bush, avec l’arsenal de la guérilla humanitaire bien connue: dénonciation des conditions démocratiques, “droitdel’hommisme”, dénonciation d’une politique extérieure russe qualifiée d’agressive, “guerre du gaz”, etc. La cause de cette position suédoise est mal identifiée par des indications précises. «Ce qui apparaît surtout, c’est une direction politique très inspirée par le “politiquement correct” libéral européen, “à-la-Blair”, notamment très partisane du modèle économique libéral, avec lequel la politique anti-russe est parfaitement cohérente.»

Les Suédois arrivent donc, sans la moindre attention ni le moindre intérêt pour les leçons qu’on pourrait tirer des crises diverses et récentes, – quelles crises, d’ailleurs? L’hostilité à la Russie fait partie de cet arsenal hérité de l’illusion libérale post-Guerre froide et parfaitement représentée, effectivement, par la “blairisme” du New Labour dont les élections européennes de dimanche ont célébré une fois de plus le triomphe. Tout cela s’accorde tout aussi parfaitement avec l’état d’esprit régnant dans les institutions et bureaucraties européennes. Rien n’a changé, rien ne doit changer dans nos certitudes vertueuses. La Russie reste le principal danger pour la civilisation et le système sur notre continent, – ou bien, soyons juste, le principal danger avec le protectionnisme, les deux à parts à peu près égales, – car l’on vous rassure là-dessus, le protectionnisme, dont on sait qu’il est la cause principale de la crise (dans tous les cas, celle des années 1930), est vivement dénoncé et combattu.

L'UE poursuivra donc, sous la baguette suédoise et de concert avec sa compagne-soeur, l'OTAN, sa vertueuse mission de déstructuration de la réalité. (Il se chuchote au reste que la Suède ne rêve que d'imiter certains visionnaires bien connus. Une entrée de ce pays dans l'OTAN serait du dernier chic pour compléter le tableau, – c'est notre conseil du jour.)


Mis en ligne le 9 juin 2009 à 05H44

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