Le syndrome sioniste

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Le syndrome sioniste

La menace d’attaques iraniennes contre des cibles israéliennes et/ou juives dans des villes aussi variées que New York, Toronto, Los Angeles ou Philadelphie serait croissante. Il s’agit de la déclaration du chef de la sécurité intérieure de l’entité sioniste à une audience restreinte. Il confiait néanmoins ses inquiétudes à une assemblée assez ouverte pour que ses appréhensions se trouvent livrées par la télévision ABC News et publiées sur son site internet. La surveillance de sites officiels de représentation du régime de Tel-Aviv comme celles de lieux culturels ou religieux juifs est sérieusement renforcée.

L’alerte est maximale.

Les cibles potentielles ne se limitent pas à l’Amérique du Nord, l’Europe est également concernée.

Être adepte du sionisme est un labeur harassant et nécessite une vigilance sans repos.

Pour rendre cohérente la théorie du peuple juif toujours soumis à la vindicte généralisée, il faut traquer et mettre au jour inlassablement les innombrables complots qui le menacent.

Sans doute, l’appareil de sécurité sioniste suppose plausibles des rétorsions imminentes. Il n‘oublie pas son rôle récent dans l’enlèvement du chercheur en physique nucléaire Shahram Amiri en juin 2009 en Arabie Séoudite et dans l’assassinat de l’ingénieur Mostapha Ahmadi Rochan travaillant sur le site de Natanz en janvier 2012. Cette guerre-là, il l’a menée aussi en Irak. Dans les premières semaines de l’occupation occidentale dès mars 2003, près de 3000 professeurs d’université, médecins et ingénieurs ont été assassinés. L’assassinat dit ciblé est une pratique constante de la machinerie politico-criminelle sioniste et cette technique de guerre est bien antérieure à la revanche de Munich. Ghassan Kanafani écrivain et journaliste est le fondateur et théoricien du Front populaire de libération de la Palestine d’obédience marxiste. Il décède à Beyrouth le 8 juillet 1972 dans un attentat à la voiture piégée et n’aura été qu’un élément d’une longue liste d’intellectuels palestiniens ou non liquidés avec constance et conscience pour garantir la survie d’un greffon exogène de nature incompatible avec le tissu de la région où il a été implanté.

Si l’on admet l’hypothèse qu’une collection d’individus est douée d’une structure psychologique propre, l’entité sioniste peut être vue animée d’une névrose de persécution. Elle est affligée d’une souffrance à laquelle il ne lui est pas possible de renoncer sous peine de voir s’évanouir son identité. Ce symptôme lui est constitutif, il est son mode singulier d’existence.

Le rejet, traduit dans une gamme qui a varié d’une ségrégation à des massacres en masse, dont les Juifs furent victimes en Occident est passé d’un affect pur à une représentation. Celle-ci a perdu son lien avec l’auteur de l’exclusion initiale.

Le transfert de l’affect négatif se fit sur le Palestinien.

D’abord parce que le Palestinien est celui qui a été rencontré sur le lieu qui aurait dû être vide selon le fallacieux slogan d’une terre sans peuple pour un peuple sans terre. Devoir le chasser, le faire disparaître a nécessité d’énormes investissements dans une stratégie guerrière, coûteuse en hommes et en finances. Mais ruineuse aussi dans des manœuvres de dissimulation symbolique puisque le grand homme politique que fut Golda Meir expliquait que le Peuple Palestinien n’existe pas. Faire la guerre pendant plus d’un siècle, car il faut faire remonter le projet sioniste à la date de son premier Congrès de 1897 à Bâle, à un ennemi qui n’existe pas confine le seul belligérant à un délire chronicisé.

Le Palestinien est aussi le vrai sémite.

Sa langue l’a toujours été. Elle a été cananéenne, hébreu, araméenne, mêlée de grec et de latin et enfin et le plus durablement, soit quatorze siècles, arabe. La chute du royaume d’Israël a eu lieu vers 724 lors de la conquête assyrienne et celle du royaume de Juda vers 586 avec la domination des Babyloniens. Beaucoup plus tard, la dynastie des Hasmonéens (167-63 avant l’ère chrétienne) a bien judaïsé les Iduméens quand elle a annexé leur territoire mais ces rois se faisaient appeler Basileus et étaient déjà passablement hellénisés. La conquête romaine sous Pompée en 63 (avant JC) a latinisé la région pendant sept siècles jusqu’à la conquête arabe. Si l’on admet que les Israélites furent unifiés au XIème- Xème siècle avant l’ère chrétienne, la domination de la région de Palestine par un ou deux royaumes juifs n’excède pas cinq siècles au total. La Palestine a progressivement adopté la langue arabe depuis le traité de Djabia signé en 640 entre Omar Ibn Khatab, deuxième khalife de l’Islam et le patriarche Sophronius de Jérusalem, chef de l’Église orthodoxe opposé au monothélisme préconisé par l’Empereur romain d’Orient.

Le Palestinien est le faible que le Juif ‘régénéré’ selon le terme de Herzl ne saurait plus être. Passé sous protectorat occidental à l’issue des accords Sykes-Picot au lendemain du dépeçage de l’Empire ottoman, le Palestinien, sans armée nationale, serait un ennemi facile à spolier et éliminer. Il est construit dans l’imaginaire offert à l’économie psychique sioniste comme l’antithèse du Juif. L’image du juif faible, humilié dans les ghettos et les pogroms s’effacerait si elle est projetée sur le Palestinien réduit à un écran mutique pour fantasmes sionistes. Cette opération de transposition de sa part humiliée à l’autre qu’on humilie à son tour pour se nettoyer de son statut de victime est à toujours recommencer. La position de la haine-amour du Palestinien son vrai lui-même, car il est l’authentique sémite qui n’a jamais cédé au désir d’aller chercher fortune ailleurs, installe une distance impossible à tenir. Comment abandonner ce qui lui permet de subsister, le noyau de son être est forgé de la constellation de traits dérivés d’une mythologie qui le peint comme le persécuté, contraint à l’exil par une Rome qui n’a jamais effectué de transfert de population. Il n’existe de plus nulle trace historique ni textuelle ni archéologique d’une diaspora forcée après la destruction du Temple en 70 (p JC) Par un jeu d’identification perverse et jamais aboutie, forcer le Palestinien à l’exil entérine la fausse vérité historique de sa disparition de la Palestine à l’ère chrétienne. (1)

Sa folie paranoïaque condamne l’entité à devenir la grande manœuvrière du monde. Elle étend par nécessité vitale l’impact de ses mesures sécuritaires préventives aux pays qui la jouxtent et de proche en proche ses cibles se retrouvent dans des cercles concentriques de plus en plus larges. Cette névrose oblige le sujet qui en est atteint à intégrer la moindre maille, le moindre trou dans le réseau serré de son interprétation du monde qui l’assigne à figurer pour toujours le Persécuté. Le délire sioniste trouve d’autant plus consistance dans son implacable argumentaire qu’il a sécrété dans un contexte intellectuel occidental anémié, fibreux, débilité et stérile un outillage dense de notions creuses. Démocratie désignation abusive d’un système parlementariste gangrené par le pouvoir de l’argent est le mode d’existence sociale impérative applicable partout. Droitsdelhomme, étiquette pour ingérence et spoliation économique, est l’éthique portée en bandoulière par les armées d’occupation de ce temps nouveau.

Le sionisme est même la vertu et le Sacré du Système.

Une de ses colonnes organisatrices.

Indiscutable.

Jusques là son point aveugle.

D’abord interrogé à la marge, le spectre d’une guerre totale et généralisée d’une autre intensité que l’actuelle avec la mise en péril d’autres catégories que les habituels résidents du Proche-Orient avive le questionnement du bien fondé des axiomes de son idéologie.

L’entité sioniste pour rester homogène avec sa définition existentielle a hypertrophié son appareil sécuritaire pour se confondre avec lui. Israël n’est pas un État qui dispose d’une armée avec un renseignement et un espionnage tentaculaires mais une armée teintée de théocratie qui bénéficie d’un État.

Pour autant, elle ne peut prétendre exercer une surveillance efficace sur la moindre de ses extensions en dehors de sa base en Palestine occupée.

Elle ne peut plus interdire la diffusion de la technologie d’agression dont elle a gardé la suprématie dans la région. L’AIEA, les Us(a) et l’Europe ne sont que de vulgaires instruments qu’elle a soumis à ses vues, punir voire anéantir le moindre de ses compétiteurs véritable ou seulement supposé.

La destruction de l’Iran a été programmée. Plusieurs options sont à l’oeuvre.

L’induction d’un changement de régime peine à advenir. Les pénétrations d ‘éléments armés depuis l’Irak et l’Afghanistan n’ont pas manqué. Le soutien logistique depuis des sites étasuniens lors des émeutes vertes contestant les résultats des élections de juin 2009 a été impuissant à aboutir.

L’attaque militaire éclair est sans cesse remise depuis au moins 2005. Il est à remarquer que lorsque l’allié protecteur vassal étasunien d’Israël tente de modérer les ardeurs belliqueuses sionistes, c’est la France depuis 2007 qui donne de la voix.

Enfin, l’isolement économique fonctionne depuis le fameux accord qui a mis fin à l’épisode des otages de l’ambassade des Us(a) à Téhéran signé à Alger en janvier 1981.

Dès 1984, le gouvernement Reagan a élu l’Iran État exerçant du terrorisme comme moyen politique, rétorsion à son aide apportée au Hezbollah qui n’a vu le jour qu’en raison de l’invasion israélienne du Liban. En 1986 , l’US Arm Export Control Act interdit l’exportation d’armes étasuniennes à l’Iran.

En 1992, l‘administration Bush père renforce le dispositif législatif punitif contre l’Iran en raison d’un rapport de la CIA. L’Iran consacrerait 2 milliards de dollars par an à l’acquisition d’armes de destruction massive. S’en suivra un long chapelet de sanctions économiques reconduites et amplifiées sous Clinton ( l’Iran-Libya Sanctions Act de 1996 promue sous la pression de l’AIPAC), puis Bush fils avec renouvellement en août 2001 de l’ILSA et l’ extension de son aire d’application qui mettait à mal les intérêts des compagnies pétrolières étasuniennes. Bon nombre d’études ont établi que les industries étasuniennes avaient perdu des milliards de dollars en raison des pertes d’opportunité induites. Ici aussi, c’est L’AIPAC qui a imposé cette mesure face à un Collin Powell qui était demeuré sceptique.

Fin janvier 2012, le ministre des Finances de l’entité sioniste a déclaré à Blomberg Businessweek que devait être appliqué à l’Iran un blocus aérien, maritime et terrestre analogue à celui infligé à Cuba depuis 1962. M. Yuval Steinitz confond Gaza, 1,5 million d’humains sans armes à mesure de l’agression subie sur trois cents km2 à sa porte et une République affaiblie certes par dix années de guerre livrée par l’occident par l’entremise de Saddam Houssein mais inentamée dans sa souveraineté.

Le faisceau des trois lignes d’attaque est inopérant.

L’hégémonie israélo-étasunienne est devenu improbable en raison de la crise financière qu’elle a disséminée. Elle est responsable de l’entrée en récession de sa sphère d’influence directe. Elle se trouve fracturée par l’expression affirmée de puissances moyennes qui déploient une envergure en évolution rapide.

Le veto de la Chine et de la Russie à la déposition de l’actuel chef d’État de la Syrie en est une bonne indication.

Le souvenir cuisant de la guerre de l’opium contre la Chine au 19ème siècle, la descente aux enfers de la Russie à la fin des années 90 en raison de la thérapie de choc préconisée par les financiers prédateurs étasuniens ne sont pas des catégories mémorielles fictives.

La révolution syrienne n’est pas une affaire domestique étasunienne et le golfe arabo-persique n’est pas une mer intérieure américaine.

Nul traitement ne peut éteindre le Désir absolu du grand Persécuté.

Seule la dissolution de l’entité sous l’effet de sa propre autolyse en viendra à bout.

Sa dégradation immunitaire sous l’effet enzymatique de ses éléments constitutifs va bon train.


Note

(1) Le fameux traité qui scellait la reddition de la Palestine en 640 comportait une condition tout à fait contraire aux dispositions habituellement prises vis-à-vis des Gens du Livre. En échange de la promesse de ne pas trahir le nouveau pouvoir musulman, de payer un impôt qui les dispenserait de participer aux efforts de la conquête, les Chrétiens et les Juifs conservaient leurs biens et bénéficiaient du statut de protégés. La clause de l’impossibilité pour les Juifs de s’établit à Y’lia’ (Jérusalem)t est suffisamment exceptionnelle pour avoir été soulignée par tous les commentateurs. Elle devait répondre à une demande de Sophronius et entérinait un statu quo établi depuis longtemps, perpétué par les Perses et maintenu par Héraclius.

Le faux souvenir de l’exil des Juifs doit remonter à cette tradition initiée tardivement par Byzance.