La perspective Hagel : désordre, désordre, désordre

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La perspective Hagel : désordre, désordre, désordre

15 décembre 2012 – L’épisode Susan Rice a introduit un élément de trouble de plus à Washington, où la transition de BHO-I à BHO-II est beaucoup plus agitée, dans tous les cas du fait de divers événements collatéraux, que la triomphale intronisation de BHO-I en novembre-décembre 2008. L’intrigue Rice et ses suites ne manquent pas de piquant et montrent avec une lumière crue à quel degré de contradictions internes le désordre caractérisant le Système peut conduire.

Comme l’on sait (voir notamment le 14 décembre 2012), Susan Rice, ambassadrice des USA à l’ONU, belliciste quasi-hystérique de la catégorie des “liberal hawks” (libéraux interventionnistes) dont Hillary Clinton est le chef de file et l’inspiratrice éclairée, était “l’homme d’Obama” pour succéder à Clinton au département d’État. Cela aurait fait d’elle, en raison de sa notoriété et de sa visibilité, l’influence la plus forte et la plus dévastatrice en matière de politique extérieure. Elle a dû abandonner à cause de l’affaire de Benghazi et de l’activisme de républicains qui se sont opposés à sa nomination sur ce point, – opposition activiste suscitée et menés par les deux sénateurs ironiquement hyper-bellicistes comme Rice elle-même, Lindsay Graham et John McCain ; au début très isolés dans leur opposition à Rice, voire moqués, ils ont pourtant réussi à l’emporter tant le réflexe-Système d’affrontement et de désordre est fort à Washington. Le coup de grâce a été asséné à Rice par des révélations selon lesquelles elle aurait été impliquée, – autre et charmante ironie des circonstances et joli coup d’œil sur sa vertu de militante belliciste contre tous les monstres antiSystème, – dans des sociétés ayant fait commerce avec l’Iran. C’est le site Washington Free Bacon (WFB) qui révéla la chose (le 13 décembre 2012, sous la plume du spécialiste des coups fourrés Adam Kredo : «The Washington Free Beacon later revealed that she has investments of hundreds of thousands of dollars in several energy companies known for doing business with Iran»). Le site WFB, qu’il nous est déjà arrivé de citer (voir notamment le 8 novembre 2012), est devenu en un peu plus d’un an l’une des courroies de transmission les plus efficaces, à la fois des neocons et de l’extrémiste Washington Times du révérend Moon et des restes de la WACL (la Ligue Mondiale Anti-Communiste du temps de la Guerre froide, largement subventionnée par Moon et le gouvernement taïwanais). On est dans du beau monde et dans de beaux draps.

La première ironie politique de cette affaire, effectivement, est qu’une coalition de super-faucons extrémistes (McCain & Cie et les neocons) a eu raison d’une dame politique qui aurait conduit à toutes vapeurs la politique belliciste d’agression que favorisent McCain & Cie et les neocons. La seconde ironie, toujours politique, est que l’élimination de Rice comme future secrétaire d’État, qui s’annonçait de plus en plus depuis le début décembre, a permis l’entrée en piste de Hagel, qui est le pire ennemi qui se puisse imaginer pour les groupes McCain & Cie/neocons. En effet, la nomination de Rice au département d’État impliquait que la défense aurait dû aller à John Kerry, qui est plutôt un semi-modéré conformiste suivant avec un apparent détachement les grandes lignes du Système, certes sans guère de goût ni de pratique de la politique hystérique de l’interventionnisme, mais avec aussi peu d'énergie pour s'y opposer, et qui aurait eu une influence très faible dans la combinaison. L’élimination de Rice conduit à faire de Kerry le favori pour le département d’État et introduit comme favori pour la défense Chuck Hagel, un modéré assez original et de grand poids, de réputation clairement adversaire de l’interventionnisme(contestée par certain, certes) ; avec un esprit assez indépendant qui peut s’affirmer au niveau politique, – avec même, chuchote-t-on, une certaine habitude de penser par lui-même. A une équipe Rice-Kerry dominée par la secrétaire d’État, avec le tempérament hystérique qu’on lui connaît, succéderait dans cette théorie une équipe Kerry-Hagel où c’est le secrétaire à la défense, assez indépendant et peut-être anti-interventionniste, qui pourrait prendre le dessus.

Nous avons déjà beaucoup parlé d’Hagel, surtout durant la période 2007-2008, où il eut des positions antiguerres et anti-interventionnistes marquées (voir notamment le 1er novembre 2007), où certains (Justin Raimondo lui-même !) espéraient qu’il serait candidat à la présidence pour un programme antiguerre (voir le 12 mars 2007), où il fut question de lui pour un poste important (secrétaire à la défense, justement) dans la future administration Obama, du temps où l’on espérait qu’Obama put vraiment faire quelque chose de nouveau, (voir le 12 novembre 2008). A la fin de 2007, le commentateur washingtonien Steve Clemons, certes une personnalité de l’establishment mais très critique de l’évolution crisique catastrophique de l’establishment, le présentait comme un rebelle : «But what is needed now are rebels. I think Hagel is that kind of rebel, though he is disgusted with Washington and both parties (perhaps a good thing)...» Certes, le mot “rebelle” est à nuancer sous la plume de Clemons et il est très loin de la définition que nous en avons, mais c’est tout de même un point remarquable…

On retrouve un écho de cet enthousiasme des réalistes antiguerre de l’establishment et jusqu’à des dissidents largement antiSystème comme Raimondo, dans la chronique de Foreign Policy de Stephen M. Walt, du 14 décembre 2012 :

«So the Beltway world is a-twitter (literally) with the rumor that President Obama will nominate former Senator Chuck Hagel (R-Neb) to be the next secretary of defense. This is a smart move that will gladden the hearts of sensible centrists, because Hagel is a principled, intelligent and patriotic American who believes that U.S. foreign and defense policy should serve the national interest. […]

»For what it's worth, I hope Obama nominates Hagel and that AIPAC and its allies go all-out to oppose him. If they lose, it might convince Obama to be less fearful of the lobby and encourage him to do what he thinks is best for the country (and incidentally, better for Israel) instead of toeing AIPAC's line. But if the lobby takes Hagel down, it will provide even more evidence of its power, and the extent to which supine support for Israel has become a litmus test for high office in America.

»Of course, it hard to know how effective a manager of the sprawling Pentagon bureaucracy Hagel would be. But he would inherit a seasoned team of deputies to help him handle the day-to-day administrative tasks, and he certainly knows how the sausage gets made in Washington. Obama reportedly has confidence in Hagel's judgment, and could rely on him both for sage advice and political cover when needed. It is therefore easy to see why the president might find him an appealing pick. Equally important, he'd be an excellent choice for our country, which has a crying need for effective and principled leaders.»

Bien évidemment, un “parti anti-Hagel” s’est instantanément formé, qui regroupe les neocons, l’AIPAC sioniste et toute la bande qui suit. Aucune surprise à avoir, les bandits suivent toujours les mêmes pistes. Peut-être se sont-ils aperçus entretemps de la bévue qui les a fait involontairement favoriser l’arrivée de Hagel dans le jeu en favorisant l’élimination de Rice ? Cela nous étonnerait grandement, parce que ces gens foncent comme des bisons (lorsqu’il en restait encore, avant le grand massacre du XIXème siècle aux USA), à l’image du Système, uniquement préoccupés de détruire et de déstructurer, sans prendre garde aux effets pervers (de leur point de vue) qu’ils provoquent. Ils sont, eux, totalement nihilistes-Système… Quoi qu’il en soit, après avoir favorisé involontairement le surgissement de Hagel, ils s’emploient désormais à démolir le même Hagel, conscient du danger très grand, alors que Hagel dispose d’un formidable potentiel de popularité et de respectabilité aussi bien chez les démocrates que chez les républicains, et aussi bien au Congrès. Ainsi le WFB est-il parti à la chasse aux ragots, toujours sous la plume expérimentée de Adam Kredo, le 14 décembre 2012.

«Former Nebraska Republican Senator Chuck Hagel, on the shortlist for secretary of defense in the second Obama administration, sits on the board of a bank that is under investigation for allegedly violating United States sanctions on Iran. The revelation could complicate the possible nomination of Hagel, who has come under sharp criticism for what critics describe as his troubling foreign policy views, which include calling for direct unconditional talks with Iran. Hagel reportedly met with President Barack Obama on Dec. 4 to discuss the Secretary of Defense position, according to Bloomberg News, and has passed the White House counsel’s vetting process.

»Hagel was appointed in 2009 to Deutsche Bank’s Americas Advisory Board. The paid position placed him in close contact with the bank’s senior leadership. Germany’s Deutsche Bank is reportedly being probed by U.S. authorities for violating a trade embargo on Iran’s oil and energy sector, which is believed to play a key role in Tehran’s nuclear enrichment program. Deutsche Bank denies these allegations.

»Hagel’s opponents tell the Free Beacon that the former Senator has many questions to answer about his ties to Deutsche Bank. “The key question for the committees during a confirmation process will be what did Mr. Hagel know, when did he know it, and why has he remained affiliated with Deutsche Bank throughout this process?” asked a senior senate aide involved in the potential confirmation process. “Why has this man not resigned yet from this advisory council?” the source asked.

»Senate insiders have told the Free Beacon that Hagel would face staunch opposition if he were to be nominated by the president. He has been criticized by the pro-Israel community for what they claim is his sharp criticism of Israel and for his support for the elimination of America’s nuclear arsenal.»

Pour couronner le tout, on observera, comme on l’a déjà mentionné rapidement, que, même dans le camp des antiguerres, Hagel ne fait pas l’unanimité, certains s’interrogeant sur ses véritables orientations anti-interventionnistes. On peut avoir un signe de cette hésitation, par exemple, dans la chronique de John Glaser, sur Antiwar.com, le 15 décembre 2012. Quoi qu’il en soit, l’hostilité des neocons est un signe puissant qui invite à considérer une “expérience Hagel” avec intérêt. William Kristol, inspirateur incontesté des neocons, a déjà dénoncé Hagel comme une catastrophe pour Israël (selon WFB, ceci, qui situe la position de Kristol, autant que celle de WFB d'ailleurs : "“If Chuck Hagel has his way, Iran will get nuclear weapons and Israel will be thrown under the bus,” said William Kristol, editor of the Weekly Standard and a board member of the Center for American Freedom, which publishes the WFB.”)

Maître de lui-même comme du désordre

Chuck Hagel, ancien sénateur républicain du Nebraska, est, selon le standard-Système, un homme honorable. Il vaut cent fois, mille fois, la foule des robots, crapules et hystériques qui forment le troupeau asservi de nos élites, et de celles de Washington plus encore. Chuck Hagel est néanmoins dans le Système, et dépendant du Système, et sa qualification de “rebelle” (selon Clemons) est, de notre point de vue, l’on s’en doute, tout à fait relative, sinon complètement exagérée. Mais cela n’est plus le point qui importe, parce que la situation a assez évolué, et marquée nécessairement par l’omniprésence du système de la communication, pour qu’on ne prenne plus en compte que la réputation de Hagel parmi ses pairs du Système (premier point), et la situation supposée de Hagel, à l’instant où l’on écrit, à l’intérieur du Système (second point).

• Pour le premier point, Hagel est l’homme qu’on sait : salué comme intègre, indépendant, d’un esprit de grande qualité, un de ces hommes qui honoreraient le Sénat des États-Unis si cette chose devenue informe et corrompue (le Sénat des USA) existait encore sous la forme romantique voulue par les pères et les pairs fondateurs, en référence au Sénat romain. (Certes, le Sénat ne fut jamais ce qu’on en dit à cet égard, mais aujourd’hui plus personne, vraiment, n’ose plus rien en dire à cet égard, pour éviter la nausée.) Donc peu nous importe ce qu’Hagel est devenu (a-t-il évolué depuis 2007-2008 ?), ni même ce qu’il est en vérité. Sa réputation le précède, l’enveloppe, le définit tout entier (système de la communication) : homme intègre, homme indépendant, “rebelle”, pourtant complètement à l’intérieur du Système, mais, disons, pour sauver le Système par le haut, en restaurant ses soi-disant vertus antiques. (On ne rit pas  : il s’agit là de leur narrative, et ainsi soit-il.)

• Le deuxième point est que la rumeur est telle, les précisions sur les intentions d’Obama si affirmées, la situation laissée par le désistement de Rice si évidente, que la dynamique politique ne fait plus aucun doute dans le tout-Washington manipulé par le système de la communication ; tout se passe comme si Hagel était le candidat de BHO pour le Pentagone… S’il ne l’était pas, pour une raison ou une autre, même simplement parce que BHO lui en préfère un autre, la chose serait perçue comme un recul de BHO par rapport aux intentions qu’on lui prête, et qui existent dès lors qu’on les lui prête (narrative animée et crédibilisée par le système de la communication).

Considérant ces deux points, on ira un pas plus loin dans la supputation et l’on considérera trois situations possibles. On tentera brièvement d’observer ce que donneraient ces trois situations, respectivement, en fonction de tout ce qu’on a déjà dit sur Hagel.

BHO abandonne Hagel ou Hagel abandonne de lui-même

Nous prenons le cas dans son entièreté, y compris celui évoqué dans le deuxième point ci-dessus (BHO n’aurait jamais songé sérieusement à Hagel, et donc il ne le choisit pas). L’hypothèse ici est soit que BHO ne désigne pas Hagel, soit qu’il désigne Hagel et que Hagel refuse ou abandonne, soit immédiatement, soit après un tour de piste, – et tout cela, quelles que soient les raisons, invoquées ou réelles. La perception générale sera nécessairement celle d’un recul de BHO devant une situation potentielle d’opposition à Hagel, de la part des plus extrémistes, et toujours la même bande de plus en plus insupportable (neocons et AIPAC). Ces bandes extrémistes en tireront tout le profit imaginables pour édicter des règles impératives et draconiennes pour les personnalités devant effectivement occuper le poste de direction du Pentagone (et du département d’État).

Une telle situation rendra de toutes les façons extrêmement difficile les processus de confirmation des secrétaires d’État et à la défense, quelles que soient les personnalités désignées. Ambiance maccarthyste garantie, pouvoir et prestige de BHO devant le Congrès et les groupes de pression encore diminués, politique de sécurité nationale encore plus soumise à tous les vents, tous les caprices et toutes les intrigues.

Hagel est nommé et les auditions au Congrès ont lieu

C’est l’hypothèse intermédiaire impliquant que BHO tient à Hagel et que Hagel tient à ce poste et à se battre pour l’avoir s’il le faut. (Hypothèse excluant une situation où un homme honorable malgré le Système comme le serait Hagel ne résiste pas au dégoût qui touche parfois cette sorte d’âme, dont il aurait une pleine cargaison lors des auditions si l’opposition se déchaîne, et abandonne la lutte ; comme le disait Charles Chas Freeman à Russia Today le 9 décembre 2012, lorsqu’on l’interrogeait sur les raisons qui l’avaient fait renoncer à toute action politique à Washington : «We can’t even pass a budget. We can’t even address our fiscal imbalance. We don’t address any of our fundamental questions of foreign policy; we continue to do more of the same. In this circumstance, the chance that one individual could make a real difference is not very great, and I am happy cultivating my garden.»)

Dans ce cas Hagel se trouve devant ses anciens pairs du Sénat, alors que se déclencherait contre lui une campagne de diffamation et de dénigrement, certains de ses pairs la relayant lors des auditions. Hagel n’est pas tombé de la dernière pluie et il en connaît un bout sur ses collègues et sur les pratiques type-AIPAC et le reste. Il y a alors une forte possibilité qu’on assiste à des auditions où certaines vérités sévères seront échangées, où même certains aspects de la politique-Système en cours seraient violemment débattus et mis en question, avec des attaques venimeuses et diverses. Quel que soit le résultat de cette saga, le Système en sortirait amoindri par le spectacle de division qu’il aurait montré et, peut-être, avec un peu de chances, l’exposition publique de certaines infamies.

Hagel devient secrétaire à la défense

Cette situation suppose le scénario parfait : Hagel choisi par BHO, réussissant à obtenir sa confirmation par le Sénat, ce qui impliquerait un blanc-seing et une position d’extrême puissance. (Hagel est dans une telle position, – à la fois disposant d’un immense prestige et à la fois la cible d’une campagne haineuse et partisane, – que sa confirmation par le Sénat signifierait une victoire éclatante sur ses adversaires et sa réputation et son prestige complètement restaurés.) Si Hagel a vraiment les idées qu’on dit qu’il a (réforme radicale du Pentagone avec des réductions budgétaires radicales, retrait immédiat d’Afghanistan, refus d’engagement en Syrie, volonté de dialogue avec l’Iran, mise à distance sérieuse d’Israël et de son influence), il pèserait d’un poids immense dans la politique washingtonienne et déclencherait des tempêtes avec les initiatives qu’il prendrait. Si c’est le cas, c’est qu’il aurait en bonne partie le soutien de BHO, ce qui est évident d’ailleurs par son choix initial, et rendrait les polémiques qu’il créerait d’autant plus violentes. Comme point de départ de son ministère, ce ne serait pas si mal, – et cela, il va sans dire, sans aucune certitude qu’il réussisse quoi que ce soit, – mais cela, il va mieux en le disant, sans aucun doute dans le fait qu’un pas supplémentaire dans le désordre aurait été franchi à Washington D.C.

…Dans tous les cas, on comprend effectivement que la mécanique du désordre est enclenchée. Pour l’instant, il nous importe assez peu de savoir si Hagel sera ministre de la défense d’une part, ce qu’il fera et pourra faire dans ce cas, et s’il sera vraiment réformateur et antiguerre ou pas, d’autre part,  ; non que ceci et cela n’aient pas le moindre intérêt, certes et au contraire, mais parce que le temps n’est pas venu d’en faire notre sujet de réflexion ; non que le cas Hagel ne pose pas aux commentateurs dissidents (dont nous-mêmes) un problème assez inédit : est-il préférable qu’un réformiste audacieux et indépendant (plutôt qu’un “rebelle”), – si Hagele est vraiment tout cela, – apporte des améliorations au fonctionnement d’un des piliers du Système, ne serait-ce qu’en réussissant à modifier la politique US dans un sens de la restriction de ses folies et de la retenue de son hystérie ? Ou bien, est-il préférable que le cas Hagel laissé se développer sans entrave fasse la preuve, par l’échec possible/probable de Hagel, avec les remous qui l’accompagneraient, que le système est décidément irréformable ? Ces spéculations sont pour plus tard, – d’ailleurs, éventuellement, l’affaire de un ou deux mois, à peine plus… Pour l’heure, ce qui nous importe est d’observer l’extraordinaire résilience du désordre dans tout ce qui est fait, d’actes politiques et d’actes institutionnels, à l’intérieur du Système.

Le début du deuxième mandat de BHO est catastrophique. Cela se confirme chaque jour et correspond bien au personnage, ce splendide “premier président africain américain” de notre Grande République, d’une intelligence naturellement hors du commun et si habile à s’intégrer (mot magique des modernistes antiracistes) qu’il représente presque à la perfection la synthèse du politicien WASP corrompu psychologiquement jusqu’à l’os. Obama s’est engagé, avec l’affaire Rice-Hagel, dans une voie pavée de chausse-trappes, du type lose-lose, fort inhabituelle pour lui : quelle que soit l’issue de la bataille, il en sortira perdant puisqu’il l’est déjà avec le désistement de Rice, au profit du Système et de ses mécanismes de blocages paralysants dont le Congrès est le meilleur exemple. Même si, dans le meilleur des cas, il choisit Hagel, qui est peut-être le moins corrompu, le moins fou, le moins hystérique dans cette basse-cour, s’il soutient Hagel jusqu’au bout, si Hagel est finalement installé au Pentagone, si Hagel est égal à la réputation flatteuse qu’on lui fait et entreprend son travail iconoclaste de réformiste radical, – ce sera pour mettre en évidence la situation catastrophique du Système, y compris après quatre années de règne de BHO Ier. Au moins, BHO nous aura prouvé qu’il n’est pas complètement la caricature de lui-même et qu’il a effectivement tenté quelque chose qui tenterait de sortir des normes de la prudence-Système qui a marqué son comportement jusqu’ici.