La crise eschatologique avance à son rythme

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Ces événements bénéficient de moins de publicité que ceux qui affectent directement le système mais l’on comprend aussitôt qu’on devrait être conduit à leur accorder une importance potentielle, et très rapidement réalisable, bien plus grande. Il s’agit de la crise des ressources naturelles, une crise qui se situe aux frontières et au-delà du contrôle humain, – tel le perçoit en effet la psychologie, – et par conséquent une crise eschatologique.

Ici, il s’agit de la crise de l’eau, qui frappe deux métropoles essentielles, à des titres divers et différents, de notre tissu urbain de civilisation: Mexico et Los Angeles. L’excellent chroniqueur de UPI Martin Sieff consacre ce 10 avril 2009 une analyse à l’événement.

La situation de Mexico, où le rationnement est désormais une quasi-réalité institutionnalisée, renvoie d’une part à des causes “naturelles” (mais liées évidemment à la crise climatique, en laissant de côté pour nos heures de loisir le débat courant sur le sexe des anges, – qui est responsable, qui est coupable?); d’autre part à des causes structurelles dont on comprend aisément qu’elles sont liées à notre crise systémique qui engendre notamment l’affaiblissement des puissances publiques et leur désintérêt pour les services publics fondamentaux:

«The cutoff in Mexico affects about a quarter of the capital city's residents – 5 million people. Mexico City instituted a five-month rationing plan in January with the Thursday-Friday cutoff this week deemed necessary to fix a leaky supply system and to ease – somewhat – a supply problem that began when the lakes that once flooded the city were drained 40 years ago.

»The leaks problem is not small. Half of Mexico City's water supply is lost through lousy infrastructure alone – primarily through leaking pipes. The change in weather patterns over the North American continent has taken its toll too, just as it did in Los Angeles.

»Mexico's National Water Commission said that the capital city's water supply system is at its lowest level – less than 50 percent capacity after low rainfall totals last year and the leaky delivery system.»

Le cas de Los Angeles ajoute un autre aspect de la crise, qui est un conflit d’autorité et de compétence, entre le gouverneur de Californie et le Conseil municipal de la ville. Cela est dû au caractère décentralisé du pouvoir aux USA, avec la difficulté d’imposer des décisions qui n’ont pas l’appui de tous les groupes de pression et les centres de pouvoir. Un tel cas implique la possibilité de décisions de gestion plus autoritaires, de la sorte qui peut ouvrir la voie à une appréciation plus politique du processus, avec des conflits possibles dans ce domaine.

«In Los Angeles, the City Council unanimously turned back a rationing plan Wednesday that had been put together by the city's Department of Water and Power, which is caught between the council and a statewide order from California Gov. Arnold Schwarzenegger to cut usage 20 percent. If the city fails to take action, the agency that supplies the bulk of water to Los Angeles could impose rationing.

»The plan the council voted down – so it could be studied further – would have mandated by June 1 much higher rates for water users who exceed a monthly limit, which itself would be lower than current water usage.»

Sieff détaille également la situation du réseau de retenue et de circulation de l’eau aux USA, avec une infrastructure qui est notoirement dans un état très dégradé. Les données récentes concernant les barrages illustrent cette crise infrastructurelle: «On Thursday CNN cited a recent American Society of Civil Engineers report that concluded more than 1,800 U.S. dams are now in urgent need of reconstruction work and pose a significant risk of being breached. That is up from around only 360 dams at such risk in 2001. Even the drowning of New Orleans in 2005 – which came about after the Bush administration and recent Congresses neglected maintenance funding for the levees protecting the city – did not translate into a wider wake-up call to protect and upgrade the national water-reservoir infrastructure.»

Bien entendu, tout cela est couronné par le constat inévitable que la situation est conduite vers une pression toujours grandissante des contraintes du système. On en connaît les données, avec une population toujours en accroissement, avec une orientation économique qui reste plus que jamais tournée vers le développement classique qui est gros consommateur d’eau, malgré la crise et puisqu’aucune autre issue que la relance de l’expansion n’est envisagée, avec une pollution en accroissement et une crise climatique en aggravation, etc.

La situation est étrange. Soit on ne dit rien des détériorations de nos conditions générales et fondamentales de vie qui sont en accroissement constant et en accroissement accélérée et l’on salue la météo ensoleillée qui permet de partir en vacances; soit on en dit quelque chose, mais comme s’il s’agissait d'un événement extérieur à nous, c’est-à-dire à notre système, et où nous n’avons évidemment aucune responsabilité, et alors comme s’il s’agissait d’un mauvais moment à penser, un peu comme un orage sur la route de l'été, un peu comme une crise économique dont on sait qu’elle conduit toujours sur un mieux. Donc, nous attendons que cela passe; peut-être attendons-nous un coup de main de “la main invisible” des marchés qui, selon Adam Smith, dirige les initiatives économiques individuelles suscitées par le marché libre vers le bien collectif; nous attendons que le Ciel, reconnaissant enfin notre valeur, rouvre le robinet de notre eau si précieuse. Nous attendons mais notre patience n’est pas sans limite.

Etrange situation, cette incapacité de nous observer nous-mêmes et d’en tirer les conclusions que le bon sens ne peut éviter concernant la logique suicidaire de notre système. Mais non, passons à autre chose.


Mis en ligne le 11 avril 2009 à 18H52

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