Israël refuse une commande d’armes de Kiev

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Israël refuse une commande d’armes de Kiev

La position très particulière d’Israël vis-à-vis de la crise ukrainienne, selon les liens très particuliers que ce pays entretient avec la Russie, est illustrée d’une façon très spécifique, très concrète, par la nouvelle discrète et accompagnée de fort peu de commentaires du refus israélien de livrer des systèmes d’arme sophistiqués à Kiev. Le fait est d’autant plus significatif, avec une dimension politique, que ces armes (notamment des drones) sont présentés comme un moyen recherché par Kiev pour lutter contre les indépendantistes. La nouvelle est donnée par AFP le 16 septembre 2014 :

«A proposed sale of Israeli weapons including drones to Ukraine has been blocked for fear of antagonising Russia, Channel Two television reported on Monday. The broadcaster said a Ukrainian delegation had visited Israel with a view to acquiring military hardware including drones to use against pro-Russian separatists. It was not reported when the visit took place or when the decision to turn down the request was taken.

»Israel's defence ministry had given the green light for the sale of pilotless aircraft produced by the company Aeronautics to Ukraine, but the foreign ministry then vetoed the sale. Monday's television report said the ministry concluded that the sale risked causing anger in Russia and could provoke Moscow to sell more arms to Syria and Iran, the Jewish state's arch-enemy...»

Il y a bien sûr l’aspect du rapport signalé dans ces quelques lignes entre des livraisons d’armes israéliennes à Kiev pouvant entraîner une riposte russe avec des livraisons d’armes russes à la Syrie et à l’Iran. Mais une telle décision russe (livraisons à la Syrie et à l’Iran) est politiquement beaucoup trop importante pour dépendre d’une décision israélienne favorable à Kiev. L’aspect dominant de cette décision réside dans les relations d’Israël avec la Russie, qui est d’ailleurs symboliquement marqué par le processus suivi : accord du ministère de la défense pour la vente à Kiev, veto du ministère des affaires étrangères, c’est-à-dire du ministre Lieberman qui est certainement le dirigeant israélien le plus proche de Moscou. (Juif russe, Lieberman fait partie de la “diaspora russe” en Israël, gardant des contacts étroits avec la Russie. Lieberman n’hésite pas à se déplacer à Moscou, pour des contacts personnels avec Poutine, facilités par sa culture russe, le fait que le russe reste sa langue d’origine, etc.)

Pour Israël, cette démarche de refus d’armer Kiev est très significative, les exportations d’armement tenant un rôle très important dans sa politique générale et étant favorisées le plus possible. (Israël était beaucoup moins timide à cet égard avec la Géorgie en 2007-2008, avant le conflit entre la Géorgie et la Russie, ce qui indique que la situation a évolué du point de vue israélien.) Si nous interprétons cet épisode de cette façon, c’est qu’Israël a déjà largement marqué sa position politique très différente du bloc BAO, sans hostilité contre Moscou, dans cette crise ukrainienne, avec notamment une abstention qui a été remarquée lors d’un vote de l’Assemblée Générale de l’ONU. (Voir le 12 avril 2014.) Cette position a fortement irrité Washington (voir le 14 avril 2014), mais il semble bien, à la lumière de cette affaire d’armements, que les pressions US n’ont pas modifié la position israélienne.


Mis ern ligne le 17 septembre 2014 à 05H38