Des nouvelles d’un “second Snowden”

Bloc-Notes

   Forum

Un commentaire est associé à cet article. Vous pouvez le consulter et réagir à votre tour.

   Imprimer

 615

Des nouvelles d’un “second Snowden

Il se confirme que le groupe Greenwald/Snowden/The Intercept a bénéficié des informations d’un second “lanceur d’alerte” (après Snowden), dans de récentes nouvelles publiées sur le site The Intercept. Ce “second Snowden” se trouve, lui, aux USA. L’appréciation qu’en fait Snowden lui-même dans un documentaire tourné par Laura Poitras, qui travaille avec Greenwald, est qu’il s’agit d’une “personne incroyablement audacieuse”. Le journaliste Michael Isikoff vient d’affirmer (Yahoo.News le 27 octobre 2014) que le FBI aurait identifié ce “lanceur d’alerte”, ou croirait l’avoir identifié, et l’aurait interpellé en attendant de pouvoir l’inculper, – ce qui, en soit, pose un problème d’un ordre nouveau comme on verra plus loin.

Ces diverses informations sont rapportées par Russia Today le 28 octobre 2014, dans un article qui reprend l’ensemble ainsi formé par ce qui continue à être la “crise Snowden/NSA”. Cela suscite pour nous deux sortes de remarques, illustrées par des extraits du texte de RT.

• La première est bien la confirmation, justement, que la crise Snowden/Greenwald, passée complètement au second plan à cause de diverses nouvelles crises, – dont celle de l’Ukraine, bien entendu, – n’en reste pas moins très active. Ainsi se trouvent infirmés les pronostics potentiels qui craignaient de voir les facteurs constitutifs de cette crise disparaître en même temps que la crise elle-même disparaîtrait une fois son paroxysme apaisé. Au contraire, on voit confirmé ce fait, à l’image de la dynamique événementielle en cours, que cette crise s’est “structurée” pour le long terme et les événements courants en devenant “crise structurelle”, sinon “crise institutionnalisée”... Ces qualificatifs (“structurelle”, “institutionnalisée”) sont bien entendu complètement inattendus pour une crise qui est par définition un événement conjoncturel et destiné à cesser aussi brutalement qu’il est apparu. Ils ne sont pourtant pas déplacés et témoignent simplement de l’extraordinaire singularité d’un temps historique dont la structure est devenue entièrement crisique (signe de sa dimension métahistorique), et qui par conséquent structure et institutionnalise les crises qu’il suscite... (Voir aussi le phénomène d'infrastructure crisique.)

Un élément complémentaire à observer est ceci que l’apparition d’un “second Snowden” donne à la crise Snowden/NSA une tournure différente de celle que divers commentateurs craignaient. Non seulement, on craignait l’étouffement de cette crise et la disparition de ses effets, mais on craignait en plus que ses péripéties décourageassent les “lanceurs d’alerte” potentiels du fait du traitement et de l’opprobre officielle subis par Snowden. Ainsi, non seulement l’étouffement de la crise n’a pas eu lieu mais cette crise, loin de décourager les “lanceurs d’alerte” potentiels par le traitement réservé à Snowden par les autorités-Système, les encourage au contraire à s’affirmer.

Voici le récit des péripéties récentes du “second Snowden“ : «Federal authorities in the United States have reportedly set their sights on a government contractor suspected of being the source responsible for leaking documents in the aftermath of the unauthorized disclosures attributed to Edward Snowden. Investigators recently raided the home of the individual, according to a report published on Monday this week by journalist Michael Isikoff, in accordance with a search warrant filed by federal authorities in the midst of an effort to identify the source of classified documents recently published by The Intercept — the online publication founded by Glenn Greenwald, the lawyer-turned-columnist who has worked for the last year-and-a-half on a trove of documents pilfered from the National Security Agency by Snowden, a former contractor for the American spy agency.

»While Snowden, 31, identified himself as the source of the NSA leaks in June 2013 before federal prosecutors could out him, two reports published in recent months by The Intercept concerning the US government's use of “no-fly” watchlists suggested that a second, publicly unknown source within the intelligence community has colluded with Greenwald and company. In “Citizen Four,” a documentary about the Snowden saga currently being screened at select theaters in the US, Greenwald and fellow Intercept journalist Jeremy Scahill acknowledge that a new source has provided the reporters with information in the wake of the NSA leaks. “The person is incredibly bold,” Snowden says of the unnamed leaker in the Laura Poitras-directed film. “It was motivated by what you did,” Greenwald responds on camera.»

• Le deuxième point vient également a contrario de ce que l’on pensait généralement de l’évolution de la politique intérieure US au regard de cet événement. On craignait que la crise Snowden/NSA conduirait à un renforcement de l’étreinte policière des diverses directions-Système aux USA, contre les “dissidents” et autres “lanceurs d’alerte”. C’est le contraire qui apparaît dans ces remarques citées ci-dessous, où l’on voit que les milieux de sécurité nationale (le renseignement dans ses divers services et agences) sont préoccupés de ce qu’ils perçoivent des hésitations, voire d’une réticence nouvelle du département de la justice de lancer des inculpations exceptionnelles contre les susdits-“dissidents” et “lanceurs d’alerte”.

La direction de l’administration Obama semble effectivement sensible aux remous de communication déclenchés par les mesures répressives qui ont été prises et largement rendues publiques en marge de la crise Snowden/NSA, – question de réputation, et de belle “image” de communication. Cette attitude intéressante montre que même l’État-policier aux USA est comme le reste sensible à l’apparence de vertu dont il prétend se parer... Cette sorte de vanité du moralisme et ce besoin irresponsable de l’apparence vertueuse propres aux systèmes de pouvoir dépendant entièrement de la communication est le meilleur frein qu’on puisse espérer et, selon nous, la garantie que l’ère de la communication où nous sommes interdit au pouvoir en place de s’affirmer dans tout l’autoritarisme qu’il voudrait déployer. Leur impuissance et leur paralysie, à ces différents pouvoirs-Système, se manifestent de tous les côtés.

«The Intercept has previously refrained from naming their source, and Isikoff neglected to disclose the identity of the individual in this week's report. Nonetheless, he alleges in Monday's article that federal investigators have narrowed in on the person, purportedly a government contractor, and are weighing what sort of legal action, if any, they'll take next. Should authorities take the same route with this suspect as they did with Snowden, then the source could expect to be prosecuted under the Espionage Act — a World War One-era legislation originally intended to charge foreign spies but since used no fewer than seven times by the current administration to indict government officials accused of providing classified information to the media.

»According to Isikoff, however, unnamed Justice Department officials implied that the administration may refrain from opening up another espionage case: “But the case has also generated concerns among some within the US intelligence community that top Justice Department officials — stung by criticism that they have been overzealous in pursuing leak cases — may now be more reluctant to bring criminal charges involving unauthorized disclosures to the news media, the sources said. One source, who asked not to be identified because of the sensitivity of the matter, said there was concern ‘there is no longer an appetite at Justice for these cases,’” Isikoff wrote. "Investigators are continuing to pursue it, but are not ready to charge yet,” he quoted another anonymous source as saying.»


Mis en ligne le 28 octobre 2014 à 17H09

Donations

Nous avons récolté 1525 € sur 3000 €

faites un don