Baker apocalyptique: après Paulson et la puissance publique, ce sera le tour du Tout Puissant

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Nous suivons régulièrement Gerard Baker, du Times, parce que cet atlantiste notoire, libre-échangiste et pro-américaniste à tous crins, avec de bonnes entrées et une influence certaine, est une référence intéressante pour connaître l’évolution du sentiment dans les milieux dirigeants anglo-saxons. Baker est actuellement aux USA, où il suit la campagne électorale, et, accessoirement (!), la crise du “9/11 financier” devenue crise politique. Ce 29 septembre, il fait exceptionnellement deux interventions dans le Times, marquées toutes deux par un intense sentiment d’inquiétude et d’angoisse, proche de la panique. Les titres de ses deux interventions, l’une dans le cadre de sa chronique régulière, l’autre comme commentateur de la situation US (adoption du plan Paulson), – les titres sont à mesure: «As the storm rages, only governments can save us» et «If Hank Paulson is wrong, we can only pray».

Dans sa chronique, Baker peint un tableau extrêmement sombre, si sombre qu’il en est apocalyptique, des conditions à venir. Fait rarissime, si pas sans précédent, chez ce commentateur qui a toujours préché un optimiste libéral, pro-américaniste, etc., – cet extraordinaire appel à la panique… Pour Baker, nous allons à très grande vitesse vers une dépression qui équivaudra, sinon dépassera la Grande Dépression.

«I say this with great reluctance. It is no business of journalists (who, as someone once said, are like harlots, who wield power without responsibility) to go around scaring people. What’s more, until a few months ago I’ve been a relative optimist, convinced that we would get through this with not much worse than the kind of mild recession we’ve seen in the past 20 years. Now I think it might be time to panic.»

Dans ces conditions, Baker ne nous étonnera pas en se précipitant vers ce qu’il considère désormais comme la seule bouée de sauvetage disponible: la puissance publique, le gouvernement, partout, dans toutes les conditions possibles. Seul un interventionnisme massif peut limiter les dégâts de la catastrophe qui se profile, que le commentateur compare en intensité, pour les dégâts commis sur la zone touchée, à l’ouragan Katrina qui détruisit La Nouvelle Orléans il y a exactement trois ans et un mois:

«There’s been much abstract talk in the past few weeks about the role of government in a capitalist economy, the proper amount of regulation, that sort of thing. The time for that sort of discussion will surely come. But for the moment — in an emergency of historic proportions — there ought to be no debate about what government should do. Even the most pro-market capitalists knows that this is when you need government — the only institution with the ability to take on the task needed.»

Quant au plan Paulson, qui devrait être voté dans les prochaines heures, il est déjà chargé, avant même son adoption, des pires soupçons et de nombre de travers. Surtout, s’interroge Baker, parviendra-t-il à traiter le mal réel, si ce mal réel s’avère différent (plus grave) que ce qu’on suppose, – ce que, manifestement, Baker croit? Alors, que faire, puisque dans ce cas l’action de la puissance publique elle-même aura été sollicitée et se sera avérée insuffisante? Eh bien, Baker a sa “solution” : le Tout Puissant.

«…But what if the problem is not that banks are being forced to value their assets at too low a price, but that they are sitting on massive losses that reflect a collapse in the value of their securities?

»If that is the case, then the Treasury’s bailout may not be enough. Some reliable estimates suggest that the losses in the US financial system – at core, reflecting the scale of the downturn in the housing market – may be more than $1 trillion. If the Treasury is buying those bad assets at a little above their current value, it will not be providing anywhere near enough capital for banks, who will still be sitting on massive losses.

»If that is the case, Mr Paulson might soon have to go back down on his knees and plead this time with an even higher authority for intervention. The Almighty.»


Mis en ligne le 29 septembre 2008 à 07H28

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