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Article : Voyage au bout de notre-bruit

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Géopolitique de comptoir

Ni Ando

  22/01/2017

C'est une écume de bruit qui revèle le flou des orientations encore à venir de M. Trump, et donc celui du comportement un peu perdu de l'Etat fédéral étasunien, mais il y a fort à parier que cela ne durera pas. L'impression de confusion vient également de ce que la mondialisation a transposé depuis 20 ans au sein des sociétés les lignes de fracture qui existaient autrefois entre nations riches et nations pauvres. Le même phénomène s'est aussi produit, en Europe comme aux EU, au sein des classes instruites qui ont vu, si on prend le cas de la candidature de Trump, une fracture apparaître entre la partie instruite moyenne de cette catégorie, qui a voté Trump, et celle, instruite supérieure qui a voté contre. Mais les facteurs fondamentaux restent toujours les mêmes, ils sont économiques et donc géopolitiques.  Ce facteur va structurer qu'il le veuille ou non l'action de Trump.



Sur la scéne géopolitique mondiale, il est désormais clair que Chine et Russie ont des marges importantes de progression, et la Russie sans doute davantage que la Chine. Les déséquilibres chinois sont énormes, les gains passés de la Chine restent menacés tant qu'elle n'aura pas stabilisé son économie. Il n'empêche, son inertie liée à sa taille gigantesque, le dynamisme de sa jeunesse, son absence de complexes, sa capacité à se remettre en question, lui donnent de vrais atouts pour continuer à s'imposer de plus en plus face aux Etats-Unis. Du côté russe, la situation s'éclaircit. Le pari de 2014 (réorientation vers l'Asie), s'il est loin d'être achevé, a cependant donné à la Russie une plus grande indépendance économique et financière, forcée mais réelle, par rapport au bloc des économies occidentales qui ont vu leurs exportations depuis 2014 quasiment divisées par deux  en Russie.  La Banque Mondiale prédit une croissance de 1,5% en 2017, 2% selon le gouvernement russe. C'est une économie fondamentalement saine même si son talon d'achille, la structuration du secteur bancaire afin de le rendre apte à financer l'économie, n'est pas achevée.  Les Russes ont confiance dans leur avenir, toutes les études le montrent, confiance que rien ne semble avoir ébranlé depuis le début des années 2000, alors même que les revenus moyens ont fortement chuté depuis 2014 (-12%). Le taux de fécondité en Russie est désormais supérieur à celui de la moyenne de l'UE.  Dans les salles de concert il arrive que l'orchestre joue "Dieu sauve le Tsar", l'hymne empesé de l'empire russe de 1833 à 1917. On y voit maintenant des gens se lèver en signe d'hommage alors même que cet hymne n'a plus aucune valeur officielle. L'Etat russe se projete dans l'avenir et conçoit avec ses partenaires, chinois au premier chef, des projets colossaux qui ne viendront à maturité que dans 5, 10 ou 15 ans et dont l'impact géopolitque, si l'on ne prend en exemple que le projet de "route de la soie", en cours de réalisation, sera considérable.  La Russie semble capable de porter des projets ambitieux dans la durée, des politiques industrielles auxquelles on a renoncé en Europe. L'état du pays est tel aujourd'hui que les projets économiques qui ont du sens ont des leviers qu'on ne connait plus ici à l'ouest. Exemple, en 2016 la Russie, même amputée de l'Ukraine, est redevenue depuis 1914 premier exportateur mondial de blé et de céréales alors que les rendements de ses exploitations ne sont encore que de 40% de ceux de l'UE (merci les sanctions). On commence à sentir en Allemagne, dans les milieux économiques, une sourde animosité à l'égard d'une Russie qui semble se structurer pour aller mieux.



L'histoire balbutie et on croit retrouver en Europe l'ambiance des années du début du XX ième siécle.  L'UE ressemble de plus en plus à une zone mark. Les contradictions nées de la monnaie unique achèvent d'encalaminer les pays du sud et la France elle-même. Le projet UE semble a bout de souffle. Nous avons donc: une Europe institutionnelle en voie de fragmentation, une Allemagne de facto devenue le pivot économique de ce côté ci de l'Europe (le retour de l"arrogance allemande" est en cours), une Russie qui recommence à se développer et sur des bases assainies, des Etats-Unis qui pataugent dans le rétrecissement de leur puissance. On comprend que ce soit compliqué.

A propos de cette manif de femmes .

Christian Feugnet

  23/01/2017

Me revient une boutade d'un vétéran de la coloniale , au moment de faire le bilan pour liquidation de l'ex "Empire" Britannique : " on beaucoup glausé sur nos atrocités dans les colonies non sans quelques raisons , mais c'est rien à coté de ce qu'on a fait aux Anglaises !"

Cette autre , au sujet de la manif des casseroles , temps fort du renversement d'Allende , c'est que les casseroles sont un produit de luxe au Chili . Détail innaperçu de nos pays sur developpés .
Ou encore cette autre au sujet de la vague de hausse inconsidérée des matiéres premiéres alimentaires en 2005 à l'origine d'émeutes en Afrique ( printemps Arabes y compris ) ,  manifs pour le pain , produit de luxe étranger . La céréale de base ( en Afrique noire tout au moins ) c'est le millet , abscent , du fait que trop local de cette hausse . 
Autrement dit entre ce qui à réellement du sens et notre perception médiatisée , apparait souvent un gouffre .

Autre détail cocasse , concernant les bruits de casseroles Chiliens .

Christian Feugnet

  23/01/2017

C'est un truc de base , imparable,  des firmes , mines de cuivre , que d'offrir des casseroles ( en cuivre ) à leurs mineurs .
l'Objectif : motiver leurs épouses à les laisser travailler dans les mines ( pénible et dangeureux ) . C'est en effet un réve innaccessible de cuisiniére familiale : les fameuses casseroles , faciles d'entretien et donnant un gout incomparable .