Forum

Article : Trump, Brexit et la guerre contre l’UE

Pour poster un commentaire, vous devez vous identifier

Juste du mercantilisme

Ni Ando

  29/01/2017

Sur ce qu’est devenue l’Union Européenne on peut lire « La fin de l'Union européenne » de Coralie Delaume et de  David Cayla, rapide et facile à lire, publié fin 2016 chez Michalon, et qui explicite de manière convaincante pourquoi l’UE est devenue ce qu’elle est aujourd’hui, et pourquoi elle est probablement de facto condamnée. Je ne suis pas convaincu que cette charge croquignolesque contre l’UE, téléguidée par Trump, soit simplement motivée par une aversion aux entités supranationales non démocratiques (on pourrait ajouter tyrannique s’agissant de l’UE), c’est une approche conceptuelle qui ne doit pas vraiment intéresser Donald Trump.

En 2015, 21% des exportations de l’UE ont été achetées par les Etats-Unis qui sont aussi la principale destination des exportations de l’Allemagne (114 milliards d’euros d'exportations tout de même), de l’Irlande ou du RU. Selon les données du Trésor : vu du côté étasunien, « le commerce avec l’Asie ralentit , tandis que les échanges de biens avec l’Union européenne continuent de croitre. Tandis que les importations depuis le Royaume-Uni, la France  et l’Allemagne augmentent (+7%, +1,3% et +0,7% respectivement), l’Union européenne, dont la part de marché aux Etats-Unis atteint 19% en 2015 a également profité du renforcement de la demande américaine. La  baisse  des  exportations américaine se  reflète  dans  les  échanges  avec  ses  principaux  partenaires commerciaux, mis à part l’Angleterre (+4,6%), l’Allemagne (+1%) et la Suisse (+0,45%). Les exportations  vers   le   Canada,   la   Chine   et  le   Brésil  accusent   des   reculs   importants.  Le  déficit  commercial  avec  la  Chine  continue ainsi de  se creuser  en  2015,  à  plus  de 366Mds SD. Il représente maintenant près de la moitié du déficit total des échanges de biens des Etats-Unis. Les échanges avec le Japon continuent de se contracter avec un repli tant des importations que des exportations avec ce pays ». http://www.tresor.economie.gouv.fr/File/424005

Derrière les gros arbres que sont Apple, Boeing ou Microsoft l’économie étasunienne semble désormais avoir du mal à s’imposer dans les échanges internationaux. Le « consensus de Washington » est à bout de souffle et les EU ont absolument besoin d’autre chose pour se relancer. Le projet de Trump est de relocaliser la production aux Etats-Unis, financer cette politique industrielle par une « dérégulation financière » assumée qui va attirer les capitaux permettant de la financer (de bien jolies bulles financières sont donc à prévoir), renforcer un protectionnisme larvé mais bien réel, et surtout contrer les concurrents . Dans un monde où les balances courantes ne peuvent que s’équilibrer à zéro, si les Etats-Unis veulent exporter davantage il faudra bien que certains importent davantage ou exportent moins. Sont donc concernés ici au premier chef la Chine, et …. l’Allemagne, qui deviennent donc les cibles de la politique trumpesque.  Et puisque la zone euro n’est jamais qu’un nom différent pour désigner la zone mark (zone qui a permis la prospérité commerciale allemande au détriment de sa "péripherie" intra européenne) et que l’UE est un club dont le tenancier porte un nom allemand….