Forum

Article : Sarko dans la brèche, Medvedev en bandoulière

Pour poster un commentaire, vous devez vous identifier

Sarkozy joue au médiateur entre Moscou et Washington (France 24)

Dedef

  16/11/2008

France 24, chaine officielle s’il en est, ne fait pas dans le détail non plus.  On ne peut dire plus clairement que les EU jouent contre la sécurité de l’Europe
Et les russes veilleront bien à ce que tout le monde le sache, et le rappeleront à l’occasion.
Le prochain semestre pourrait bien être assez sportif pour l’UE.

Personne n’a vu de texte criant à la trahison dans la presse britannique ou US ou allemande ?

France 24 Vendredi 14 novembre 2008 Par AFP
http://www.france24.com/fr/20081114-sarkozy-mediateur-moscou-washington-menaces-bouclier-antimissile-union-europeenne

Extraits:

“On peut continuer entre la Russie et l’Europe à se menacer de boucliers, de missiles, de marine et caetera, ça n’amènera rien à la Russie, ça n’amènera rien à la Géorgie, et ça n’amènera rien à l’Europe”, a-t-il déclaré.”

“A ce sommet, “on pourrait poser les bases de ce qui pourrait être un accord entre nous, et d’ici là, qu’on ne parle pas de déploiement de bouclier, de missiles qui n’amène rien à la sécurité et qui complique les choses”, a plaidé M. Sarkozy. “

”  M. Sarkozy a rappelé qu’il avait joué un rôle central dans la médiation de ce conflit. Et que les Etats-Unis avaient au contraire attisé les tensions.”

” M. Sarkozy a certes demandé aux Russes de “faire des progrès” dans le retrait de leurs troupes de Géorgie - notamment en retirant leurs soldats du district contesté d’Akhalgori et du village de Perevi, situé entre l’Ossétie du Sud et le reste de la Géorgie.
Mais il a néanmoins estimé qu’ils avaient rempli “l’essentiel” de leurs engagements. “

Pour qui roule Sarko dans cette affaire ?

Père Iclès

  16/11/2008

La question mérite d’être posée sans préalable. En particulier, il est inutile de supposer que Sarko est devenu brusquement anti-US . La chose est peu probable.

Au contraire il doit servir des intérêts atlantistes mais pas forcément ceux du Complexe Militaro-Industriel US.

Il serait intéressant d’examiner de plus près toutes ses déclarations en matière de choix de défense pour cerner le personnage (et deviner l’intention de ses conseillers).

Pour ma part, je crois que les options de l’élite de la nébuleuse atlantiste sur les deux rives de l’Atlantique sont déjà arrêtés mais qu’elles sont en train d’être imposées peu à peu aux composantes du CMI…  A travers des déclarations d’alliés et d’ex-adversaires…

Autre interprétation.

Père Iclès

  16/11/2008

Sarko s’est montré très sensible aux propositions russes d’une façon qui a laissé penser qu’il s’opposait aux US.

En réalité, il se pourrait que ce ne soit pas le cas. L’exécutif US est aux prises avec un complexe militaro-industriel dont les intérêts sont servis par des officiers de très haut rang et par un certain nombre de personnalités comme Cheney et les autres néoconservateurs.

Dans les conditions économiques que connaissent les US aujourd’hui, il est évident que les priorités ne sont plus d’ordre militaire mais l’exécutif US (surtout quand il s’agira de celui dirigé par Obama, qui ne l’oublions pas est le poulain de Brzezinsky, lequel faisait lui-même partie de l’Iraq Study Group) aura du mal à reprendre les rênes (au moins budgétaires) du complexe militaro-industriel.

Je pense (et c’est là une hypothèse personnelle) que Sarkozy et les autres alliés des US ont été invités à exercer une pression amicale sur les US en faveur d’un apaisement en Europe afin que le gouvernement des US puisse présenter l’abandon d’un certain nombre de projets agressifs vis à vis de la Russie comme une nécessité imposée par les alliés européens des US.

Même pour un Brzezinsky, dont on connait les intentions vis à vis de la Russie, la manière dont on a “braqué” ce pays de façon prématurée doit relever du travail de cochon en matière de diplomatie et il ne serait guère étonnant que son groupe ait sollicité l’aide de certains alliés européens pour renverser la vapeur.

Le CMI, autiste, réplique en activant les relais qui lui restent   en Pologne et en République Tchèque.

Le rapprochement en cours UE/Russie permettra t-il d'aller au-delà de la question ukrainienne ?

Ni ANDO

  21/11/2008

Je crains qu’en effet M. Poukhov n’ait raison (à noter que M. Rouslan Poukhov est aussi membre du conseil public auprès du ministère de la Défense).

Les Européens de l’ouest, se fiant à une certaine apparence de placidité des autorités officielles sur cette question, considèrent que la Russie finira par accepter bon gré mal gré cette adhésion organisée par le régime nationaliste (on pourrait même écrire “régionaliste”) actuellement en place à Kiev, contre la volonté de la majorité de sa population. Illusion d’ailleurs confortée maladroitement par les déclarations faites par les plus hauts dirigeants russes eux-mêmes depuis quelques années (Gorbatchev puis Poutine). La situation a radicalement changé aujourd’hui, avec la re émergence de la nation russe. La question ukrainienne pose, d’une certaine façon, la question de la crédibilité de l’affirmation de la puissance russe (la restauration de cette puissance) dans son bassin d’influence historique, économique et culturel, càd un bassin dans lequel la prépondérance de l’influence russe est parfaitement légitime et causée. L’Ukraine est une partie essentielle du monde russe et de son identité et, ensemble, Ukraine et Russie appartiennent à exactement la même civilisation. Cette perception des choses est considérée comme allant de soi par les élites politiques russes et par l’opinion de 40% au moins des Ukrainiens. La situation actuelle correspond à un statut-quo accepté par réalisme par la Russie mais uniquement parce que les Russes sont persuadés que l’évolution naturelle des événements conduira inéluctablement à la réintégration de l’Ukraine dans le giron russe. Culturellement, les Russes ont une notion du temps un peu différente de celle des “Occidentaux”, une manière d’appréhender le temps qui semble les rendre plus patients que leurs frères européens de l’ouest.

L’ évolution de l’Ukraine depuis son indépendance politique des années 90 montre que ce pays n’a jamais pu trouver son point d’équilibre politique, économique et culturel (l’interdiction faite récemment aux chaînes de télévision russe d’émettre en Ukraine montre l’absurdité d’une situation où il est demandé à une nation de renoncer à une partie considérable de ses racines culturelles). Croire que ce point d’équilibre sera miraculeusement trouvé en faisant de l’Ukraine un membre correctement formaté de l’UE ou de l’OTAN est une illusion profonde. Le point d’équilibre ukrainien est dans le monde russe parce que, fondamentalement, et du fait de l’“essence” qui les anime, l’Ukraine est aussi la Russie et que la Russie est aussi l’Ukraine.   

Il est clair également que la restauration de la puissance russe (puissance relative mais puissance tout de même), et corollaire, que l’affirmation de l’influence russe sur l’Ukraine posera et pose déjà, de la même manière, la question du projet porté par l’UE dans sa marche vers l’est. Du fait de son histoire, de ses caractéristiques physiques et culturelles, la Russie n’a pas renoncé à être une grande puissance, c’est-à-dire une nation capable d’agir seule. Elle coopère mais a le pouvoir (et la volonté) d’agir seule et ce pouvoir va en se renforçant. Les nations d’Europe de l’ouest ont renoncé à leurs attributs de puissance afin de s’allier au sein d’un club, l’UE, qui n’a pour autant pas, et pour le moment, la capacité ou la volonté d’agir seul… (ne serait-ce que sur le plan militaire). L’UE est au milieu d’un gué où elle semble s’être enlisée: ses membres ont choisi la coopération en renonçant à la puissance, sans aller vers d’avantage d’intégration qui, elle, donnerait la puissance d’agir. La cohabitation entre ces deux ensembles est l’un des problèmes du continent. L’un a une démarche cohérente (à défaut d’être toujours rationnelle) et prévisible, démarche qui a d’authentiques assises historiques et culturelles, l’autre (UE) se paralyse dans une seule coopération technocratique, qui est loin de ressembler à un “idéal de perfection”.

Ukraine-OTAN: une crise profonde en Europe est incontournable (expert)
21/ 11/ 2008
MOSCOU, 21 novembre - RIA Novosti.

Les tentatives pour entraîner l’Ukraine dans l’OTAN entraîneront une crise militaire et politique en Europe, qui fera oublier la guerre en Géorgie en tant qu’un épisode insignifiant, a déclaré vendredi à Moscou Rouslan Poukhov, directeur du Centre russe d’analyse des stratégies et des technologies.

“Il est tout à fait clair que la question de l’entrée ukrainienne dans l’Alliance est une bombe nucléaire pour les relations entre la Russie et l’Occident”, a indiqué M.Poukhov qui aurait dû présenter jeudi un document consacré aux aspects militaires et stratégiques des rapports Russie-OTAN à la conférence de Londres, portant sur le conflit en Ossétie du Sud, mais n’a pas pu quitter Moscou en raison d’un retard de visa. Si l’Ukraine adhère à l’OTAN, elle sera confrontée à une crise politique intérieure en raison d’une grande diversité des valeurs culturelles et morales de sa population et d’un grand nombre d’habitants prorusses en Crimée.

La Russie sera aussi partie prenante dans la crise politique en Ukraine, à son avis. “L’Occident sous-estime l’importance de la question ukrainienne pour la Russie et ne comprend pas que l’Ukraine constitue un facteur déstabilisateur colossal pour les relations entre l’Occident et la Russie. Si l’Occident reste dans ses illusions en estimant que la Russie tolérera l’adhésion ukrainienne à l’OTAN, cela provoquera une catastrophe”, a estimé M.Poukhov.

La riposte militaire russe à l’agression géorgienne contre l’Ossétie du Sud a aussi beaucoup surpris l’Occident, a-t-il rappelé. D’autre part, la société russe a été choquée par la réaction antirusse de l’Occident au conflit osséto-géorgien et à la disposition des pays occidentaux à appuyer et à justifier toutes les actions antirusses, même les attaques contre les soldats de la paix et les civils russes. Cela a provoqué une montée des tendances antioccidentales et antiaméricaines en Russie, d’après lui.

Le conflit en Géorgie a démontré l’absence presque totale de points communs entre la Russie et les pays membres de l’OTAN dans le domaine de la sécurité. La société russe a compris qu’elle “ne pouvait pas se fier aux pays occidentaux dans le règlement des problèmes touchant sa sécurité nationale, ce qui paralyse le rapprochement entre la Russie et l’Occident dans le domaine de la défense”, a déclaré l’expert.

http://fr.rian.ru/world/20081121/118450364.html

Venezuela : La Russie fournira des missiles Igla (72 M d’euros). Rouslan Poukhov.

http://www.interet-general.info/article.php3?id_article=11677