Forum

Article : RapSit-USA2021 : vertige sécessionniste

Pour poster un commentaire, vous devez vous identifier

L'issue fatale

Olivier le verseau

  02/10/2021

Voilà donc l'issue tant pressentie : cette secéssion serait le suicide tout trouvé !

Considérations théo-mathématiques

jc

  10/10/2021

Ce commentaire ne concerne que la deuxième phrase de l'article :

"La méthode quantitative et grossière malgré ses finesses de maniement et d’une méthodologie prétentieuse qu’est la “science” de la statistique, largement et lumineusement mise en question par un philosophe comme Olivier Rey, donne paradoxalement en certaines occurrences des indications d’une prodigieuse importance, voire d’une vérité certaine.",

plus précisément la conférence à laquelle renvoie l'évocation d'Olivier Rey dans cette phrase.

Le θεό de théorie et le θεό de théologie ont-ils même racine?

Thom : "Selon de nombreuses philosophies Dieu est géomètre; il serait peut-être plus logique de dire que le géomètre est Dieu". Quid si on remplace géomètre par arithméticien?

Dans ce qui suit il ne sera pas question de statistique mais de la différence -pour moi d'une prodigieuse importance- entre communauté et société que OR résume par la jolie formule :

"Dans la communauté "je" est le singulier de "nous" alors que dans la société "nous" est le pluriel de "je".".

En ce sens (que j'adopte) la communauté typique est pour moi la famille (ascendants, descendants) et la notion de patrie sous-entend une certaine forme de communauté, alors que la notion de nation renvoie à l'idée de société. La célèbre citation de Margaret Thatcher: "Il n'y a pas se société, il n'y a que des hommes, des femmes et des familles" se lit ainsi dans les catégories de OR: dans la société libérale telle que MT la conçoit les seules communautés sont les familles.

Dans sa vidéo "Combattre l'oligarchie (avec Natacha Polony) OR reprend une différenciation faite par Marcel Gauchet (4'40): "Dans l'état hétéronome lois et coutumes sont censées être reçues de Dieu, de la Nature ou de la Tradition, alors que dans l'état autonome ce sont les hommes qui prétendent se les donner au présent à eux-mêmes.": pour lui la patrie est un état hétéronome alors qu'une nation est un état autonome.

Mais l'autonomie et la souveraineté renvoient à l'immanence alors que l'hétéronomie n'y renvoie pas. Pour moi l'individu -du latin individuum traduction du grec atomos- autonome -individu au sens commun du terme, par exemple l'ermite autarcique- n'existe pas car il dépend de ses parents qui lui ont donné la vie et de son environnement indispensable à sa survie. Pour moi les concepts de Dieu, de Nature et de Tradition sont faits pour rendre autonome une société qui ne l'est pas afin d'en faire une communauté qui contient en elle-même son propre principe, c'est-à-dire une communauté immanente. Pour moi, au contraire de OR, c'est la communauté et la patrie qui sont autonomes, alors que la société et la nation sont hétéronomes. Pour utiliser un langage utilisé par les mathématiciens topologues, communauté et patrie renvoient à "fermé", alors que société et nation renvoient à "ouvert": avec la définition de OR la société ouverte de Popper et Soros est un pléonasme.

Dans le tome II de "La Grâce…" PhG cite un certain Daniel Vouga à propos de Baudelaire et Maistre : "Le progrès donc, le seul progrès possible, consiste à vouloir retrouver l'Unité perdue". Comment progresser dans cette direction? En incorporant des entités imaginaires qui renforcent cette cohésion, typiquement Dieu. Cela nécessite "audace de la pensée" (pour reprendre une expression chère à PhG). Les mathématiques, technologie de l'imaginaire par excellence,  ont progressé en incorporant de telles entités imaginaires dont la découverte du zéro puis des nombres négatifs (par les comptables) est peut-être la plus emblématique. Je tente ci-après d'illustrer mathématiquement les propos politico-métaphysiques ci-dessus.

Soient N l'ensemble des nombres entiers naturels strictement positifs {1,2,3,4,...} et N* l'ensemble de ceux strictement supérieurs à 1 {2,3,4…}, tous deux considérés multiplicativement. L'ensemble N* est une société/nation (dont les individus sont des nombres entiers) alors que N est une communauté/patrie dont le Dieu/patriarche est 1. On peut filer plus avant la métaphore en introduisant la notion de nombre idéal : un nombre idéal I est un ensemble de nombres entiers stable par multiplication (le produit de deux éléments quelconques de I est encore un élément de I). L'ensemble des multiples d'un nombre véritable (par exemple 2) est donc un nombre idéal, qualifié par les matheux de nombre idéal principal (dont le principe est un nombre véritable -ici 2-. Avec ces définitions N* est un nombre idéal non principal, un nombre idéal auquel il manque son principe. Ce principe peut-être considéré comme un dieu concentré en puissance qui engendre ce nombre idéal considéré comme dieu déployé en acte. Dans le cas de N et N* ci-dessus, 1 est ce dieu en puissance, singularité, dieu khaos, qui engendre le nombre idéal N (ensemble des multiples de 1) qui en est le déploiement en acte, multiplicité, dieu cosmos.

Compte tenu de ce qui précède N est un individu, un atome, un véritable individu étant un être en soi, un être qui contient en lui-même son propre principe. N*, obtenu en guillotinant 1 à N, n'en est plus un. Le 21 janvier 1793 la patrie est devenue nation, la communauté française est devenue société.




 

Considérations théo-matématiques.1

jc

  10/10/2021

Pour moi un nombre idéal principal est fermé et le bord -la frontière- de ce nombre est le nombre véritable qui l'engendre, il en est le principe. Ainsi 1 est le principe qui engendre N, car il est le PGCD de tous les éléments de N.

Dans Esquisse d'une sémiophysique Thom tend la main aux philosophes avec ses deux axiomes: l'Acte est le Bord de la Puissance (ABP) et La Forme est le Bord de la Matière (FBM). Ainsi 1 est ici le nombre véritable qui donne forme au nombre idéal des multiples de 1, comme le bord de la statue d'airain donne forme à l'airain qu'il contient. De ce point de vue le libéralisme, qui n'a de cesse que d'abolir les frontières est absolument catastrophique (au sens usuel du terme).

Il m'a été difficile d'accepter l'idée que la singularité 1 soit un khaos. Il faut, je crois, le voir comme le nombre véritable, comme le centre organisateur qui organise en les reliant tous à lui le nombre idéal constitué de tous les éléments de N*, comme le logos qui donne consistance au topos constitué de ces éléments, topos qui serait sans cela un chaos au sens usuel, alors que, grâce à ce logos, ce topos devient un cosmos. Ce qui est à mes yeux essentiel est que le lien qui relie à 1 tous les éléments de N* assure une continuité entre les éléments de N (cette continuité de N est en fait beaucoup plus riche, comme on le voit en structurant N  en reliant par une flèche l'entier p à l'entier q dès que p divise q (tous les entiers sont reliés à 1 puisque 1 divise chacun d'entre eux).

Pour transposer à des situations biologiques et théologiques, ce logos est pour Thom l'œuf totipotent (SSM, 2ème ed. p.32), l'Être en soi -Dieu tout puissant- (ES, p.216). Et, pour moi, c'est aussi ce logos tout puissant qui informe les individus qui constituent le peuple-topos, le peuple-société, c'est ce logos tout puissant qui donne forme au peuple-société pour en faire un peuple-communauté en acte, un peuple-cosmos.