Forum

Article : Qui dit qu’il y a pas d’Europe ? Et celle de l’infamie ?

Pour poster un commentaire, vous devez vous identifier

L'Europe puissance

serge laurent

  03/07/2013

Je me rappelle le référendum de Maasstricht, on parlait de l’Europe puissance, l’Europe marché intérieur, l’Europe sociale. Il ne reste que l’humiliation. Le débat est donc à présent entre les européistes-atlantistes et les séparatistes. Il va falloir revoir les catégories.

Autriche. Surprenant exemple de neutralité.

Christian Merlinki

  03/07/2013

Tout le monde parle du rôle des pays européens qui font couramment l’actualité politique, que ce soit pour leur situation économique catastrophique ou pour être moralisateurs internationaux, mais personne n’évoque le rôle de l’Autriche, (mauvais élève européen pour être la terre natale d’Hitler, Kurt Waldheim et Jorg Haïder et de surcroît non membre de l’OTAN) qui aura laissé fouiller un aéronef de fonction présidentielle. Pourquoi l’Autriche aurait-elle permis cette bavure? Elle qui fut souvent mise sur la sellette européenne.

Rammstein avait raison !

Jack v.

  04/07/2013

dominique

  04/07/2013

l’article est sur Alterinfo avec les parties en Anglais traduites: http://www.alterinfo.net/Morales-et-l-Europe-de-l-infamie_a92179.html

Infamie, c'est le mot

Jean-Paul Baquiast

  04/07/2013

Cette lettre avait été préparée pour l’Elysée.
Finalement il s’est avéré ce soir qu’elle n’aurait aucun effet

Pétition au président de la République concernant Edward Snowden
04.07/2013   17h33

Monsieur le Président,

Les sous-signés, xxx, souhaitent s’adresser à vous pour porter à votre connaissance leur voeu de voir la République Française protéger, sous les différentes formes imaginables, la vie, la liberté et l’autonomie du lanceur d’alerte Edward
Snowden. Celui-ci,  en révélant ce que l’on  sait, a rendu aux citoyens de toutes les démocraties du monde le service de mesurer l’ampleur des atteintes aux droits les plus élémentaires rendues possibles par la généralisation des réseaux numériques.

Dans un monde qui doute de plus en plus de ses propres valeurs, la défense d’Edward Snowden, assumée par vous, au nom de notre République, aurait, nous n’en doutons pas, un retentissement certain. Nous en abstenir serait faire injure
à tous ceux de nos compatriotes,  vivants ou morts, célébrés dans nos écoles, qui surent en leur temps désobéir au pouvoir pour l’honneur de leur pays.

Avec l’espoir que vous voudrez bien prendre cette pétition en considération, nous vous prions de croire, Monsieur le Président, à l’expression de notre haute déférence.

Quelles données ont fuité vers la spéculation?

Yodalfo M.C.

  05/07/2013

Nous savons tous, depuis le 9/11 au moins, que les communications sont fliquées. Pour ma part, j’ai choisi de laisser mon facebook totalement lisible, comme cela je suis sûr de ne poster que des choses que tous (les services) peuvent voir.
Qui a jamais pu croire que les sites sociaux sont privés, alors que les ex-CIA au Conseil de Facebook ont été signalés au public depuis longtemps? o
Soyons sérieux!
Le flicage est partout, et rejoint le degré de connaissance qu’on pouvait avoir il y a 2 siècles quand on vivait dans des villages où tout finissait pas se savoir. Et encore plus dans les pays catholiques, où le curé recevait toutes les confessions, ou dans les calvinistes, où le Conseil de Paroisse surveillait les mœurs comme des Talibans.
On voulait le ‘village global’ ?? eh bien on l’a. L’anonymat béni de la vie urbaine des deux derniers siècles a trouvé son terme.

PAR CONTRE
espionner l’UE est une chose - mais:
lesquelles de ces informations ont FUITE vers les spéculateurs de Wall Street, telle est la VRAIE question.
Je suis certain qu’elle va être posée
et tout aussi certain que ce ne sera pas en public.
Si je me souviens bien, lors de certaines révélations autour du Vatican, il y a 20 ans, on a retrouvé des banquiers pendus sous un pont…

Le bloger "descartes" et le rêve de protagonistes lucides.

GEO

  11/07/2013

http://descartes.over-blog.fr/le-bal-des-na%C3%AFfs

Le bal des naïfs

On a eu tendance, ces dernières décennies, à peindre notre monde politique comme un concentré de cynisme. Nous avons la preuve maintenant que ce n’est pas le cas. C’est en fait tout le contraire qui est vrai. Et pour s’en convaincre, il suffit de faire une petite revue des réactions de nos politiques de tout bord après qu’on ait découvert que nos « amis américains » espionnaient systématiquement les conversations et les échanges des dirigeants et des fonctionnaires de leurs alliés européens et des institutions communautaires. Il paraît que même le conseil européen était truffé de micros. Si c’est le cas, on ne peut que compatir au sort des pauvres agents de la CIA obligés d’écouter pendant des heures et sans interruption les bavardages jargonneux et sans le moindre intérêt des membres du Conseil… ils auraient mieux fait de « sonoriser » la cafétéria, il s’y disent des choses bien plus intéressantes.

Quelles ont été les réactions de nos dirigeants à cette annonce ? Celle de Viviane Reding, vice-présidente de la Commission Européenne et commissaire à la Justice, excusez du peu, est emblématique de toutes les autres : « entre amis, on ne s’espionne pas ». Laurent Fabius, ancien Premier ministre et ministre des Affaires Etrangères déclare, quant à lui, que « ces faits, s’ils se confirmaient, seraient tout à fait inacceptables ». Quant aux journalistes, ils ne sont pas en reste : « L’Oncle Sam se comporte très, très mal » était le titre de l’éditorial du Monde, le « journal de référence » de nos élites.

Tout ça a de quoi surprendre un observateur moyennement informé de la vie politique. Après tout, cette découverte ne surprend que ceux qui ont envie d’être surpris. Les Etats-Unis et la plupart des états européens sont parties à une alliance militaire de défense mutuelle. Mais que ce soit dans le domaine politique ou économique, personne ne fait des cadeaux à personne. Serait-on surpris d’apprendre que les américains ont utilisé leur puissance politique pour évincer les entreprises françaises, anglaises ou allemandes d’un marché donné, par exemple ? Croyez-vous vraiment que les pays qui préfèrent le F16 à notre « Rafale » le font simplement pour des questions techniques ? Imaginez-vous vraiment que les hommes qui négocient ces contrats aux montants à neuf chiffres minimum partent la fleur au fusil pour des négociations « entre gentlemen » sans chercher à connaître à l’avance les informations et les positions de leurs adversaires ? Allons, soyons sérieux…

Dans ce monde où tous les coups sont permis, il faut être d’une grande naïveté pour croire que les américains – mais aussi les français, les anglais, les allemands et les autres – auraient le moindre scrupule à photocopier les papiers qui traînent, à lire les courriers ou, si l’occasion se présente, à écouter les conversations. L’erreur n’est pas de croire que « entre amis on ne s’espionne pas ». L’erreur, c’est de croire que les rapports entre Etats peuvent être formulés en termes « d’amitié ». Les nations n’ont pas de sentiments, elles n’ont que des intérêts. Et l’intérêt commande qu’avant d’aller à une négociation ou d’entreprendre une action politique, on ait le plus possible d’information sur notre adversaire, quelque soit le moyen par lequel l’information a été obtenue. Les espions américains qui ont « sonorisé » les délégations européennes n’ont fait que leur boulot et n’ont commis qu’une seule faute : celle de se faire prendre. Et on peut espérer que nos services à nous font correctement le boulot et alimentent nos ministres et nos négociateurs en informations au moins aussi fines que celles collectés par nos adversaires.

Ce qui pose la question cruciale : lorsque Viviane Reding, Laurent Fabius ou Natalie Nougayrède font part de leurs réactions indignées, sont ils sincères ou jouent-ils au contraire un rôle de composition ? En d’autres termes, sont-ils des ingénus ou des cyniques ? J’aimerais croire que la deuxième explication est la bonne, tant je préfère voir aux commandes de l’Etat un cynique qu’un imbécile. Malheureusement, je pense que l’ingénuité de nos dirigeants et de nos prescripteurs d’opinion n’est pas feinte, qu’elle reflète un véritable croyance dans le fait que le monde « occidental » et l’Europe en particulier sont un véritable royaume enchanté où tout le monde respecte les règles et aide ses « amis ».

Il y a plusieurs choses qui m’amènent à cette conclusion. La première, c’est que dans cette affaire toute cette indignation médiatique n’a eu aucun effet. Dans la bouche de politiciens cyniques – encore une fois, sous ma plume ce terme n’est nullement méprisant – tous ces cris d’orfraie auraient eu un sens s’il y avait eu un objectif politique, par exemple, celui de faire capoter les négociations avec les américains. Or, ce n’est pas du tout le cas, au contraire : ceux qui ont crié le plus fort ont été ceux-là même qui, au sein de la Commission, ont poussé le plus fort pour que la négociation ait lieu et ont refusé l’idée d’un report.

Mais ce qui renforce le plus ma conviction qu’il s’agit d’une véritable naïveté et non de cynisme, c’est qu’on retrouve régulièrement le même type de raisonnement sur beaucoup de sujets. Ainsi, par exemple, on entend continûment dans la bouche des fonctionnaires européens, des politiciens nationaux et des éditorialistes des formules du genre « l’Allemagne tient, à juste titre, à ce que la France/l’Italie/l’Espagne mettent en œuvre les réformes structurelles nécessaires à la compétitivité de leurs économies ». Relisez cette phrase – qui est une citation. Rien ne vous choque ? Ne trouvez-vous pas étonnant que l’Allemagne « tienne » à ce que l’économie de ses principaux concurrent soit plus « compétitive » ? Quelle générosité, n’est ce pas, de tout faire pour que vos concurrents soient plus compétitifs et puissent donc vous ravir plus facilement vos marchés. C’est émouvant, ces politiciens allemands prêts à sacrifier la prospérité de leurs concitoyens pour aider ces pauvres français, italiens ou espagnols…

J’ai plusieurs fois évoqué sur ce blog la mort de l’idée de tragique en politique. En voici ici un nouvel exemple. Que ce soit sur l’espionnage ou sur l’économie, une partie de nos élites semble vivre au royaume des Bisounours. Et lorsque quelqu’un n’obéit pas aux règles de bienséance, ils en concluent qu’il « se comporte très, très mal », mais sans être capable de lui donner la fessée qu’il mérite. Ils ont du mal à concevoir qu’un leader politique est bien plus qu’un gestionnaire, que son rôle est une question de vie ou de mort, et non celui d’un vendeur de chaussures.

Je me souviens d’une conférence organisée par l’ENA pour fêter ses 55 ans. Jean Boissonnat, directeur à l’époque de l’Expansion et ancien membre du jury du concours d’entrée avait été invité à s’exprimer sur son expérience. Il avait expliqué que ce qui l’avait le plus marqué c’est d’avoir interrogé des candidats d’une grande qualité intellectuelle, d’une grande culture, ayant de très bonnes connaissances, très polis et gentils… mais qui – et je cite de mémoire ses mots – « n’avaient pas pris conscience qu’un haut fonctionnaire ça prend des coups, et parfois ça en donne ». Nous avons une génération de politiques et de hauts fonctionnaires qui n’a pas eu de contact intime avec la cruauté d’une guerre, d’un répression violente, d’une situation où il faut prendre des décisions de vie ou de mort (1). Comment donc leur reprocher de confondre la politique avec un jeu de société et de s’indigner lorsqu’ils découvrent que certains jouent avec des cartes marquées ?

Quelque chose est à réviser dans la formation de nos élites. Exiger la plus haute qualité intellectuelle, c’est bien. Mais il est important aussi d’endurcir leur volonté et leur esprit. Bruxelles n’est pas un club de gentlemen, c’est un champ de bataille. Il est de notre intérêt d’y envoyer de véritables soldats entraînés et bien commandés pour les combats qui ne sont pas moins cruels parce qu’ils se jouent à coups de stylo. Nous avons besoin de politiciens et de hauts fonctionnaires qui, à côté de leur culture et de leurs connaissances, ont la force de caractère pour ne pas se laisser conter, et le cynisme d’utiliser tous les moyens à leur portée – tout est licite dans l’amour et dans la guerre - pour servir leur pays.

Descartes

(1) On peut noter la différence avec les Etats-Unis, pays toujours sur le pied de guerre, et où une partie non négligeable de la classe politique a servi sous les drapeaux.

Enfin, nous y sommes!...

marc gébelin

  16/07/2013

Merci à Descartes qui nous met sur la voie de Hobbes en le subvertissant. Ce brillant penseur « montrait d’abord que l’état des hommes sans société civile (quel état peut être nommé l’état naturel) est rien sauf « une guerre de tous contre tous » [bellum omnium contra omnes] ; et que, dans cet état, tous ont le droit de toutes choses. Hobbes (1651).
Eh bien nous sommes, par notre démocratie enchanteresse, à l’opposé de cet état et nous voulons à toute force la guerre de tous contre tous comme summun de l’idéal humain. Français encore un effort pour que notre état “n’ait pas de sentiments et que des intérêts”.