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Article : L’argument du dérangement mental, ou la “thèse Thelma & Louise”

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Rumsfeld remplacé par Onichi

J-Ph Immarigeon

  19/02/2007

Je dirais plutôt, ce qui est inquiétant pour l’équilibre mental des Américains, qu’ils sont, et pas seulement leur président, dans un état d’esprit suicidaire de style “vent divin” japonais ou “crépuscule des dieux” allemand.

S’ils perdent l’Irak ils perdent tout - et sur ce point Bush a parfaitement raison. Mais nous l’avons vous et moi écrit depuis longtemps.  Autant dans ces conditions tout essayer, car reculer ou retraiter aura les mêmes conséquences qu’échouer. Donc on va tout essayer, y compris sacrifier une puissance militaire qui, si elle ne sert pas aujourd’hui, ne servira plus jamais. Si l’Amérique perd en Irak, à quoi serviront les 8.000 Abrams, les 10 task forces de la Navy, celles de Marines, etc… sauf à rouiller à Newport ou dans les dépôts des lacs salés asséchés du grand ouest américain ? Pourquoi en 1945 préserver les deux super-cuirassés classe Yamato, si les Américains sont quoiqu’il arrive gagnants et doivent en faire des briquets (ou les brûler à l’atome aux Bikinis) ? C’est un réfexe “kamikasé” dans lequel entrent les Américains, non parce qu’ils sont illuminés comme les fous de Dieu (ce qu’ils sont d’ailleurs un peu) mais parce qu’ils vont tenter le tout pour le tout.

La vieille Amérique est donc bien (excusez-moi de me faire encore de la pub pour mes articles de Défense nationale depuis avril 2002 et mon ouvrage American parano) en train de perdre leur dernière guerre contre le reste du monde, et ils vont tout faire pour me donner tort. C’est au moment où elle croyait toucher le nirvana qu’elle a trébuché, c’est-à-dire très exactement, et je me répète encore, le jour où elle est entrée dans Bagdad en avril 2003.

Quant au film de Scott “Thelma et Louise” que j’ai revu récemment, sa dernière scène très mélo et emphatique a été critiquée à tort. Voilà deux femmes auxquelles le système américaniste ne laisse d’autre choix que de se tuer, parce qu’il leur refuse toute liberté. Oh, elles n’iront pas en prison, le flic joué par H. Keitel a parfaitement compris ce qui s’était passé, non, elle seront simplement remises dans une société autoritaire, phallocrate, stupide, machiste, clanique, où il faut marcher dans les clous, et elles le refusent au nom de cette pastorale américaine dans laquelle elles se précipitent dans une lumière blanche, dans ces paysages de l’Utah et du grand canyon qui sont le symbole même de la grande promesse américaine.

Et le film nous dit que la promesse n’a définitivement pas été tenue.

Quelle régression que celle que nous conte ce film, par rapport aux femmes libres du cinéma de Cukor ou de Vidor, aux K. Hepburn ou B. Stanwick ! Quelle régression que celle de l’Amérique !