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Article : L’abysse du Sacré

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Histoire et mythe

Nicolas Prenant

  18/12/2021

Une phrase que j'entends beaucoup dernièrement et sous différentes formes, et dont j'ignore l'origine est à peu près "L'histoire est une vérité qui se révèle fausse, et le mythe est un mensonge qui se révèle vrai."

Plusieurs questions me viennent à la lecture de ce texte, auxquelles je n'ai pas les réponses. L'histoire est elle une illusion, et par conséquent peut-elle avoir une fin ? On dit que le temps est une illusion que notre nature entretient.

Notre existence s'est désenchantée à mesure que nous quittions la campagne. Que nous abandonnions le "paganus". Les villes sont ces repaires de la laideur et de la désacralisation qui correspond à l'ère urbaine que nous traversons.

Je crois que le réenchantement ne peut venir qu'avec la reconnexion d'avoir la terre, avec un petit 't' et la Terre avec un grand 'T'. Une réconciliation, une réalisation de notre impasse civilisationnelle et urbaine, une acceptation de notre nature, de notre mortalité et de notre faillibilité. Je ne sais que penser de ces histoires de religion, de sacré, de christianisme et de paganisme. Il me semble que les musulmans sont plus ancrés dans l'univers que les athées laïcards purs et durs en tout cas.

Et je crois que ce que j'appelle la Terre avec un grand 'T', c'est cette parcelle de cosmos sur laquelle nous vivons notre existence qui est à la fois misérable et fantastique… C'est l'univers auquel beaucoup de croyants quels qu'ils soient conservent une connexion, et même de nombreux non-croyants, sans parfois le savoir. Cette connexion est peut-être ténue, mais je crois qu'elle est inextinguible, qu'elle est une part indivisible de nous même, et que nous souffrons de nous la dissimuler à nous même, collectivement en tant qu'organes ou cellules d'un organisme civilisationnel profondément nihiliste et suicidaire. Un machine civilisationnelle qui, quelque part, semble vouloir nous entraîner dans sa déchéance anti-vie…

Mais il y aura toujours une étincelle, et de cette étincelle un soleil pourra toujours renaître, même s'il arrêtait un moment de se lever, grande crainte venue de la fin des temps. Qui plus est, il y a des soleils à foison, et devant cela, l'émerveillement est de mise, encore faut-il s'arrêter et prendre le temps de le considérer pleinement. Nos misères et nos souffrances ne sont rien dans l'univers, et c'est parce qu'elles peuvent être tout pour nous que nous oublions ce merveilleux, qui est pourtant extrêmement porteur pour toute personne encore dotée d'une âme…

Imbécile de service

Auguste Vannier

  19/12/2021

Disqualifié d'avance par la presentation du texte, je m'avance donc dans ce commentaire comme l'imbécile qui voit dans le recours au sacré, un luxe d'esthéte matériellement à l'abri qui cherche un supplément d'émotion ou une consolation du bougre qui, par ce moyen, trouve dans la ruguosité de son occupation à survivre, l'occasion de sur-vivre (sublimer une morne existence).
C'est pour cela en effet que tous les pouvoirs (y compris donc fascistes) inventent le sacré qu'ils peuvent. Nos pouvoirs actuels ont sacralisé l'économie, le marché et ses temples (du supermarché bourré de laideurs de paccotille au temple de la Bourse à l'incessant rituel sacrificiel des pertes abyssales et des fortunes inattendues.