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Article : Huxley & Orwell ?

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Orwell ou Huxley ?

jc

  29/05/2021

J'ai parcouru 1984 une fois mais dans le genre j'ai préféré Poulet farci, de Rupert Morgan, plus léger et déjanté, que j'ai lu et relu avec plaisir.
Je n'ai pas lu la traduction française de Brave new world (dont j'apprends qu'elle ne peut être réellement comprise que des shakespeariens) mais à la lecture du résumé par Wikipédia j'ai été arrêté par la classification des individus en castes (ce qui m'a amené à me renseigner pour savoir si AH avait écrit son livre en Inde (c'est Sanary en France) ou s'il s'était particulièrement intéressé au mode indien d'organisation sociale.

L'analogie avec l'embryologie me paraît tout-à-fait sémantiquement acceptable, et donc vraie (1,2), je le ressens maintenant, après 15 ans de ruminations thomiennes quasi quotidiennes, presque jusque dans mes tripes. Les alphas sont pour moi différents de ceux de Huxley, je les verrais bien comme l'autorité spirituelle dominant le pouvoir temporel. Thom est, évidemment pour mon compte, l'archétype de l'alpha dans une société de ce type telle que je la conçois.

( Aldous était-il ultra-darwinien comme l'était son grand-père Thomas ? (https://www.dedefensa.org/article/dialogues-3-le-grain-de-sable-divin)? )

(1) Thom : "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés.".

(2) Thom : "C'est Konrad Lorentz qui dans son discours Nobel a énoncé la formule : « Toute analogie est vraie ». Je crois la formule aventurée : il faut la munir d'un addendum : Toute analogie, dans la mesure où elle est sémantiquement acceptable, est vraie. Ainsi, dans ce domaine de l’analogie, le sentiment d'acceptabilité sémantique entraîne sa propre vérité. C'est là un puissant moyen d'investigation métaphysique (la métaphysique étant entendue ici en son sens technique : science des êtres en tant qu'êtres…)
 

LE MEILLEUR DES MONDES NIETZCHEENS

patrice sanchez

  03/06/2021

« Providence personnelle, Friedrich Nietzsche. « Le Gai Savoir » — Il existe un certain point supérieur de la vie : lorsque nous l’avons atteint, malgré notre liberté et quoi que nous déniions au beau chaos de l’existence toute raison prévoyante et toute bonté, nous sommes encore une fois en grand danger de servitude intellectuelle et nous avons à faire nos preuves les plus difficiles. Car c’est maintenant seulement que notre esprit est violemment envahi par l’idée d’une providence personnelle, une idée qui a pour elle le meilleur avocat, l’apparence évidente, maintenant que nous pouvons constater que toutes, toutes choses qui nous frappent, tournent toujours à notre bien. La vie de chaque jour et de chaque heure semble vouloir démontrer cela toujours à nouveau ; que ce soit n’importe quoi, le beau comme le mauvais temps, la perte d’un ami, une maladie, une calomnie, la non-arrivée d’une lettre, un pied foulé, un regard jeté dans un magasin, un argument qu’on vous oppose, le fait d’ouvrir un livre, un rêve, une fraude : tout cela nous apparaît, immédiatement, ou peu de temps après, comme quelque chose qui « ne pouvait pas manquer », — quelque chose qui est plein de sens et d’une profonde utilité, précisément pour nous ! Y a-t-il une plus dangereuse séduction que de retirer sa foi aux dieux d’Épicure, ces insouciants inconnus, pour croire à une divinité quelconque, soucieuse et mesquine, qui connaît personnellement chaque petit cheveu sur notre tête et que les services les plus détestables ne dégoûtent point ? Eh bien ! — je veux dire malgré tout cela, — laissons en repos les dieux et aussi les génies serviables, pour nous contenter d’admettre que maintenant notre habileté, pratique et théorique, à interpréter et à arranger les événements atteint son apogée. Ne pensons pas non plus trop de bien de cette dextérité de notre sagesse, si nous sommes parfois surpris de la merveilleuse harmonie que produit le jeu sur notre instrument : une harmonie trop belle pour que nous osions nous l’attribuer à nous-mêmes. En effet, de-ci de-là, il y a quelqu’un qui se joue de nous — le cher hasard : à l’occasion, il nous conduit la main et la providence la plus sage ne saurait imaginer de musique plus belle que celle qui réussit alors sous notre folle main. »
Cette providence qui s'offre à nous à l'occasion de cette fin du règne de la matière et du retour du principe des âmes soeurs éternelles, principe connu de nos grands anciens, notamment des présocratiques tel Empédocle.

” … Nous aurons découvert pour le drame dionysiaque du “ destin de l’âme ” une nouvelle intrigue et une nouvelle possibilité et l’on peut parier que le grand, le vieux, l’éternel auteur comique de notre existence saura en tirer profit!... “ “ ... à partir du monde qui nous est familier pourrait être démontré un tout autre dieu… qui n’a rien d’humanitaire ” (Préface de juillet 1887 à la Généalogie) 
Qui n'a rien d'humanitaire mais qui est surhumainement messianique comme Nietzsche nous l'a lumineusement prouvé !
Cordialement,
Patrice Sanchez