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Article : Attali et sa surclasse contre les Français

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1ère partie : Attali vs Meadows vs Asimov vs Cyber-Gédéon

Alex Kara

  14/02/2019

Merci beaucoup pour cette analyse, qui contribue à un corpus d'éloges funèbres d'un système qui se croit triomphant alors qu'il est au bord de la faillite.

Tout d'abord, ce chiffre étrange “Dans la formidable phase de croissance qui commence, et qui durera trente ans”. Tout le texte est vague au possible (on y reviendra) mais là, un chiffre précis, qui nous amène en 2030. 2030 c'est justement l'année fatidique dans le modèle (je souligne : la modélisation) de Dennis Meadows, l'année où la population mondiale va se “contracter” (= on va tous mourir)

https://www.rtbf.be/info/economie/detail_2030-l-annee-de-la-catastrophe-selon-le-club-de-rome?id=8195676

Pour le moment la modélisation de Meadows depuis 1970 est restée peu ou prou correcte. Pour les lecteurs de “Fondation” d'Isaac Asimov (année de publication : 1942) c'est bien de la “psychohistoire”, une discipline mathématique permettant d'anticiper l'avenir de l'humanité.

Connaissant l'impact du tabulateur dans la psyché états-unienne de l'époque, appareil qui a permis l'explosion de la science statistique et, partant, du marketing de Bernays jusqu'à Trump (il a aussi permis le système concentrationnaire nazi, mais vu qu'il fut mis en place pour les besoins d'Ellis Island, il y a comme une parenté), Asimov parlait bien de notre futur, où tout est anticipable car on si on peut prédir le comportement d'une population, on peut aussi programmer celle-ci.

Cela nous amène au problème de la prophétie auto-réalisatrice, des mentalités téléologiques pour qui Armageddon étant une évidence, il est anticipé et programmé dans la machine. Attali, avec ce chiffre étrangement précis, est tout à fait dans ce cadre-là. Il reste à savoir si lui-même a été victime d'un bonimenteur apocalyptique ou s'il s'est lui-même convaincu de la chose.

Le problème des textes comme ceux de Reich et de ses lecteurs comme Attali est bien qu'ils sont vagues. Parler de l'élite comme des “manipulateurs de symboles” juste parce ce qu'ils font a l'air compliqué, c'est très provincial.

Soit on est dans fascination du néophyte (d'autant plus si le bonhomme est âgé) soit on est dans le fantasme de la société secrète, qui connaît les arcanes du pouvoir et sait sur quels boutons appuyer pour qu'une personne obéisse (c'est aussi le fantasme de l'étudiant de première année en psychologie…). Or, cela peut fonctionner, mais seulement sur ceux qu'on aura élevé depuis le berceau à y obéir (et parfois il y a des bugs). On est alors dans le pastoralisme, élever des moutons c'est aussi faire d'eux des créatures dociles, et les moutons déjà formés sont alors d'un grand secours. Voilà, ça se pense “manipulateur de symboles” et c'est juste un berger.

Ou alors, il s'agit de manipuler des esclaves technologiques, c'est-à-dire des robots et des IA, et là ils se mettent le doigt dans l'oeil jusqu'au talon. Pour faire court, je peux faire un lien vers cette image, où un professionnel de l'informatique explique qu'il préfère avoir des serrures et des volets mécaniques plutôt que l'équivalent connecté...

https://framapiaf.org/system/media_attachments/files/002/241/948/original/7e4907f85ad88127.jpg?1548415266

L'utilisateur de Facebook, Google etc. c'est pour le coup l'esclave total, le Cyber-Gédéon, que le tabulateur-IA anticipe plusieurs siècles à l'avance (ce n'est pas une hyperbole, on peut apparemment anticiper sur les générations qui ne sont pas encore apparues), c'est pour le coup véritablement la psychohistoire d'Asimov.

Pour le coup il resterait bien sûr des morceaux d'humanité qui traînent ici et là, le “Malpais” que Huxley avait anticipé en 1932 dans le “Meilleur des mondes”, mais sans pouvoir de nuisance, ce seraient des sauvages.

2nde partie : Attali vs Huxley vs Drucker vs Mustapha

Alex Kara

  14/02/2019

Il faut maintenant faire un détour au début des années 1930. Ce texte un tantinet masturbatoire d'Attali sur l'avenir glorieux de la superclasse a déjà été pensé par Huxley en 1932, et tout y est, jusqu'à l'administrateur mondial, Mustapha Mond (Menier dans la version française).

On se veut visionnaire sur le cyber-futur et finalement on en revient à des conceptualisations datant des débuts du cinéma parlant.

En 1932, Peter Drucker a 23 ans (il est de la génération du père d'Attali), il vient d'obtenir son doctorat. C'est lui qui a défini en 1957 le concept de “travailleur de la connaissance”, ce qui en fait le père intellectuel de Robert Reich, de Jeremy Rifkin (la “Troisième Révolution Industrielle”) et de tout ce dont il est question ici.

C'est grossier d'attaquer quelqu'un sur son âge, mais il ne s'agit bien sûr pas de cela, il s'agit plutôt de constater que pour des gens comme Attali, notre présent a toujours été un futur, un peu kitsch, et aujourd'hui plus que jamais.

Le présent c'est compliqué et c'est sale. C'est le F-35 qui est surchargé de plus de tiques parasites (les fournisseurs, programmeurs, sénateurs “pork barrel”) qu'il ne peut soulever. C'est Tchernobyl et Fukushima et tant d'autres trucs “qui n'étaient pas prévu au départ”. C'est Cyber-Gédéon sur sa tablette qui à force de jouer à des jeux abrutissants ne sais même plus faire de tête des opérations basiques. C'est Turbo-Bécassine pour qui le nombre de like sur Youporn est l'accomplissement social ultime. C'est donc un monde dont personne ne veut.

Il reste l'ultime espoir, Mustapha (pour reprendre Huxley) l'ingénieur du Tiers-Monde qui lui sait encore calculer de tête, et qui va sauver le F-35 et Fukushima et Attali. Oui mais voilà, même dans le bidonville le plus sordide il y a désormais des smartphones.

On aura donc Cyber-Mustapha, lui aussi coutumier de Youporn et pas si bon en maths que ça, juste assez pour être embauché par Lockheed Martin pour faire baisser le prix de l'ingénieur étatsunien.
Icelui voit du coup qu'à ce tarif-là il peut tout aussi bien dépanner des ordis dans l'économie grise.

Du coup il n'a pas besoin de payer un million de dollars une maison à San Francisco (celle que l'on voit dans le film pour enfants Vice-Versa : le rêve américain des années 2010). Il n'a pas non plus besoin de sa femme-modèle-sexy-Youporn (la parade nuptiale est féroce autour de l'ingénieur), qui de toutes façons n'allait pas lui faire des enfants surdoués mais des futurs traumatisés du divorce parental vivant dans la terreur de la bien-pensance sociétale des USA.

On parle de monde à la Star Trek (série qui s'est elle-même alignée sur la Propagandastaffel des SJW) alors que l'ingénieur du Premier Monde, qui rendrait cela possible, a été sacrifié pour acheter une paix sociale bizarre, juste pour quelques années de plus.

C'est le drame de l'Empire Romain, une nouvelle crise du IIIème siècle, catastrophe démographique (comment dit-on “hikikomori” en latin ?) , agricole (les paysans écrasés d'impôts quittent la terre pour aller vivre de l'Etat-Providence-Panem-Circenses en ville), monétaire (dévaluation du Bit-Denarius), civique et j'en passe.

Il est probable qu'Attali s'adresse avec son texte à ses égaux, tous maîtres de la connaissance et des symboles (on dirait une titulature romaine, tiens, Domini Scientia Insignia par exemple), et du coup on est en droit de se demander s'ils sont tous eux aussi à ce point à côté de la plaque, où s'il s'agit là d'un appel incantatoire à quelque divinité providentielle (la fameuse intelligence artificielle ? La transhumaine Lucy de Luc Besson, la Sainte Clé-USB Salvatrice ?).

Post-scriptum : 90 ans après, réactualisation de la femme-androïde satanique

Alex Kara

  14/02/2019

Quitte à faire des flash-backs vers la science-fiction de l'entre-deux-guerres, je viens de me rendre compte que la transhumaine "Lucy" de 2014:
https://www.indiewire.com/wp-content/uploads/2014/08/lucy-tendrils.jpg

Est en fait la réactualisation de l'androïde du film "Métropolis" de 1927 :
https://i.ytimg.com/vi/IcReykfvqi4/hqdefault.jpg

Pentagramme satanique / étoile à cinq branches y compris !

Formalisarion mathématique d' Attali.

Christian Feugnet

  14/02/2019

Par laquelle il se révelera qu'il devrait avoir un gros souci suite au triomphe du capital . .
Son intéret réside en ce qu'il ne se perd pas , ni nous perd en narrative analytique qui conduit à une intégrale( jugement sur le tout cumulé) , incompléte et inexacte . Non il va direct à l'intégrale compléte dont la formule est extrémement simple : Y = e puissance pt de x .  Interprétation physique sociale : Y le total en monnaie x le temp du travail , en rapport de 1 avec le Temps abcolu , celui de la montre et calendrier ; le parametre ( p) du temps de travail ( t ) constant comme le t lui méme par rapport à T ., celui du rapport monnaie/temps ( taux de salaires.) . 
Or Arrali constate, comme nous,  que p ( concurrence internationale des travailleurs n'est pas constant mais décroit ) d'une part ; et le rapport de t à T , lui aussi because technologie . Il ne précise pas la part de l'un et de l'autre , mais par contre à propos de l'autre qu'il s'agit de techno informationnelle . Si on veut bien y réflechir suite à mes développements ultérieurs , il aboutit à la méme conclusion que moi , lui en positif , moi en négatif ( en souci qu'il n'a pas ) .
Developpement . Puisque p et t doivent étre constants pour appliquer la formule . Il faut poser p comme fractionnaire et le temps comme négatif ou l'inverse .
Au lieu d'avoir une exponnentielle ascendante en intégrale on la descendante ( à exposant négatif)  et munie d'un exposant fractionnaire , une racine et non une puissance , un logarythme ( reciproque de l'exponentielle ) ou une exponentielle parcourue dans le sens inverse du Temps .
Dans le cas logarythmique le capital reste positif mais décroit vers zéro ,( sa délectation)  dans le cas exponentielle passé le zero salaire ( en pouvoir d'achat)  il va au gouffre de l'infini négatif mon cas privilégié , le souci actuel des GJs . 

Précision sur le sens en physique sociale .

Christian Feugnet

  14/02/2019

Une exponentielle parcourue en sens inverse , çà existe . C'est de la régression sociale ( économique , politique , culturelle) , c'est du concret pas de l'abstrait .

Grave erreur d'ecriture de ma part sir la délectation d'Attali .

Christian Feugnet

  14/02/2019

Comme le logarythme est reciproque de l'exponentielle , Y devient X si je puis dire ,  qualitativement c'est le travail qui reste positif mais tend vers zéro ,  le capital lui croit vers l'infiniment grand . Tout va bien pour lui ..

Ne l'accablons pas Attali , pourquoi il est content ?

Christian Feugnet

  14/02/2019

Parce que zéro travail pour lui , de gauche , scandalisé par la pauvreté dans le socialisme tu vivras ta viie , sans soucii en te réjouissant de vers gluants , c'est Hakuna Matata :https://www.youtube.com/watch?v=v34w65U98gI

La réponse de Thom à Attali

jc

  14/02/2019

Thom a jadis écrit un article sur l'innovation qui figure dans mon édition papier de l'EU -qui date de la fin des années 1980- papier qui se termine par la phrase suivante:

"Sinon, si nous continuons à priser par-dessus tout l'efficacité technologique, les inévitables corrections à l'équilibre entre l'homme et la Terre ne pourront être -au sens strict et usuel du terme- que catastrophiques."

(Ci-après l'intégralité de la dernière partie de l'article)

Décourager l'innovation

Les sociologues et les politologues modernes ont beaucoup insisté sur l'importance de l'innovation dans nos sociétés. On y voit l'indispensable moteur du progrès et -actuellement [années 1980]- le remède quasi-magique à la crise économique présente; les "élites novatrices" seraient le coeur même des nations, leur plus sûr garant d'efficacité dans le monde compétitif où nous vivons. Nous nous permettrons de soulever ici une question. Il est maintenant pratiquement admis que la croissance (de la population et de la production) ne peut être continuée car les ressources du globe terrestre approchent de la saturation. Une humanité consciente d'elle-même s'efforcerait d'atteindre au plus vite le régime stationnaire (croissance zéro) où la population maintenue constante en nombre trouverait, dans la production des biens issus des énergies renouvelables, exactement de quoi satisfaire ses besoins: l'humanité reviendrait ainsi, à l'échelle globale, au principe de maintes sociétés primitives qui ont pu -grâce, par exemple à un système matrimonial contraignant- vivre en équilibre avec les ressources écologiques de leur territoire (les sociétés froides de Lévi-Strauss). Or toute innovation, dans la mesure où elle a un impact social, est par essence déstabilisatrice; en pareil cas, progrès équivaut à déséquilibre. Dans une société en croissance, un tel déséquilibre peut facilement être compensé par une innovation meilleure qui supplante l'ancienne. On voit donc que notre société, si elle avait la lucidité qu'exige sa propre situation, devrait décourager l'innovation. Au lieu d'offrir aux innovateurs une "rente" que justifierait le progrès apporté par la découverte, notre économie devrait tendre à décourager l'innovation ou, en tout cas, ne la tolérer que si elle peut à long terme être sans impact sur la société (disons, par exemple, comme une création artistique qui n'apporterait qu'une satisfaction esthétique éphémère -à l'inverse des innovations technologiques, qui, elles, accroissent durablement l'emprise de l'homme sur l'environnement). Peut-être une nouvelle forme de sensibilité apparaîtra-t-elle qui favorisera cette nouvelle direction. Sinon, si nous continuons à priser par-dessus tout l'efficacité technologique, les inévitables corrections à l'équilibre entre l'homme et la Terre ne pourront être -au sens strict et usuel du terme- que catastrophiques.