Utopie-1 : La cité utopique de Paolo Soleri

Les Carnets de Patrice-Hans Perrier

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Utopie-1 : La cité utopique de Paolo Soleri

Nous rééditons cette analyse prospective afin d’en faire le coup d’envoi de notre série dédiée aux UTOPIES sous toutes les latitudes et à toutes les époques. En espérant que les Internautes prendront le temps de venir se ressourcer au contact de nos écrits qui se veulent de vibrants témoignages de ce monde des UTOPIES qui n’en finiront jamais de réécrire l’histoire de l’humanité. En effet, le MONDE ne saurait exister sans avoir été, au préalable, imaginé par la puissance d’évocation arnachée par les magiciens de la pensée prospective. Les inventeurs des UTOPIES sont des démiurges que rien n’arrête, puisqu’à partir du VERBE sont nés tous les univers concevables et inconcevables.

Esquisse d’une ville organique en plein désert de l’Arizona

Mesa City, cité sortie de l’imaginaire de Paolo Soleri, était conçue au départ pour accueillir 2 000 000 d’habitants. Cette « ville organique » a été imaginée par Soleri et ses étudiants à partir de dessins et de maquettes agrandis qui nous font penser à des coupes de gigantesques fourmilières. De fil en aiguille l’esquisse est devenue un petit hameau perdu sur un terrain de 10 hectares, environné par une nature souveraine. Fondée en 1970, dans l’état de l’Arizona, au nord de la ville de Phoenix, Arcosanti représente un peu le prototype d’une ville organique en accord avec les principes de l’Arcologie.

« L’architecture doit parvenir à exprimer cette dimension extrêmement importante de l’humanité : la communauté entendue non pas comme séparation de cellules individuelles mais comme combinaison de ces cellules individuelles dans un système plus global qui représente la « surindividualité » de la civilisation. » – Extrait d’un entretien donné par Paolo Soleri en 2006 au site Floornature.

 Architecture et écologie à l’unisson

Née de la contraction des termes architecture et écologie, l’Arcologie est un principe qui guide l’implantation d’unités d’habitation et de production destinées à minimiser l’impact de l’activité humaine sur la nature. L’idée étant de favoriser un développement urbain qui puisse être organique et non plus arbitraire, le principal intéressé mettant de l’avant des notions telles que l’autogestion, le bon voisinage ou l’organisation de communautés solidaires et autonomes.

Mais il y a plus, puisque le concept d’Arcologie s’inspire des recherches menées par des géants tels que Frank Lloyd Wright ou Le Corbusier sur la combinaison harmonieuse des unités de mesures avec les propriétés naturelles de certains matériaux à l’instar de la céramique ou du béton. Très tôt, Soleri s’est mis à expérimenter les matériaux de construction, tels que la céramique.

Des lieux de travail épanouissants

Au tout début de sa carrière, il construit une usine révolutionnaire à Vietri sul Mare, en Italie. La  « Ceramica Artistica Solimene »  se rapproche d’un musée et permet aux différentes unités de production – autant les dessinateurs que les artisans – de travailler de façon concertante. S’inspirant de certains ateliers de la renaissance, l’architecte voulait faire de cette manufacture de composantes en céramique un lieu de conception et de production inspirant : tout sauf une usine organisée de manière systématique. L’architecte visionnaire avait même utilisé des amphores découvertes sur le site pour s’en servir pour l’isolation thermique de l’usine. 

Une nouvelle conception de l’habitat

Déjà, lors de la conception de l’usine de Vietri sul Mare, on retrouve les bases de son futur travail sur des espaces de vie autosuffisants qui réuniraient plusieurs fonctions nécessaires à l’organisation sociale. Ainsi, les lieux de résidence, de production et de loisir pourraient être – idéalement – imbriqués les uns avec les autres, au sein de complexes de vie « évolutifs ».

Penseur et praticien visionnaire de l’architecture, Paolo Soleri affirme s’inspirer de « la civilisation italienne qui, malgré tous ses défauts, est parvenue à donner naissance à une histoire presque merveilleuse, une partie de cela résultant de la structure sociale et sentimentale des italiens », pour reprendre ses propos captés lors d’un entretien donné en 2006.

Un peu à la manière des expérimentations sur le béton d’un Pier Luigi Nervi, Soleri travaille sur les capacités structurales des matériaux tirés de la terre, mais aussi sur les étonnantes variations de formes et de motifs rendus possibles grâce aux techniques de coffrage ou de moulage. On retrouve tout au long de son œuvre ce constant souci d’incorporer des techniques traditionnelles avec certaines technologies de pointe à l’œuvre dans l’industrie du bâtiment.

Structuraliste dans sa démarche, l’architecte visionnaire estime que l’humanité devra dépasser l’égoïsme qui caractérise nos sociétés actuelles si elle veut être en mesure de survivre. Il affirme que « la terre peut très bien se passer de nous », mais que nous ne pourrons pas survivre si nous continuons à développer les villes suburbaines de la postmodernité.

Son approche architecturale s’inspire fortement de la sociologie et même de l’anthropologie. Il estime que l’autosuffisance est un mythe et que, au contraire, nous avons besoin les uns des autres pour survivre dans un contexte où nos cités devraient s’adapter à l’environnement naturel. Il importe – toujours selon ses préceptes – de reconnaître notre totale dépendance à la nature, ce qui impliquerait de concevoir le développement technologique comme une avenue mitoyenne entre les activités de l’espèce humaine et l’environnement naturel.

Changement de paradigme

À termes, Soleri estime que la culture serait le produit de l’action de notre intelligence sur l’environnement naturel. Il y a donc, ici, une conception sous forme de boucle de rétroaction qui permettrait de ne plus opposer la culture à la nature. Il pousse cette idée très loin lorsqu’il affirme que « l’humanité est entrée dans la phase technocratique ou technologique, une phase qui implique que la démarche que nous cherchons maintenant à accomplir n’est pas naturelle… c’est une démarche qui dépasse la nature, une chose très risquée, mais qui peut ouvrir l’univers à l’intelligence humaine ».

Cette approche nous rappelle celle des architectes de la Renaissance italienne, alors qu’ils tentaient de réconcilier les mesures du corps humain avec l’organisation et l’implantation des villes du futur. Toutefois, la démarche de Paolo Soleri n’est pas ethnocentrique. Et encore moins « naturaliste ». Il précise qu’on ne peut pas arrêter le progrès, le devenir de la connaissance humaine et de ses champs d’application. Mais, il y a, certes, des habitudes de consommation ou des manières de faire qui devraient être corrigées d’après lui.

La cité idéale

La démarche architecturale et urbanistique de Soleri s’inscrit dans l’antique tradition de la cité utopique. Tradition qui aurait fécondé deux ramifications : les utopies qui prennent appui sur l’ordre et celles qui préconisent plutôt la liberté. De fait, la pensée utopiste idéaliserait une cité idéale qui réconcilierait les humains avec la nature et avec leur prochain. Si l’utopie peut sembler une dangereuse chimère – amorce de nombreux régimes concentrationnaires – il n’en demeure pas moins qu’elle est essentielle au progrès de l’humanité, puisqu’elle agit comme un puissant stimulant moral et intellectuel.

C’est sans doute la cité utopique de Platon qui pose problème pour nombre de penseurs de la postmodernité. En effet, ce philosophe de l’antiquité souhaitait que les individus soient remplacés par des citoyens obéissant à l’ordre cosmique d’une cité « radieuse ». Et, pour atteindre à cette forme d’organisation, Platon préconisait de remplacer l’organique par l’organisation, comme moteur de civilisation. Comble de systématisme, Platon déclarait qu’il faudrait se résoudre à anéantir la famille, perçue comme une unité de vie incompatible avec les devoirs de la citoyenneté.

Cette vision d’une cité fonctionnant à la manière d’une gigantesque fourmilière aura certainement inspiré Charles Fourier pour la conception de sa Théorie de l’unité universelle. Ce penseur du début du XIXe siècle prônait un remodelage complet de la société à partir des principes de l’association et de la coopération. La cellule de base de cette société idéalisée aurait été le phalanstère, sorte de communauté où le partage quasi intégral aboutirait à des « associations de ménages ». Donc, exit le noyau familiale et ce précurseur de l’urbanisme moderne préconisait la conception d’unités de logement qui seraient en conformité avec le système social qu’il ambitionnait de mettre en place.

Toutefois, l’urbanisme de Fourier prévoyait harmoniser les activités de l’industrie à celle des champs, une vision qui anticipait l’approche des cités-jardins qui annoncera le développement de nos fameuses banlieues au début du XXe siècle. C’est peut-être ici, sur la question de la mixité et de la proximité des activités humaines, que ce penseur du « socialisme utopique » rejoint l’approche de Paolo Soleri.

 L’utopie comme force motrice

« Alors que l’idéologie ne fait que véhiculer les idées politiques inspirées, ou soutenues, par un pouvoir, l’utopie, subversive par nature, s’oppose au pouvoir et conteste la réalité qu’il impose. » extrait d’un article de Fernando Ainsa publié dans un numéro spécial de la revue Le Courrier UNESCO, édition de février 1991.

La pensée utopiste prit un essor phénoménal à la fin du XVIIIe siècle, à l’époque où la révolution industrielle faisait de la production un impératif incontournable, presqu’un commandement divin. Si la locomotive permet d’acheminer les fruits de la production, l’horloge en régule les paramètres au point de coupler le temps-machine avec la journée de la main-d’œuvre. Maximiser le rendement et minimiser les pertes : voilà l’axiome du capitalisme naissant. Ce nouveau paradigme impose une nouvelle organisation des agglomérations qui va jusqu’à s’inspirer des camps militaires.

Déjà, à la fin du XVe siècle – en plein Quattrocento italien – la cité chrétienne cède la place à l’ordre marchand. La ruralité est battue en brèche par les cités-états qui s’établissent sur les côtes, faisant du commerce et de la navigation les axiomes d’une économie qui table sur les flux. La main d’œuvre devient de plus en plus mobile, les ateliers sont tributaires de la marine pour développer leurs marchés. L’économie du Moyen Age, issue de l’organisation monastique est basée sur l’exploitation de la terre et sur la transformation – à distance raisonnable – des matières premières. Les échanges commerciaux sont limitées, plus ou moins locaux et régulés par la puissance féodale. Hormis les templiers, il n’existe pas encore de grandes guildes capables de court-circuiter les ordres en place.

Michel Ragon, dans son Histoire de l’architecture et de l’urbanisme modernes nous rappelle que « la civilisation industrielle, c’est-à-dire une forme de société où la production et la richesse deviennent une manière d’exercer le pouvoir, où une nouvelle classe, la bourgeoisie, née du commerce, tend à se substituer à l’aristocratie guerrière (d’armes) et intellectuelle (de robe), a donc lentement mûri pendant cinq cents ans. »

Le monastère : l’utopie matérialisée

Le paradoxe dans toute cette histoire c’est que les monastères ont inventé l’horloge et la chronométrie des activités humaines… mécanismes indispensables au capitalisme naissant de la Renaissance. Et, pourtant, les grands théologiens – à l’instar d’un Saint-Thomas d’Aquin ont rêvé d’une « Cité de Dieu » où les impératifs de la survie auraient été réconciliés avec la nature « perfectible » des simples mortels. Mais, la règle de Saint-Benoît veillait au grain.

Les monastères ont, en effet, pratiqué une forme d’autarcie dans un contexte où toutes les activités courantes se greffaient à l’horaire stricte de la prière et du chant grégorien. Véritables petites cités, les monastères comptaient sur – outre l’église conventuelle – une infirmerie, une cuisine et un réfectoire, des dispensaires, des ateliers de confection, une forge et des ateliers de ferronneries, des cellules monastiques et des dortoirs, sans oublier les étables et autres appentis pour le soin des animaux domestiques. À cela s’ajoutait, encore, des jardins comprenant fleurs, arbrisseaux, plantes médicinales, potagers et même des ateliers pour les expérimentations sur la flore et la faune.

Nous devons aux monastères – outre le chant grégorien et la transmission d’un savoir théologique considérable – d’indispensables percées dans le domaine de l’agriculture, de la botanique, de l’herboristerie, de l’enluminure et d’une pléiade de pratiques artisanales. Tout cela sans oublier la science de l’organisation et de la gestion d’une entreprise collective.

Bien sûr que les monastères ne purent prendre leur vitesse de croisière que grâce à l’apport d’une main-d’œuvre abondante et à bon marché. Et, c’est ici que l’utopie prenant appui sur l’ordre (les ordres monastiques) se confronte à celle qui prône la liberté (les monastères comme lieux d’expérimentation en vue de découvrir des panacées à la misère humain). Toute l’utopie moderne se retrouve sous forme de concentré dans la généalogie des monastères européens, puis sur les terres du Nouveau-Monde.

Si les templiers furent les premiers banquiers de l’occident, les monastères représentent une ébauche des manufactures et des entreprises de la Révolution industrielle. L’utopie de l’ordre finissant toujours par prendre le pas sur celle de la liberté. Toutefois, Michel Ragon nous prévient qu’ « au Moyen Age, l’Église se chargeait de secourir les pauvres, les malades, les sans-abri. Jusqu’au XVIIIe siècle, les marchands, qui conservaient encore un complexe de culpabilité chrétien, continuèrent à dépenser pour les nécessiteux. Mais au XIXe siècle, l’âpre lutte menée par les chefs d’industrie, les batailles de la concurrence, firent que les capitalistes oublièrent vite ce « devoir » pour ne plus penser qu’au profit. »

Vers une utopie « ouverte »

L’utopie de l’ordre a fini par triompher au sortir de la Révolution industrielle et le XXe siècle verra l’avènement d’un totalitarisme qu’aucun tyran n’avait jamais eu l’audace d’imaginer. Federico Mayor – dans la revue Le Courrier de l’UNESCO, édition de février 1991 – met sur la table une très belle définition concernant l’utopie de la liberté. Il parle d’une « utopie ouverte tout autre que celles qui, pour avoir enfermé la cité dans une logique niant l’expression de l’individu, ont tendu à l’écrasement de celui-ci. »

Architecte visionnaire, mais aussi réaliste, Paolo Soleri met le travail au centre de l’organisation spatiale et sociale de sa cité idéale. Arcosanti compte sur des ateliers de céramique et de métallurgie qui permettent à la communauté en place de confectionner des produits d’artisanat générant un précieux fond de roulement. Et, fait capital, cette cité devrait être capable de se développer par elle-même, au niveau conceptuel et sur le plan de la technologie. On parle donc d’un « work-in-progess » qui serait en mesure de s’adapter aux contraintes de l’environnement, de générer ses propres solutions et de se développer de façon harmonieuse.

N’oublions pas que l’industriel britannique Robert Owen tentât, vers 1824, de fonder une ville utopique surnommée « New Harmony » en terres d’Amérique. Il n’y a pas à dire, l’harmonie est chevillée au rêve d’une cité utopique où les humains cohabiteraient de façon pacifique et respecteraient la nature. Et, Soleri s’inspire des traditions italiennes pour mettre le cap à Arcosanti sur des pratiques qui tablent sur la récupération des matériaux, l’adaptation aux conditions climatiques et géologiques en place et la mise en commun des compétences de chacun des membres impliqués dans cette grande aventure collective.

Le développement durable : au-delà de la pétition de principe

Arcosanti existe depuis une quarantaine d’années et moins de 200 bénévoles y résident. C’est donc dire qu’il y a loin de la coupe aux lèvres face aux idéaux de son fondateur. Il demeure que, malgré tout, cette ébauche a permis de tester plusieurs hypothèses de départ in situ. Ainsi, une sorte de « coquille » a été mise en place – pour reprendre les mots de Soleri – laissant le soin aux participants d’y implanter le type de programmes qu’ils souhaitaient. Exit, donc, l’utopie autoritaire, du genre communauté d’adeptes entourant un guru.

Ancien disciple de Frank Lloyd Wright, Paolo Soleri s’inspire des recherches de l’inventeur des « prairie houses » pour proposer des structures et des formes qui ne sont pas des finalités en soi. Mais, plutôt des matrices qui permettront de développer des ateliers, des unités de logements, des atriums ou des espaces de concert, des niches ombragées ou des espaces communs qui pourront se greffer à cet embryon de ville en progrès. Néanmoins, ce pionnier estime que la ville ne doit pas prendre une expansion infinie, mais donner naissance à de nouvelles cellules citadines.

Arcosanti – malgré certains échecs apparents – est une illustration concrète de cette idée d’un réseau de petites villes, de taille humaine, qui se développeraient en harmonie avec leur site d’ancrage. Le tissu urbain reproduisant, en quelques sortes, les sinuosités du terrain et vice et versa. L’idéal d’un développement urbain harmonieux – toujours selon cette matrice – prend donc sa place entre les théories des villes linéaires, à la Corbusier, et celles de la banlieue sans fin, comme dans Broadacre city de Frank Lloyd Wright. L’utopie de Frank Lloyd Wright s’opposant de façon irréductible à notre TOD (transit oriented development), un modèle de développement qui prend appui sur des dessertes de transport en commun pour modeler des agglomérations concentrées le long de la voie ferrée ou des caténaires.

Paolo Soleri imagine un réseau de petites villes « organiques », qui épouseraient les sinuosités de la topographie et se développeraient au gré des besoins des communautés les habitants. Toutefois, il n’y a pas vraiment de réflexion dans cette démarche sur l’interconnexion entre ces petites unités urbaines et la nécessité d’implanter des centres plus importants de production en périphérie, avec des dessertes de transport en commun qui permettraient de faire communiquer les citoyens d’une ville à une autre, par exemple. 

Macrocosme et microcosme

Paolo Soleri n’a pas réponse à tout et on peut facilement mesurer les limites de sa cité idéale. Toutefois, il est conscient du paradigme de la société dite de l’information, soulignant qu’« avec la révolution technologique, la vie « au silicium » a acquis une signification encore plus grande et le danger est celui de l’abstraction, de la virtualité de la communication « au silicium » de l’ordinateur. Parce que nous ne sommes pas uniquement un cerveau : nous sommes des cerveaux reliés à un corps et nous devons nous souvenir de cela ».

Si nous partageons l’essentiel des assertions de Soleri, nous décelons plusieurs contraintes de taille dans son projet urbanistique. En effet, comment faire pour relier une myriade de petites villes sans l’apport des réseaux de fibre optique, de la communication satellitaire et de la performance de ce foutu silicium qu’il faudra bien remplacer un jour ? Dans le même état d’esprit, on se demande comment les transports seront assurés, alors que les grands autoroutes tomberont en ruine et que l’état (ce qu’il en restera) sera forcé de fermer une part substantielle des réseaux autoroutiers…

Certains argueront qu’il sera possible de se mouvoir à pied ou à vélo, et que des réseaux de transport en commun de grande envergure pourraient permettre de relier entre eux certains chefs-lieux de ces nouvelles agglomérations. Mais, dans un contexte où les citadins s’établiraient à la campagne, à proximité de petites unités de travail et de services à la collectivité, une question incontournable nous taraude. Où donc seront produits les composantes en béton, en acier ou en verre et toute la gamme d’accessoires qui permettent d’articuler un bâtiment dans son processus de construction, mais tout autant au chapitre de son entretien et de sa durée de vie.

À l’instar de bien des utopistes, il semblerait que Paolo Soleri s’est peut-être construit un système de pensée un tantinet artificiel… malgré son amour de la chose organique ! Sur le plan architectural et urbanistique, sa conception de la « cité organique » tient la route. Mais, ce prolifique rêveur semble faire fi des contraintes technologiques issues du système économique qui gouverne nos vies. On peut difficilement imaginer comment sera amorcée cette transition technologique et économique qui rendrait possible un tel projet. À moins de revenir à l’idéal de la semi-spécialisation des petites cités, modèle de développement à mi-chemin entre l’autarcie et la cité-état de la Renaissance.

 

LIEN: http://www.arcosanti.org/

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